« L’empreinte carbone » mesure les gaz à effet de serre liés aux modes de vie. Transports, alimentation, habitat : le quotidien a un impact sur le climat, bien au-delà des frontières françaises. Un podcast pour mieux comprendre ce qui se cache derrière un chiffre...
En moyenne, 9,4 tonnes de CO2 sont émis par habitant et par an, soit 50 % de plus que la moyenne mondiale. Cette empreinte carbone tient compte des émissions liées à la production des biens et services que nous consommons, même lorsqu’ils sont fabriqués à l’étranger.
Les transports (32 %), l’alimentation (22 %), et l’habitat (20 %) représentent à eux-seuls près des trois quarts des émissions.
Ce podcast explique l’empreinte carbone et nous éclaire sur les questions incontournables pour comprendre les enjeux : Qu’est un gaz à effet de serre ? Pourquoi on parle de CO2 ? Comment calcule-t-on les émissions ? Et comment évoluent-elles depuis les années 1990 ?
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Armel Hemme (AH) : C’était il y a 10 ans déjà : la COP21 à Paris...
Comme beaucoup de citoyens j’avais été ému et soulagé, à la fin du marathon de négociations, d’entendre qu’un accord avait été trouvé (in extremis, après des prolongations) !
En décembre 2015 donc, 195 pays scellaient l’Accord de Paris, un accord international fixant une limite au réchauffement climatique mondial... Objectif : maintenir le réchauffement bien en-deçà des 2° C en 2100... Si possible, sous les 1,5° C.
Moins de 10 ans plus tard, la première barre est en train d’être franchie.
En 2024, la température moyenne mondiale a dépassé de 1,5 °C les niveaux préindustriels...
En France, on est déjà à + 1,9 degrés en moyenne sur la période 2013/2022 par rapport à la période 1900-1930.
Par ses émissions de GES, la France contribue au réchauffement climatique mondial... Mais quelle est l’empreinte carbone des Français exactement ? D’ailleurs, savez-vous ce qu’est précisément l’empreinte carbone, et comment elle est calculée ? C’est ce que nous allons voir dans cet épisode...
Bonjour, je m’appelle Armel Hemme.
Vous écoutez Notre environnement monte le son , le troisième épisode d’une série spéciale enregistrée à l’occasion de la sortie du rapport sur l’État de l’environnement en France .
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L’État de l’environnement en France , c’est un rapport publié tous les 4 ans, depuis 30 ans. Il est produit par le Commissariat Général au Développement Durable (le CGDD pour les intimes).
Ce rapport périodique s’adresse à tout le monde, à vous, à moi, dans un souci de partage de la connaissance, de partage de l’information environnementale, pour nous guider dans nos prises de décisions individuelles et collectives...
Il explore quatre défis environnementaux interconnectés entre eux : l’épuisement des ressources naturelles, la pollution des milieux naturels, le changement climatique, et le déclin de la biodiversité.
Manuel Baude, bonjour !
Vous travaillez au Commissariat Général du Développement Durable, qui dépend du ministère de la transition écologique... Vous êtes chargé de mission pressions sur l’air et le climat.
QUESTION A – INTRO - Introduction sur les GES
Manuel Baude, quand on évoque les causes du réchauffement climatique, on parle souvent des « gaz à effet de serre », mais aussi du « CO2 » (le dioxyde de carbone), qui est l’un des GES... Alors il y en a combien, des GES ?
Manuel Baude (MB) : Il existe plusieurs substances gazeuses qui contribuent à l’effet de serre. Il faut rappeler que l’effet de serre un est un phénomène naturel qui s’amplifie en raison de molécules gazeuses émises par les activités humaines et envoyées dans l’atmosphère. Ces gaz sont de différentes natures.
On retrouve du CO2 - le dioxyde de carbone - qui provient majoritairement de la combustion d’énergie fossile. Cela représente 76 % des émissions nationales.
On comptabilise également le méthane - le CH4 - qui provient de l’élevage, du traitement des déchets et de l’extraction de produits fossiles. Le méthane c’est 15 % des émissions nationales.
Le protoxyde d’azote que l’on appelle N2O représente 7 % des émissions nationales de gaz à effet de serre. Il provient des engrais.
Enfin, les gaz fluorés, comme les HFC, les PFC, le SF6 ou le NF3 sont des gaz à effet de serre issus des systèmes de climatisation ou de divers procédés industriels. Ils contribuent à hauteur de 3 % des émissions nationales de gaz à effet de serre.
Le CO2 est le plus important des gaz à effet à effet de serre. Il représente trois quarts des émissions nationales. C’est pour ça qu’on parle plus souvent de CO2 que du méthane ou du protoxyde d’azote.
QUESTION B.1 – EMPREINTE - Concept
AH : J’aimerais qu’on s’arrête maintenant sur une expression qu’on entend souvent : l’empreinte carbone.
Comment définir simplement l’empreinte carbone ?
MB : L’empreinte carbone c’est une estimation des gaz à effet de serre qui sont associés à la consommation des habitants d’un pays.
Pour vous donner un exemple concret : quand un Français achète une voiture, on attribue à ce Français toutes les émissions de gaz à effet de serre qui ont été émises pour fabriquer et commercialiser cette voiture. Cette voiture contiendra par exemple des GES émis en France pour la fabrication des pneus mais aussi des GES émis en Allemagne pour la fabrication de l’acier.
Ce qu’il faut retenir c’est que l’empreinte carbone tient compte des émissions associées aux importations. Plus de la moitié des gaz à effet de serre de l’empreinte carbone de la France sont émises à l’étranger.
Selon nos dernières estimations, en 2023, l’empreinte carbone de la France représente 644 Mt équivalent CO2. Pour chaque Français, elle est en moyenne de 9,4 t CO2 éq.
AH : C’est beaucoup ?
MB : C’est beaucoup plus que la moyenne mondiale qui est de 6,6 t équivalent CO2 par personne. L’empreinte carbone moyenne d’un Français dépasse donc de 50 % la moyenne mondiale.
Il faut toutefois noter que l’empreinte carbone moyenne d’un Français est légèrement inférieure à la moyenne européenne qui est elle-même légèrement inférieure à l’empreinte carbone moyenne d’un Chinois.
L’empreinte carbone d’un Indien est estimée à 3 t et celle d’un Américain à 21 t. Cela signifie que l’impact sur le climat du mode de vie d’un Américain est 7 fois plus important que celui d’un Indien.
AH : Et cette empreinte de 9,4 t CO2éq par habitant repose essentiellement sur 6 grands postes de consommation... Les déplacements bien sûr, qui dépendent encore largement du pétrole - quels sont les autres ?
MB : On peut effectivement décomposer l’empreinte carbone en grands postes de consommation.
Vous avez cité les déplacements des ménages.
Il faut également distinguer l’alimentation qui inclut les émissions de l’agriculture, de l’industrie agro-alimentaire, des services de restauration et du transport des denrées.
Et il faut aussi citer l’habitat qui comprend les émissions issues de la construction et du chauffage des logements
Les déplacements, l’alimentation et l’habitat représentent près des trois quarts de l’empreinte carbone de la France.
Pour le reste, il s’agit des émissions associées aux services publics, aux services marchands et à l’achat de biens d’équipements (nos appareils électroniques et ménagers, nos vêtements, nos meubles…)
QUESTION B.2 – EMPREINTE - Évolution
AH : Si on regarde sur le temps long : l’empreinte carbone de la France a-t-elle tendance à s’alléger ?
MB : Oui. Depuis 1990 l’empreinte carbone a diminué de 13 %.
Dans le détail on observe deux grandes tendances :
- On observe tout d’abord une baisse de 33 % des émissions qui proviennent des ménages et des entreprises localisées en France.
- Mais on constate par ailleurs une hausse des émissions importées de 13 %.
Pour être plus précis, on constate que l’empreinte carbone de la France a augmenté entre 1990 et 2008 et qu’elle diminue depuis de 2 % par an en moyenne.
Pour aller plus loin sur le changement climatique : informations essentielles, synthèse, vidéos et infographies…
Le changement climatique est l’un des grands défis environnementaux actuels, présenté dans L’État de l’environnement en France – Rapport 2024 (REE 2024).
Découvrir les messages clés et les derniers indicateurs disponibles sur le sujet.
Rubrique « Changement climatique : des effets de plus en plus perceptibles »