Pour satisfaire la demande en biens et services des agents économiques d’un pays, il est nécessaire d’extraire des ressources naturelles renouvelables ou non, en particulier des matières énergétiques, minérales, des minerais métalliques ou non, des ressources agricoles, forestières ou halieutiques.

Compte tenu des enjeux liés à l’épuisement des ressources naturelles et plus globalement aux impacts potentiels de leur exploitation sur l’environnement, il convient de tendre vers une organisation plus économe, permettant un découplage entre la croissance économique et la consommation de matières. La même problématique concerne également les prélèvements d’eau douce.

En bref

Pour faire fonctionner son économie et satisfaire les besoins de sa population (se loger, se déplacer, se nourrir, s’équiper, se soigner, se divertir…), la France mobilise chaque année près de 800 millions de tonnes de matières premières. Ces ressources peuvent être renouvelables (biomasse, eau, ressources halieutiques, énergies, etc.) ou non renouvelables (minéraux, combustibles fossiles). Près de 40 % de ces ressources doivent être importées. Parmi celles-ci, certaines sont stratégiques pour de nombreux pans de l’économie, notamment ceux participant à la transition écologique et énergétique.

Chaque année, le Global Footprint Network calcule le « Jour du dépassement mondial », correspondant à la date à laquelle l’humanité a consommé toutes les ressources que la Terre est capable de régénérer en un an. Ce calcul résulte du croisement entre l’empreinte écologique des activités humaines et la « biocapacité » de la Terre (capacité des écosystèmes à se régénérer). En 2020, le jour du dépassement mondial est tombé le 22 août, soit trois semaines plus tard qu’en 2019 (29 juillet). Ce recul s’explique par les mesures sanitaires mises en œuvre pour lutter contre la pandémie de Covid-19 (confinement, ralentissement économique).

En France, si une certaine stabilité est observée en 2020 (jour du dépassement tombé le 14 mai, contre le 15 mai en 2019) , la tendance générale montre malgré tout un avancement de cette date chaque année depuis 1961 (30 septembre).

En savoir plus

La consommation de ressources naturelles

En 2018, la consommation intérieure apparente de matières de la France, à savoir l’extraction intérieure de matières, augmentée des importations (majoritairement des ressources énergétiques fossiles et des minerais métalliques) et diminuée des exportations (notamment des produits agricoles), s’élève à 774 millions de tonnes. En 2007, avant la récession qui a notamment affecté le secteur de la construction, elle avoisinait 908 millions de tonnes. Près de 50 % incombe aux matériaux de construction (graviers et sables, granulats) nécessaires à la réalisation des infrastructures de transport et des bâtiments. Depuis 2009, la consommation française de matières décline régulièrement, pour atteindre 11,6 tonnes par habitant en 2016, la moyenne européenne étant de 13,5 tonnes par habitant.

Évolution de la consommation intérieure de matières en France

La société répond à la demande de biens et services des acteurs économiques notamment en extrayant des matières premières, en important et exportant des matières premières et des biens manufacturés. Ces flux constituent la consommation intérieure de matières : elle comptabilise les quantités effectivement consommées dans le pays. En France, la baisse de la consommation intérieure de matières atteint 19 % entre 2007 (14,3 tonnes par habitant) et 2018 (11,7 t /habitant). Suite à la récession de 2008, les matériaux de construction ont été moins consommés, et de par leur poids important (50 % du total) ont largement contribué à cette diminution.

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Consommation de matières - Comparaison européenne

La consommation intérieure de matières (DMC, domestic material consumption) comptabilise les quantités effectivement consommées dans le pays, en agrégeant extraction domestique et importations, déduction faite des exportations.

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Les comptes macroéconomiques de flux de matières

Le suivi des flux de matières liés au fonctionnement de l’économie est important pour une gestion et une utilisation durables des ressources. Les comptes macroéconomiques de flux de matières recensent ainsi annuellement l’ensemble des flux apparents. Plusieurs indicateurs en sont dérivés et un guide méthodologique a été élaboré pour une application au niveau des territoires.

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Gestion et utilisation des ressources : un enjeu majeur

Pour satisfaire la demande en biens et services des agents économiques d’un pays, il est nécessaire d’extraire des ressources naturelles de son territoire et d’importer/exporter des matières premières et des biens manufacturés.

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Les réponses face aux enjeux liés à l’épuisement des ressources naturelles et à la gestion des déchets

Face aux enjeux environnementaux économiques liés à l’épuisement des ressources naturelles, la communauté internationale et les territoires s’attachent à mettre en place des réglementations et des mesures visant à réduire la production de déchets, à promouvoir leur recyclage ou leur réutilisation.

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La productivité matières

Les besoins en matières d’un territoire dépendent de facteurs démographique, économique et technique. Ainsi, la taille de la population, son niveau de vie (mesuré par le PIB), la structure de l’économie (notamment la croissance des services, moins consommateurs de matières que l’industrie) et le progrès technologique influent sur le niveau de consommation de matières.

L’évolution de la productivité matières permet de mesurer la transition de la société vers une organisation plus économe en ressources naturelles et de mettre en évidence un découplage entre la croissance économique et la consommation de matières. La France s’est fixé comme objectif d’augmenter sa productivité matières de 30 % sur la période 2010-2030, ce qui revient à produire davantage de valeurs avec moins de matières premières vierges. En 2018, cette productivité atteint 3 euros par kilo ; elle est de 2,3 euros par kilo à l’échelle européenne.

Productivité matières et facteurs d’évolution du besoin de l’économie

La productivité matières, ratio rapportant le Produit Intérieur Brut (la création de richesse) à la consommation intérieure de matières, permet de mesurer la transition vers un système économique plus économe en ressources naturelles. Le besoin en matières de l’économie dépend de facteurs d’ordre à la fois démographique (la taille de la population), économique (son niveau de vie, mesuré donc par le PIB) et technique (le progrès technologique et la structure de l’économie).

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L’empreinte matières

La consommation de matières n’intègre pas l’ensemble des matières mobilisées pour la fabrication des biens importés, en particulier l’énergie utilisée pour les fabriquer et les transporter jusqu’à la frontière. Des travaux récents d’organismes internationaux, basés sur la consommation de matières en termes d’équivalent matières premières permettent de prendre en compte la masse de l’ensemble des matières premières utilisées durant les processus de production et de transports pour répondre à la demande intérieure finale d’un pays. La prise en compte de ces flux indirects contribue à affiner les besoins en matières d’un pays.

Ainsi, en les intégrant, la consommation de matières de la France serait augmentée d’environ 20 %, soit 13,6 tonnes par habitant en 2018, pour une consommation apparente de matières de 11,6 tonnes par habitant. Cette valeur peut être assimilée à l’ « empreinte matières » d’un Français, notion similaire aux empreintes carbone ou eau. La consommation française en équivalent matières premières apparaît supérieure à sa consommation apparente, comme pour les pays important davantage de matières premières qu’ils n’en exportent (Union européenne, États-Unis, Japon, etc.). Pour les pays en situation inverse, la consommation de matières (raw material consumption – RMC) est inférieure à la consommation apparente (domestic material consumption, DMC). C’est le cas par exemple du Chili, de l’Australie, de la Russie, de la Chine…

L’empreinte matières de la France

"L’empreinte matières" correspond à la quantité de matières premières réellement nécessaires pour répondre à la demande finale de la France et de ses habitants.

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Consommation d’eau : une ressource sous tension en période estivale

En métropole, les activités humaines prélèvent en moyenne 33,1 milliards de m3 d’eau douce chaque année, soit environ 500 m3 /habitant sur la période 2008-2019. Selon son utilisation, cette eau peut être entièrement ou partiellement consommée (c’est-à-dire non restituée aux milieux aquatiques). Les parcelles agricoles irriguées par aspersion, par exemple, utilisent l’intégralité des volumes prélevés (2,9 milliards de m3 par an sur la période 2008-2019). Par contre, en moyenne 90 % de l’eau extraite pour refroidir les centrales électriques en circuits ouverts retourne dans les cours d’eau.

Pour certains territoires, 60 % de la consommation annuelle est concentrée sur trois mois (de juin à août), alors que sur cette période, seule 15 % de la ressource annuelle est disponible. Cela peut provoquer localement de fortes tensions sur cette ressource ainsi que des pénuries temporaires.

Les prélèvements d’eau douce par usages et par ressources

L’eau douce est utilisée pour l’alimentation en eau potable et dans nombre d’activités de production : agriculture (irrigation), production d’électricité (refroidissement des centrales), industrie. Elle est prélevée en eau de surface (rivières, lacs…) et eau souterraine (nappes).

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Gestion de l’eau en période de sécheresse en France métropolitaine

En période de sécheresse, lorsqu’une pénurie d’eau est prévisible sur une zone géographique déterminée, des restrictions d’eau graduelles et temporaires sont déclenchées par les préfets pour préserver les utilisations prioritaires.

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Utilisation mondiale de l’eau

L’eau douce, ressource naturelle indispensable aux activités humaines, est très inégalement répartie sur la planète : le volume d’eau douce renouvelable disponible annuellement par habitant s’étend de moins de 100 m3 dans la péninsule arabique, à plus de 30 000 m3 comme en Amérique du sud ou en Europe du nord.

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Consommation d’eau potable

Ressource en quantité limitée, l’eau est fortement sollicitée par les activités humaines : secteurs agricole et industriel, mais également demande des ménages.

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Biomasse animale et végétale

La biomasse recouvre les matières organiques, non fossiles, d’origine biologique. De nature diverse, elle rassemble aussi bien les cultures (céréales, noix, légumes, fruits, fibres, etc.) et leurs résidus (cultures fourragères, biomasse pâturée) que le bois (bois rond industriel, bois de chauffage, etc.) ou les animaux hors élevage (pêche, chasse). Entre 1990 et 2016, la production de biomasse progresse de 2 %. Toutefois, elle fluctue d’une année sur l’autre selon la météorologie (pluviométrie, sécheresse), qui influe fortement sur les rendements. Les céréales constituent plus de la moitié des cultures françaises, devant la biomasse pâturée et les cultures fourragères.

En 2016, la forêt de production française représente 3 milliards de m3 de bois sur pied. Composée de deux tiers de feuillus et d’un tiers de résineux, cette répartition apparait stable dans le temps. Les prélèvements, incluant la récolte du bois, les dégâts causés par les tempêtes et les pertes d’exploitation, totalisent près de 52 millions de m3 (Mm3). Si ces prélèvements progressent de 18 % sur la période 2007-2016, le volume de bois sur pied augmente également de 13 %. Ainsi, le taux de prélèvement, qui traduit le rapport entre le prélèvement annuel de bois et sa production biologique nette (hors mortalité naturelle) s’établit à 57 % en 2016, contre 51 % en 2007.

Forêts et ressources en bois en France métropolitaine

La détermination des stocks et des flux physiques permet de réaliser un bilan annuel environnemental et économique des ressources forestières françaises, ainsi qu’un bilan du stockage de carbone dans la biomasse des arbres. Sur la période 2007-2018, les surfaces et les volumes ont progressé sur le territoire métropolitain.

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Parmi les ressources halieutiques, la récolte de plantes aquatiques s’élève à 55 000 tonnes (t) en 2016. Les volumes péchés par la France dans l’ensemble des mers du globe diminuent sur la période 1990-2016. Ainsi, 506 000 t de poissons, mollusques et crustacés marins (soit 7,5 kg/habitant) ont été péchés en 2016, soit 18 % de moins qu’en 1990, couvrant un peu plus d’un tiers des besoins. 38 % des tonnages péchés correspondent à des espèces sous quotas, au moins pour une partie de leurs stocks dans les eaux européennes. Les quotas européens, définis en 2015 pour 36 espèces et dans certaines zones de pêche (Atlantique Nord-Est, Méditerranée et Mer Noire), doivent permettre de préserver les ressources halieutiques de ces secteurs. Ils sont fixés par l’État et par espèce, en fonction de l’état de leur stock et de leur capacité à se renouveler.

Ressources minérales

En 2016, la France extrait près de 340 Mt de ressources minérales de son sous-sol, soit une baisse de 23 % par rapport à 1990. Le faible niveau de l’extraction domestique des minerais métalliques (154 000 t) conduit à une dépendance aux ressources étrangères de 70 %. Quant aux minerais non métalliques extraits (338 Mt, en baisse de 21 % par rapport à 1990), dont les neuf dixièmes correspondent à des sables et graviers, ils couvrent 90 % des besoins.

L’extraction de matières minérales en France

En France, en 2018, l’extraction totale de matières minérales du sous-sol s’élève à 381 millions de tonnes (Mt), soit 18 % de moins qu’en 2007, veille de la crise économique. Elle couvre près de 80 % des besoins de l’économie française. Les matières minérales extraites en France sont essentiellement non métalliques, et sont composées pour les neuf dixièmes de sables et de graviers, dont l’extraction domestique couvre 97 % des besoins.

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