Moins de protéines animales pour réduire les conséquences de l’alimentation sur le climat

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

Partager la page

La viande, les produits laitiers, les œufs et le poisson occupent une place centrale dans l’alimentation française. Pourtant, ces aliments d’origine animale ont des conséquences importantes sur le climat à cause de leurs émissions de gaz à effet de serre. Réduire un peu leur consommation est un moyen d’action concret pour limiter le dérèglement climatique.

Pourquoi manger moins de viande ?

L’alimentation contribue pour 21 % à l’empreinte carbone de la consommation totale des Français. Les activités agricoles produisent trois principaux gaz à effet de serre :

  • le méthane : produit par les animaux d’élevage comme les vaches, moutons et chèvres, pendant leur digestion, lors de la décomposition du fumier, et quand on répand les engrais dans les champs. L’élevage est responsable de 32 % des émissions de méthane d’origine humaine au niveau mondial (source : Coalition pour le climat et l’air pur ) ;
  • le protoxyde d’azote : provient des engrais utilisés pour les cultures agricoles ;
  • le dioxyde de carbone (CO2) : issu de la consommation d’énergie pour le fonctionnement des usines agroalimentaires, restaurants, transport des aliments, machines agricoles...

Ce que nous mangeons a plus d’impact sur le climat que la façon dont nos aliments sont transportés ou emballés. La production d’aliments d’origine animale, en particulier la viande, émet beaucoup plus de gaz à effet de serre que celle d’aliments végétaux. En 2021 en France, l’élevage génère 59 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, et représente 10 % de toutes les émissions d’origine humaine dans le pays (source : Haut Conseil pour le climat).

Un impact très variable selon le type de protéines

Toutes les protéines n’ont pas la même empreinte environnementale :

  • la production de 100 grammes de protéines de viande bovine émet en moyenne 50 kilogrammes de gaz à effet de serre ;
  • un plat à base de bœuf émet 8 fois plus de gaz à effet de serre qu’un plat à base de volaille ;
  • la même quantité de protéines provenant de céréales n’en rejette que trois kilogrammes.

Élever des animaux pour la viande demande beaucoup de ressources naturelles. Une vache boit entre 50 et 100 litres d’eau chaque jour. De plus, l’élevage utilise de grandes surfaces de terres, à la fois pour faire pousser la nourriture des animaux, comme les céréales et le foin, et pour construire les bâtiments qui les abritent.

Quelle empreinte pour produire 100 grammes de protéines sur le climat, la ressource en eau et la consommation d’espace ?

Quelle empreinte pour produire 100 grammes de protéines sur le climat, la ressource en eau et la consommation d'espace ?
Crédits : Commissariat général au développement durable
Agrandir et voir cette illustration en taille réelle (même fenêtre)

L’infographie montre l’impact environnemental de différentes sources de protéines. Pour chaque aliment, trois mesures sont indiquées : l’empreinte carbone (en kg équivalent CO2), l’empreinte eau (litres) et l’empreinte terre (m2), toutes calculées pour 100 g de protéines.
Les données sont présentées par ordre décroissant d’impact climatique :

  • bœuf : 50 kg équivalent CO2, 750 litres d’eau, 22 m2 de terre ;
  • porc : 8 kg équivalent CO2, 1 100 litres d’eau, 11 m2 de terre ;
  • riz : 6 kg équivalent CO2, 3 200 litres d’eau, 4 m2 de terre ;
  • volaille : 6 kg équivalent CO2, 400 litres d’eau, 7 m2 de terre ;
  • poisson d’élevage : 6 kg équivalent CO2, 1 600 litres d’eau, 4 m2 de terre ;
  • oeufs : 4 kg équivalent CO2, 500 litres d’eau, 6 m2 de terre ;
  • autres céréales : 3 kg équivalent CO2, 700 litres d’eau, 5 m2 de terre ;
  • Soja : 2 kg équivalent CO2, 100 litres d’eau, 2 m2 de terre ;
  • maïs : 2 kg équivalent CO2, 250 litres d’eau, 3 m2 de terre ;
  • autres légumineuses : 1 kg équivalent CO2, 200 litres d’eau, 7 m2 de terre.

L’infographie illustre notamment que la viande de bœuf a l’impact environnemental le plus élevé dans les trois catégories, tandis que les légumineuses et les céréales ont généralement l’impact le plus faible, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

Source : CGDD, d’après Poore J. & Nemecek (2018)

Vers un changement de consommation et de production ?

La consommation de viande en France a évolué :

  • elle a augmenté depuis l’après-guerre jusqu’à un pic de 93,6 kg « équivalent carcasse » par habitant en 1998, contre 75,8 kg en 1970 (source : FranceAgriMer ) ;
  • elle a ensuite baissé progressivement jusqu’en 2013 ;
  • puis la consommation de viande a été en hausse de 3 % entre 2013 et 2022 (source : FranceAgriMer ).

Le terme « équivalent carcasse » correspond au poids total des animaux abattus, y compris les parties non consommées. Cette mesure permet de suivre l’évolution globale de la consommation de viande, même si l’animal n’est pas mangé en entier.

La consommation de viande reste importante en France avec 85 kilos par habitant en 2022. Pourtant, de plus en plus de personnes disent avoir adopté un régime « flexitarien », c’est-à-dire qu’elles réduisent volontairement leur consommation de viande sans l’exclure totalement.

Ce décalage entre les déclarations et la réalité des chiffres s’explique en partie par la « consommation cachée » de viande : celle qu’on ne voit pas directement, présente dans les produits transformés, les plats préparés et les repas pris au restaurant ou à la cantine par exemple.

On observe également un changement dans les types de viande consommés : les Français mangent moins de bœuf et davantage de volaille.

Évolution des habitudes alimentaires

De plus en plus de personnes modifient leurs habitudes alimentaires et le végétarisme gagne du terrain.

Le végétarisme est un régime alimentaire qui exclut la viande et le poisson, tout en conservant d’autres produits d’origine animale comme les œufs ou les produits laitiers. Ce choix est adopté par des profils variés : les employés et personnes sans emploi deviennent généralement végétariens plus jeunes, tandis que les personnes des catégories socioprofessionnelles supérieures font ce choix plus tard, vers 40 ans (source : revue Sésame de l’Inrae ).

Les motivations pour manger moins de viande sont nombreuses : protection de l’environnement, santé, respect du bien-être des animaux. Le coût élevé de la viande peut aussi limiter sa consommation dans les ménages à revenus modestes.

Vers un nouveau modèle de production alimentaire

Répondre aux défis environnementaux, économiques et de santé liés à l’alimentation implique un accompagnement par des politiques adaptées. Cela signifie changer la façon de produire les aliments vers un modèle moins intensif, plus divers et local.

Plutôt que de cultiver des céréales pour nourrir les animaux d’élevage, davantage de terres pourraient être utilisées pour produire directement notre alimentation. Les élevages où les animaux se nourrissent principalement d’herbe et de sous-produits végétaux, comme les résidus des graines de lin, tournesol ou colza, présentent des avantages pour l’environnement. Ces pratiques maintiennent des milieux naturels précieux comme les prairies permanentes, qui abritent une grande variété de plantes et d’animaux, purifient l’eau et piègent le carbone dans le sol.

Des actions pour une alimentation moins animale

Trouver des alternatives végétales à la viande reste difficile en France. Une étude dans 150 supermarchés montre que 92 % des produits alimentaires contiennent de la viande ou du poisson (source : Réseau Action Climat ). Cette situation crée des difficultés pour les personnes qui ne mangent pas ou peu de produits animaux :

  • trois quarts des végétariens, qui ne mangent ni viande ni poisson, des pescétariens, qui mangent du poisson mais pas de viande, et des végétaliens, qui ne consomment aucun produit d’origine animale, disent avoir du mal à suivre leur régime alimentaire ;
  • les obstacles sont par exemple le manque de choix dans les magasins et restaurants, ainsi que les remarques négatives de l’entourage (source : FranceAgriMer ).

Dans la culture culinaire française, la viande occupe souvent la place centrale de l’assiette, les végétaux étant considérés comme un simple accompagnement. Changer cette habitude demande de modifier une représentation sociale profondément ancrée.

En plus, beaucoup de personnes ne savent pas comment préparer des repas équilibrés et riches en protéines sans viande. De nombreux produits végétaux sont pourtant une source importante de protéines, comme les légumes secs, appelés aussi « légumineuses à grosses graines » (lentilles, pois chiches…), les oléagineux (noix, amandes…) ou les céréales (blé, riz…).

Des initiatives nationales qui encouragent le changement

Le programme national pour l’alimentation 2019-2023 a lancé plusieurs actions pour réduire la consommation de viande et favoriser les protéines végétales :

  • promotion des protéines végétales dans les cantines et restaurants collectifs ;
  • possibilité d’avoir une option végétarienne quotidienne dans la restauration collective publique ;
  • introduction d’au moins un menu végétarien par semaine dans les cantines scolaires ;
  • développement de filières de production de protéines végétales pour réduire la dépendance de la France aux importations.

Ces mesures sont en accord avec le plan national nutrition santé 2019-2023. Il conseille par exemple de limiter la consommation de viande à 500 grammes par semaine, l’équivalent de 4 à 5 steaks hachés, de manger des légumes secs au moins deux fois par semaine et de consommer au moins cinq fruits et légumes par jour.

Des actions locales pour valoriser les protéines végétales

Des initiatives locales se développent pour rassembler les producteurs, transformateurs, distributeurs, et consommateurs autour d’une alimentation plus respectueuse de l’environnement :

  • aide à la création de filières locales de production, transformation et commercialisation de légumineuses ;
  • formation des professionnels de la restauration pour cuisiner les protéines végétales et composer des menus végétariens ;
  • sensibilisation des jeunes à l’alimentation durable.

Vous pouvez également nous faire part de vos remarques sur notre formulaire de contact