Omniprésentes dans l’environnement, les substances chimiques peuvent avoir des conséquences néfastes sur les milieux naturels et la santé humaine. Si l’impact de la dégradation de l’environnement sur la santé n’est pas une préoccupation nouvelle, un besoin de connaissances s’exprime plus fortement aujourd’hui, lié notamment à l’apparition de ces nouveaux risques.

D’après le baromètre de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, en 2017, les produits chimiques sont le sujet pour lequel les inquiétudes ont le plus augmenté : les perturbateurs endocriniens (+ 9 points par rapport à 2016), les pesticides (+ 3 points), les nanoparticules (+ 3 points).

Dans le domaine des rayonnements, les champs électromagnétiques font aussi l’objet d’une attention particulière.

En bref

La gestion des substances chimiques dans l’environnement est complexe, d’autant que certains polluants persistent longtemps après avoir été interdits d’usage et peuvent se transformer ou se disséminer d’un milieu à un autre (air, eau, sols, aliments). La connaissance des effets sur la santé de ces substances s’améliore et leur rôle dans l’augmentation de certaines pathologies est reconnu : on estime, par exemple, que 5 à 10 % des cancers sont liés à des causes environnementales. Mais, dans bien des cas, il reste difficile de conclure, car de nombreux facteurs interagissent : habitudes alimentaires, lieux de résidence, durée de l’exposition… De plus, une substance non toxique à faible dose peut le devenir si elle est associée à d’autres composés, c’est « l’effet cocktail ».

Des substances chimiques, appelées perturbateurs endocriniens, interférent avec le système hormonal : bisphénols, phtalates, PCB… Ces composés sont présents dans les aliments, les emballages, les cosmétiques, les appareils électroniques, les meubles… Ils sont soupçonnés d’altérer à faibles doses certaines fonctions de la reproduction et de favoriser les cancers hormono-dépendants (sein, ovaire, prostate), ainsi que plusieurs maladies chroniques (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires). L’usage de plusieurs de ces substances a déjà été restreint ou interdit. Les pesticides sont présents un peu partout dans l’environnement : milieux aquatiques, air, sol, denrées alimentaires. Depuis plusieurs décennies, il existe des suspicions sur leur rôle dans le développement de maladies comme certains cancers ou des anomalies du développement fœtal et des problèmes de fertilité. La maladie de Parkinson vient d’être reconnue comme maladie professionnelle pour les utilisateurs de pesticides.

Les nanoparticules et nanomatériaux sont des particules d’une taille inférieure à 100 nanomètres (100 milliardièmes de mètre). Ils entrent dans la composition de produits de grande consommation, disponibles sur le marché français : produits cosmétiques et d’hygiène, textiles, aliments, matériaux de construction… Compte tenu des incertitudes quant aux effets des nanomatériaux sur la santé et l’environnement, il est recommandé d’observer le principe de précaution.

En savoir plus

Les modes de vie et de consommation ainsi que les choix techniques des acteurs économiques sont les principaux leviers de l’exposition de l’environnement et de l’Homme à des substances chimiques potentiellement dangereuses pour la santé (métaux, pesticides, etc.).

Les usages, les voies de transfert dans l’environnement et les voies d’exposition de l’Homme sont multiples et complexes pour un grand nombre de polluants. L’ingestion de ces substances peut se faire via la respiration, l’alimentation, l’eau ou par contact direct.

La nature même de ces polluants, certains ayant des caractéristiques physiques et chimiques de persistance dans l’environnement, constitue un point sensible. Ainsi, certaines substances sont encore observées dans l’environnement alors que leur usage et production peuvent être interdits depuis plusieurs années. C’est notamment le cas du lindane.

De nombreuses substances peuvent se disséminer au sein d’un seul milieu (dispersion de rejets dans l’air, dans l’eau, etc.), mais également « voyager » entre différents milieux. Par exemple, les substances chimiques émises dans l’air peuvent être transportées sur de plus ou moins longues distances selon leur temps de résidence (avant transformation chimique par exemple) et se déposer par dépôt sec (gravité, diffusion) et humide (précipitations, brumes, brouillards) dans l’environnement.

La gestion de ces polluants ubiquitaires, déjà complexe du fait de leur dilution et de leur dissémination, est parfois compliquée du fait qu’eux-mêmes se transforment dans l’environnement en « métabolites », ces derniers pouvant se révéler également toxiques et parfois plus stables que les molécules-mères. Ainsi, les sous-produits de l’atrazine sont maintenant plus fréquemment rencontrés que la molécule-mère interdite depuis plusieurs années.

Lorsque des substances ont la faculté de pouvoir passer d’un milieu à un autre, elles ont tendance à imprégner l’ensemble de l’environnement (sources d’alimentation humaine et animale, supports de culture, etc.). Des suivis de l’exposition de la population française (et mondiale par des organismes internationaux) sont périodiquement réalisés. Il s’agit de la « biosurveillance ».

Les pesticides

Les pesticides rassemblent les herbicides, les insecticides, les fongicides, les biocides, les antiparasitaires, destinés à lutter contre les organismes jugés nuisibles pour la production, le stockage ou la commercialisation de produits agricoles, de denrées alimentaires ou de bois. Ils sont majoritairement utilisés en agriculture, mais également pour l’entretien des infrastructures de transports et des jardins.

Ils peuvent avoir des effets toxiques aigus et/ou chroniques sur les écosystèmes et l’homme, car leurs substances actives et leurs produits de dégradation (métabolites) se diffusent dans l’environnement (eaux superficielles et souterraines, sol, air) selon plusieurs mécanismes : adsorption, volatilisation, lessivage, infiltration. Dans les sols par exemple, l’usage prolongé de pesticides peut engendrer des pollutions diffuses. Après 50 ans d’utilisation et malgré son interdiction en usage agricole depuis 1998, des résidus de lindane (insecticide), par exemple, subsistent dans les sols métropolitains (soit 0,16 à 5 µg/kg de sol).

Les pesticides sont également détectés dans la chaîne alimentaire et exposent les consommateurs à des effets néfastes, immédiats ou différés. Ainsi, 20 % des quantités de pesticides vendues en 2017 relèvent de substances classées comme toxiques, mutagènes et/ou reprotoxiques. Si le potentiel toxique individuel des pesticides est relativement bien connu aujourd’hui, l’effet de mélange (effet « cocktail ») ou le caractère de perturbateur endocrinien de certaines substances le sont moins.

En 2016, selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, 56 % des échantillons de denrées contrôlés comportaient des résidus quantifiables de pesticides, en majorité dans les fruits. Près de 7 % du total des échantillons analysés dépassaient la limite maximale de résidus autorisée pour au moins un pesticide. De plus, parmi les 2 661 denrées d’origine françaises examinées, 2 % contenaient des traces de pesticides interdits en France.

Des liens ont été mis en évidence entre l’exposition à certains pesticides et la survenue de pathologies comme des cancers ou des maladies neurologiques chroniques. Des effets sur la grossesse (malformations congénitales, morts fœtales) et sur le développement de l’enfant (développement psychomoteur et intellectuel, affection du système reproducteur et/ou du métabolisme) sont également rapportés dans la littérature. Chez les agriculteurs, la maladie de Parkinson et le lymphome non hodgkinien (cancer) sont officiellement reconnus en France, respectivement depuis 2012 et 2015, comme maladies professionnelles provoquées par les pesticides. Depuis, environ cinquante cas de maladie de Parkinson liés aux pesticides sont diagnostiqués chaque année.

Pesticides, de quoi parle-t-on ?

Pesticide ou produit phytosanitaire ? Le mot « pesticide » est plus large dans le sens où il englobe des molécules d’usage vétérinaire, des molécules pour la protection des bois ou utilisés dans les peintures.

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Pesticides

Avec 55 000 tonnes de substances actives vendues sur le territoire national en 2019, le recours aux pesticides reste une caractéristique du modèle agricole français, comme ailleurs en Europe. Au cours des dernières décennies, la pharmacopée autorisée a considérablement évolué, sous l’influence d’une réglementation accordant une attention croissante aux questions sanitaires.

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Les autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires

Les produits phytopharmaceutiques ne peuvent être utilisés ou placés sur le marché sans autorisation préalable.

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Les quantités de glyphosate vendues en France

La France s’est engagée dans le processus de sortie du glyphosate, avec un objectif d’ici 2022 : diminuer de 50 % l’utilisation du glyphosate en France, sans laisser aucun agriculteur sans solution. Un état des lieux des ventes et des achats de glyphosate en France est établi d’après les données de la Banque nationale des ventes réalisées par les distributeurs des produits phytopharmaceutiques (BNV-D).

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Les quantités de produits phytopharmaceutiques vendues en France

Lancé en 2008 et révisé depuis à deux reprises, le plan Écophyto vise une réduction des utilisations, risques et impacts des produits phytopharmaceutiques. Un état des lieux annuel des ventes de produits phytopharmaceutiques en France est établi à partir des données de la Banque nationale des ventes réalisées par les distributeurs de produits phytopharmaceutiques (BNV-D).

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Application de visualisation des données d’achats et de ventes des produits phytopharmaceutiques

Après l’ouverture, en juillet 2019, des données relatives aux ventes et aux achats des produits phytopharmaceutiques, une application de visualisation de ces données est disponible pour les explorer.

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Plan de réduction des produits phytosanitaires et sortie du glyphosate : état des lieux des ventes et des achats en France

Ce document de synthèse (Datalab), publié en mai 2021 par le Commissariat général au développement durable, s’inscrit dans la dynamique d’ouverture des données environnementales, et notamment celles de la Banque nationale des ventes de produits phytosanitaires (BNVD).

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Les perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens provoquent des troubles de santé chez l’homme ou l’animal par dérèglement de leur système hormonal (changements de morphologie, de physiologie, de croissance, de reproduction, de développement ou de durée de vie). Ces effets néfastes peuvent s’observer après exposition à un perturbateur endocrinien isolé ou en mélange, même à faible dose, tant sur l’organisme humain exposé que sur ses descendants.

Perturbateurs endocriniens : BPA et DEHP

Les perturbateurs endocriniens (PE) provoquent des troubles de santé chez l’homme ou l’animal par dérèglement de leur système hormonal (changements de morphologie, de physiologie, de croissance, de reproduction, de développement ou de durée de vie).

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Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens

Article publié sur le site du ministère de la Transition écologique – juillet 2021

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Les nanomatériaux

Les nanomatériaux (ou nano-objets, nanoparticules, nanocapsules, nanotubes de carbone, etc.) sont issus des nanotechnologies. Ce sont des matériaux dont la taille ou la structure comporte au moins une dimension comprise entre 1 et 100 nanomètres (nm).

Grâce à leurs propriétés physiques, chimiques ou biologiques, les nanomatériaux permettent des innovations dans des secteurs stratégiques comme l’industrie, la pharmacie, l’aéronautique ou les nouvelles technologies.

En 2016, 1 400 entités françaises ont déclaré la fabrication de 304 300 tonnes et l’importation de 120 000 tonnes de nanomatériaux, correspondant à 275 catégories de substances.

Les nanomatériaux

Les propriétés des nanomatériaux sont utilisées pour de multiples applications, telles que la pharmacie, l’aéronautique et les nouvelles technologies, où ils permettent d’améliorer l’efficacité de traitements médicaux ou d’accroître la compétitivité de l’industrie française. Cependant, les risques induits par ces substances sur l’homme et sur l’environnement restent méconnus, compte tenu de leur développement rapide et récent et du manque de recul pour évaluer leurs effets.

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Impact sanitaire des nanomatériaux

Les propriétés des nanomatériaux sont utilisées pour de multiples applications, telles que la pharmacie, l’aéronautique et les nouvelles technologies, où ils permettent d’améliorer l’efficacité de traitements médicaux ou d’accroître la compétitivité de l’industrie française.

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Les métaux lourds

Métaux lourds : cadmium, mercure et plomb

Les métaux lourds, également appelés éléments traces métalliques, sont naturellement présents dans l’environnement sous forme de traces. Parmi eux, le cadmium, le mercure et le plomb font l’objet d’un suivi sanitaire et environnemental, en particulier avec la directive cadre européenne sur l’eau (DCE), qui vise à préserver les écosystèmes aquatiques.

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Ressources

Agir

  • La Commission nationale déontologie et alertes en santé publique et environnement (cnDAspe)

    La création de la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (cnDAspe) par la loi du 16 avril 2013 relative à l’indépendance de l’expertise et à la protection des lanceurs d’alerte en matière de santé publique et d’environnement vise à « resserrer les mailles du filet » de cette vigilance :

    • En facilitant la remontée des « signalements » issus de la société civile sur ces menaces ou ces dégâts.
    • En stimulant la réactivité des autorités compétentes afin qu’elles répondent toujours mieux aux signalements évocateurs de véritables alertes.
    • En accompagnant les organismes publics d’expertise scientifique et technique qui éclairent dans ces domaines l’action des autorités, dans l’amélioration continuelle de leurs pratiques en termes de déontologie et d’ouverture aux différentes parties prenantes.

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