Garantir au consommateur que ce qu’il achète a été produit dans le respect de l’environnement, tout en garantissant les droits et la rémunération des travailleurs et des producteurs : c’est l’objet du commerce équitable.
Du café responsable au commerce équitable
D’où vient le café dans ma tasse quotidienne ? Comment a-t-il été produit ? Par qui ? Dans quelles conditions ? Avec quels impacts sur le climat ? Comment le savoir et m’assurer que mes achats encouragent les meilleures pratiques ?
En 1964, à Genève, lors d’une conférence des Nations unies pour le commerce et le développement, des producteurs qui subissent de plein fouet l’effondrement des cours du café sur le marché mondial plaident pour un commerce qui leur permette de survivre. Leur mot d’ordre, Trade, not aid (« le commerce, pas la charité ») marque la naissance du commerce équitable.
La société civile, les associations caritatives, les associations de consommateurs, les réseaux de petits distributeurs et les coopératives agricoles s’organisent en faveur d’un commerce dont les conditions garantissent les droits et la rémunération des travailleurs et des producteurs.
Une définition internationale du commerce équitable
L’engagement est double, celui d’un achat plus responsable pour le consommateur, et celui d’une production respectueuse de l’environnement et du droit du travail pour le producteur.
Au niveau international, ces réseaux d’acteurs sont regroupés au sein de deux organisations principales, Fairtrade International et World Fair Trade Organization qui s’entendent sur la définition suivante :
« Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect visant à garantir une plus grande équité dans le commerce international. Il contribue au développement durable en proposant de meilleures conditions commerciales aux producteurs et aux travailleurs marginalisés, particulièrement dans les pays en développement, tout en sécurisant leurs droits. »
Cette définition internationale est adossée à une charte du commerce équitable ainsi qu’à plusieurs labels qui garantissent aux consommateurs que les produits achetés ont été produits dans des conditions qui respectent les Objectifs de développement durable des Nations unies.
L’Agenda 2030 est un programme universel pour le développement durable, adopté par tous les États membres des Nations unies le 25 (...)
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Aujourd’hui, des très nombreux produits agro-alimentaires sont labellisés « équitables » : chocolat et café représentent près de la moitié des ventes, aux côtés du thé, des épices, des fruits, des cosmétiques… dont la vaste majorité est issue de l’agriculture biologique. On retrouve également des produits artisanaux : textiles, articles en bois ou métal, poteries, bijoux… qui représentent moins de 10 % du marché du commerce équitable.
Des labels du commerce équitable existant sur le marché français- Nouvelle fenêtre
Un marché équitable répondant aux enjeux de la transition écologique
La France est le seul pays européen à avoir adopté une définition légale du commerce équitable. Progressivement cette définition a cessé de concerner les seules relations Nord-Sud. En 2014, la loi relative à l’économie sociale et solidaire, dite loi ESS, donne un cadre juridique précis à ce commerce, et l’étend aux filières françaises.
En 2021, la loi Climat et Résilience ajoute aux critères du commerce équitable, lorsqu’il s’agit de filières alimentaires, la valorisation de modes de production et d’exploitation respectueux de l’environnement et de la biodiversité. Elle prévoit aussi de rendre obligatoire la reconnaissance des labels se revendiquant du commerce équitable par la plateforme nationale d’actions globales pour la responsabilité sociétale des entreprises, dite Plateforme RSE, relevant de France Stratégie.
Un partenariat pour une consommation équitable
Désormais le commerce équitable désigne un partenariat commercial pluriannuel entre les producteurs et les acheteurs dont les principaux engagements sont :
- des prix justes et rémunérateurs pour les producteurs ;
- le renforcement des organisations de producteurs avec une gouvernance démocratique ;
- le versement d’un montant supplémentaire pour financer des projets et des dynamiques collectives ;
- la transparence et la traçabilité des filières ;
- la sensibilisation des consommateurs à des modes de production socialement et écologiquement durables ;
- la valorisation des modes de production respectueux de l’environnement et de la biodiversité, tels que l’agroécologie.
Le commerce équitable articule les enjeux sociaux, économiques et environnementaux.
Ainsi par exemple l’initiative française pour un cacao durable associe la lutte contre la déforestation et l’amélioration des conditions de travail et de revenu, et s’inscrit dans le cadre plus général de la lutte contre la déforestation importée, qui vise à mettre fin aux importations de produits agricoles ou forestiers non-durables.
L’Europe est responsable d’un tiers de la déforestation liée au commerce international de produits agricoles, dont le cacao. Une initiative française a été lancée le 5 octobre 2021 pour un cacao (...)
Un chocolat sans déforestation, c’est possible ? - Nouvelle fenêtre
La stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée- Nouvelle fenêtre
Une croissance forte de tout le secteur
Selon Commerce équitable France, le collectif national des acteurs de la filière, les ventes en France de produits issus du commerce équitable ont été multipliées par quatre en sept ans entre 2014 et 2021, avec une hausse de 11 % en 2021.
Une politique publique
L’État soutient activement cette dynamique grâce à la commande publique qui, à compter de 2026, devra privilégier les achats socialement et écologiquement responsables.
Avec un cadre réglementaire exigeant et un plan d’accompagnement national, la commande publique se met en action pour la transition écologique et solidaire.
L’achat public, un levier pour le développement durable ? - Nouvelle fenêtre