Pollution des milieux : podcast

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Publié le | Commissariat général au développement durable

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Un podcast pour approfondir la question de la pollution des milieux naturels à travers l’exemple des pesticides.

Les produits phytosanitaires sont des pesticides qui protègent les récoltes en luttant contre les agresseurs des cultures, et permettent de meilleurs rendements.
Mais... ils peuvent aussi être toxiques pour les humains et les animaux.
Est-ce qu’on utilise moins de pesticides aujourd’hui qu’hier ? Qu’en est-il des substances les plus toxiques ?
Où trouve-t-on les plus gros “consommateurs” de pesticides ?
Quand on parle de contamination, cela concerne-t-il le sol, l’eau, l’air ? Où se retrouvent-ils ?

Toutes les réponses sont dans ce podcast de 10 minutes.

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Armel Hemme (AH) : Flufénacet. Cela pourrait être le nom d’un personnage imaginaire, d’un personnage de conte, d’un farfadet...

C’est en fait le nom d’un pesticide, un herbicide utilisé principalement pour traiter des cultures de céréales (blé et orge en particulier). C’est l’un des plus vendus en France... Ses ventes ont quasiment doublé entre 2019 et 2022.

Le 27 septembre dernier, le flufénacet a été reconnu comme un perturbateur endocrinien par l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Autrement dit : une substance qui perturbe les fonctions du corps, et a des conséquences néfastes sur l’organisme.

Pour y être exposé, pas besoin des flâner dans les champs de blé : la dégradation de ce pesticide produit de l’acide trifluoroacétique (dit aussi TFA), un polluant éternel qu’on retrouve dans l’eau potable... Parfois à des seuils très supérieurs au seuil de qualité.

Vous l’avez compris, dans ce podcast nous allons parler de la pollution des milieux naturels... Et plus précisément des conséquences de l’usage des pesticides.

Bonjour, je m’appelle Armel Hemme

Vous écoutez Notre environnement monte le son , le premier épisode d’une série spéciale enregistrée à l’occasion de la sortie du rapport sur l’ État de l’environnement en France .

***

L’État de l’environnement en France , c’est un rapport publié tous les 4 ans, depuis 30 ans. Il est produit par le Commissariat Général au Développement Durable.

Ce rapport s’adresse à tout le monde, dans un souci de partage de la connaissance, de partage de l’information environnementale, pour nous guider dans nos prises de décisions individuelles et collectives...

Il nous alerte sur quatre défis environnementaux interdépendants, qui interagissent entre eux : l’épuisement des ressources naturelles, la pollution des milieux naturels, le changement climatique, et le déclin de la biodiversité.

Je vous invite à le lire...
Ou, au moins, à écouter cette série de podcasts !

Sandrine Parisse, bonjour...

Sandrine Parisse (SP) : Bonjour Armel !

AH : Vous travaillez au Commissariat Général du Développement Durable, qui dépend du ministère de la transition écologique... Vous êtes chargée de mission agriculture et environnement.

Sandrine, le rapport sur l’ État de l’environnement nous renseigne précisément sur l’usage des produits phytosanitaires en France. Les produits phytosanitaires, pour faire simple, ce sont des produits pesticides qui protègent les récoltes en luttant contre les agresseurs des cultures, et permettent de meilleurs rendements. Mais... qui peuvent aussi être très toxiques pour les humains et les animaux.

Face à ces risques, trois plans de réduction de l’usage des produits de traitement des cultures se sont succédé ces dernières années en France, tous visant une baisse de 50 %, d’abord pour 2018, puis pour 2025 et enfin pour 2030.

AH : Question simple : est-ce qu’on utilise moins de pesticides aujourd’hui qu’hier ?

SP : Globalement, non.
Le bilan des politiques qui vise à réduire les pesticides de 50 % est mitigé.
Depuis 2009, la quantité de produits phytosanitaires vendues est globalement stable.
En 2022, plus de 68 000 tonnes de substances actives ont été vendues pour protéger les cultures des insectes, des maladies et de la végétation indésirable.

Mais, si on y regarde de plus près, il y a des signaux positifs :

  • Premièrement, on observe une baisse des substances les plus toxiques pour la santé humaine. Il s’agit des substances qui peuvent avoir des effets cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction appelées « CMR ». Elles sont progressivement interdites.
  • Deuxièmement, on voit une augmentation des produits utilisables en biocontrôle ou en agriculture biologique.

AH : Les substances les plus toxiques, les CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques), sont donc moins utilisées... Quelle est l’ampleur de la baisse ?

SP : Les ventes de ces substances les plus toxiques ont effectivement baissé de 43 % en volume entre 2010 et 2022.

Leur proportion dans le total des ventes est passée de 30 % en 2010 à 15 % en 2022.

AH : Une carte m’a interpellé dans le rapport : la carte des achats de substances actives classées les plus toxiques par département... Où trouve-t-on les plus gros « consommateurs » ?

SP : En France métropolitaine, plus de la moitié des achats les plus toxiques en 2022 proviennent de 18 départements, avec en tête :

  • l’Eure-et-Loir,
  • la Somme,
  • la Marne,
  • la Charente-Maritime
  • et l’Eure.

Cela peut s’expliquer par le fait que ce sont des départements qui ont une grande surface agricole, notamment en grandes cultures.

En résumé : malgré des avancées sur les produits les plus toxiques, la France ne parvient pas à réduire fortement sa dépendance aux produits phytosanitaires et de vastes territoires sont exposés aux contaminations. D’autant que ces produits ne restent pas seulement à l’endroit où on les a utilisés.

AH : Quand on parle de contamination, ... C’est le sol, l’eau, l’air ?

SP : Les 3.

Les pesticides sont dispersés dans l’air pendant ou après les traitements des cultures :

  • soit par dérive au moment des pulvérisations
  • soit par évaporation à partir des sols et plantes traitées
  • soit par érosion des sols traités.

Certains pesticides comme le prosulfocarbe sont plus volatils que d’autres.
Une fois dans l’air, les pesticides sont transportés plus ou moins loin par le vent.

Dans les sols, sur 111 pesticides analysés, les plus fréquemment détectés sont :

  • le glyphosate, herbicide le plus vendu sur les 10 dernières années
  • et le fluopyram, un fongicide bien moins utilisé que le glyphosate.
    En effet, le caractère polluant d’un pesticide dépend de sa toxicité, de sa persistance mais aussi de la capacité des sols à le retenir ou à le dégrader.
    Les analyses confirment que si les terres cultivées sont les plus contaminées, les forêts et les prairies non traitées ne sont pas épargnées.

AH : Parfois, les sols accumulent de fortes teneurs en pesticides - avec des risques accrus pour la flore et pour la minuscule faune qui y vit (on parle de microfaune)...

SP : Oui, c’est vrai.

C’est notamment le cas du cuivre utilisé comme fongicide que l’on connait mieux sous le nom de « bouillie bordelaise ». De nombreuses années d’utilisation, ajoutées aux quantités naturellement présentes dans les sols, ont des effets néfastes sur la biodiversité.

Pour limiter cet effet d’accumulation, la réglementation européenne a introduit un seuil de quantité totale. Cette quantité est utilisable sur 7 années entre 2019 et 2025. Elle est de 28 kg de cuivre par hectare.

Pour limiter cet effet d’accumulation, la réglementation européenne a introduit un seuil de de 28 kg de cuivre par hectare. Cette quantité est utilisable sur 7 années entre 2019 et 2025.

AH : Et dans les cours d’eau, qu’est-ce qu’on observe ?

SP : Dans les cours d’eau et les plans d’eau, les pesticides contaminent la quasi-totalité des sites surveillés.
Les principales substances trouvées sont :
* en France métropolitaine : des herbicides et leurs produits de dégradation qu’on appelle métabolites,
* en outre-mer : on retrouve plutôt des insecticides et leurs métabolites.

On observe les situations les plus dégradées dans la moitié nord de la métropole et en Martinique.

AH : Dans les cours d’eau et plans d’eau, les pesticides contaminent la quasi-totalité des sites surveillés... Et dans les eaux souterraines ?

SP : Les eaux souterraines ne sont pas épargnées, elles non plus. Entre 2019 et 2021, en France métropolitaine, trois quarts des pesticides surveillés sont trouvés au moins une fois lors des prélèvements de surveillance. Et, en outre-mer, ils sont un quart.
Dans les eaux souterraines, ces polluants disparaissent très lentement. Par exemple, l’atrazine, interdit d’usage depuis 2003, est toujours détecté au côté de ses métabolites en 2021.

AH : Mais je le rappelle, pour clore ce chapitre sur une note plus optimiste : on observe une baisse des ventes des produits phytosanitaires les plus toxiques.

Les pesticides ne sont malheureusement pas les seuls polluants disséminés sur le territoire... On pourrait bien sûr parler des résidus plastiques, présents dans tous les milieux naturels...

Mais d’autres contaminants, moins connus du grand public, méritent toute notre attention : les PFAS, ou substances perfluorées.

Ces substances chimiques très persistantes appelées aussi polluants éternels sont utilisées dans de nombreux produits : des ustensiles de cuisine, des textiles... On les retrouve dans les eaux, les sols et les organismes. Elles sont la cause possible de perturbations endocriniennes et de certains cancers.

Sur la période 2019-2021, 40 % des analyses d’eau issues de rivières et lacs ont révélé la présence d’au moins un PFAS. Pour les eaux souterraines, ce taux avoisine 20 %.

Pour en savoir plus, je vous invite à consulter le rapport sur l’État de l’environnement en France...

Sandrine Parisse, chargée de mission agriculture et environnement au Commissariat Général du Développement Durable, merci d’être venue à ce micro !

AH : Merci Armel

***

AH : Vous écoutiez Notre environnement monte le son ...

Dans le prochain épisode, nous parlerons d’une autre préoccupation environnementale : le réchauffement climatique et ses conséquences.

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