Les investissements verts : bénéfiques pour l’environnement, efficaces pour l’économie

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Pour accélérer la transition écologique, il est indispensable d’investir dans les secteurs clés de la décarbonation, tels que les énergies renouvelables, le logement ou le transport. Dépenser pour que chaque euro investi contribue à atteindre les objectifs climatiques tout en créant des emplois et de la croissance : c’est l’objectif des investissements verts.

De quoi s’agit-il ?

Les dépenses d’investissements verts, publiques ou privées, jouent un rôle majeur dans les politiques de transition écologique. C’est le cas en France dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), qui s’appuie notamment sur eux pour atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050.

En fonction des projets financés, les investissements verts servent aussi bien à atténuer le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES), à s’adapter à ses conséquences en se dotant d’infrastructures résilientes, qu’à préserver la biodiversité en protégeant les habitats naturels. Ils peuvent être réalisés par l’État comme par les entreprises et les ménages.

L’État a néanmoins un rôle central à jouer dans leur mise en œuvre. Il doit ainsi, premièrement, procéder aux investissements publics qui conditionnent ceux du privé. Sans eux, l’investissement vert privé ne pourrait se déployer efficacement, et les comportements vertueux ne pourraient se substituer à ceux fortement émetteurs de GES : c’est par exemple le cas pour l’introduction de nouvelles pistes cyclables ou pour l’installation de bornes de recharge à destination des voitures électriques.

« Ces investissements doivent être passés au crible d’un calcul économique rigoureux et doivent être en priorité des investissements permettant aux agents de changer leurs comportements, car il ne sert à rien de les inciter à adopter des comportements moins émetteurs de carbone s’ils n’ont pas d’alternatives. »
Katheline Schubert, professeur d’économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Des investissements rentables économiquement ?

L’expérience des plans de relance consécutifs à la crise de 2008 démontre la capacité de certains de ces investissements à générer de la croissance économique et à créer des emplois non délocalisables. De nombreux investissements verts ont été réalisés à cette époque pour relancer l’activité, en Europe, aux États-Unis et en Corée du Sud notamment. Pour l’Europe, on peut retenir que les investissements dans les transports, en Allemagne, ont entraîné une hausse du PIB de 0,6 % en 2009, et qu’en France les dépenses publiques dans l’efficacité thermique des bâtiments, les énergies vertes et le transport ont aussi eu un impact positif sur la croissance. Aux États-Unis, les investissements dans les énergies renouvelables ont créé plus de 26 000 emplois entre 2009 et 2010, tandis que la mise en place d’un Green New Deal en Corée du Sud en 2009 en a créé 276 000.

Bien sûr, l’estimation de ces impacts sur la croissance économique est fragile, car elle prend imparfaitement en compte l’effet net des dispositifs. Par exemple, l’investissement dans les énergies renouvelables crée de nouveaux emplois, mais il peut aussi en détruire dans les secteurs des énergies fossiles. Néanmoins, il existe désormais suffisamment de recul pour affirmer que certains investissements verts, bien choisis, génèrent un effet positif sur la croissance et sur l’emploi.

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Des investissements verts pour financer la transition écologique dans tous les domaines : énergies renouvelables, rénovation énergétique des bâtiments, véhicules propres...

Les investissements verts, un levier pour la croissance en temps de Covid ?

Les périodes de récession économique comme celle générée par l’épidémie peuvent rebattre les cartes : la dépense publique s’y montre plus efficace qu’à l’accoutumée pour stimuler l’activité et peut s’appuyer, entre autres, sur les investissements verts.

L’épidémie de Covid-19 a provoqué une crise économique mondiale et une profonde récession. Les deux côtés du marché des biens et services, l’offre et la demande, ont été simultanément frappés par les nombreuses mesures (comme le confinement et la distanciation physique) prises par les gouvernements pour limiter la diffusion du virus. Face à ces difficultés, ces derniers ont mis en place des dispositifs d’aides massifs en faveur des ménages et des entreprises, afin de sauvegarder les revenus et le tissu productif.

Dans un tel contexte, alors que les capacités de production sont largement sous-utilisées, la dépense de l’État montre une efficacité plus forte qu’à l’accoutumée. Les économistes ont ainsi effectué de nombreux travaux ces dernières années montrant que les dépenses de l’État durant la crise financière de 2008 se sont révélées d’une rentabilité plus forte (mesurée par la capacité à stimuler la croissance du PIB) que cela n’avait été le cas avant la crise. Celle-ci a donc constitué un changement de modèle pour l’intervention publique, un modèle où l’efficacité de la dépense publique est multipliée.

Une réponse à l’urgence climatique

La crise sanitaire actuelle s’est accompagnée d’une baisse importante des émissions de GES en France et dans le monde. Cependant, cette baisse n’est que temporaire, liée aux mesures de restriction prises contre l’épidémie. Après la crise financière de 2008, les émissions, après avoir fortement baissé durant les mois de récession, avaient connu un rebond important aux États-Unis puis en Europe. D’où le risque que la sortie de crise actuelle se fasse au détriment des objectifs climatiques.

La relance verte a donc pour ambition que la reprise de l’activité, amorcée déjà dans de nombreux pays en 2021 et dont le mouvement devrait se poursuivre en 2022, ne soit pas synonyme de rebond des émissions.

Un pilier des plans de relance, en France et en Europe

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France Relance

Compétitivité et innovation

35 milliards

  • Baisse des impôts de production : 20 milliards d’euros sur 2 ans
  • Développement industriel sur les territoires : 1 milliard d’euros
  • Soutien aux entreprises : 3 milliards d’euros
  • Programme d’investissements d’avenir : 11 milliards d’euros

Transition écologique

30 milliards

  • Transport (train, vélo...) : 11 milliards d’euros
  • Rénovation énergétique des bâtiments : 7 milliards d’euros
  • Transition énergétique des entreprises : 9 milliards d’euros
  • Amélioration de la richesse des sols + biodiversité : 3 milliards d’euros

Cohésion sociale et territoriale

35 milliards

  • Emploi et formation : 14,1 milliards d’euros
  • Investissements hôpitaux + recherche : 9 milliards d’euros
  • Collectivités locales : 5,2 milliards d’euros
  • Autres (aides sociales, rénovation des ponts...) : 6,7 milliards d’euros

Note : Le Gouvernement a présenté, le 3 septembre 2020, le plan « France Relance ». Doté d’un budget de 100 Md€ sur deux ans et fnancé à 40% par l’Union européenne, il s’appuie sur trois piliers.

Source : gouvernement.fr

Les investissements verts sont au cœur des plans de relance français et européen initiés en 2020 :

En septembre 2020, un plan de relance global de 100 milliards d’euros a été décidé en France. Il s’appuie sur trois piliers : la compétitivité et l’innovation (35 Md€), la transition écologique (30 Md€), et la cohésion sociale et territoriale (35 Md€). L’ensemble des dimensions de la transition écologique est pris en compte. Des investissements sont ainsi prévus dans la rénovation thermique des bâtiments, la décarbonation des sites industriels, le verdissement des parcs automobiles privé et public ainsi que le développement des transports en commun. L’impact environnemental attendu de ces mesures est fort, puisqu’elles devraient entraîner une réduction directe des émissions de GES d’environ 57 millions de tonnes.

Pour en savoir plus sur les investissements dans le cadre du plan de relance européen (Next Generation EU) : le Plan de relance pour l’Europe.

Au niveau européen, le plan de relance Next Generation EU, d’un montant de 750 Md€, a fait l’objet d’un premier accord entre pays membres fin juillet 2020. Il s’appuie sur le pacte vert pour l’Europe, et se propose d’accélérer la transition écologique, grâce à des investissements dans la rénovation énergétique, l’économie circulaire, les énergies renouvelables, le développement de moyens de transports peu émetteurs ou encore l’aide à la reconversion des entreprises vers des activités compatibles avec le développement durable.

Des investissements aux retombées concrètes pour les ménages et les entreprises

De plus en plus de projets sont financés par les citoyens. La construction de centrales photovoltaïques a ainsi été ouverte au financement participatif : voir sur le site de l’ADEME "Investir dans des projets citoyens".

Le volet écologique du plan « France Relance » aura des conséquences nombreuses et directes pour les ménages et entreprises français. Il vise à répondre aussi bien, à court terme, à la crise économique déclenchée par l’épidémie, qu’à des enjeux d’avenir, en mettant l’accent sur la résilience et la transition écologique.

« Le plan de relance que l’État va mettre en place à la rentrée est une opportunité pour enclencher les changements structurels indispensables de l’économie française. Autrement dit, la relance doit être verte. Il faut décarboner l’économie, et il faut le faire vite. Comme l’ont montré le mouvement des gilets jaunes et la Convention citoyenne pour le climat, les Français souhaitent que l’État prenne en charge la décarbonation, au moyen d’investissements publics verts, de subventions, voire d’interdictions. »
Katheline Schubert, professeur d’économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Les ménages et les entreprises seront bénéficiaires mais aussi acteurs de la mise en œuvre de ce plan, notamment par :

  • L’aide à la rénovation énergétique des bâtiments privés : les critères d’éligibilité à MaPrimeRenov’ ont ainsi été élargis à tous les propriétaires occupants et bailleurs et aux copropriétés pour les travaux postérieurs au 1er octobre 2020. Fin mai 2021, 226 749 ménages et copropriétés en bénéficiaient.
  • Le verdissement du parc automobile, grâce à l’élargissement des conditions d’octroi du bonus écologique et de la prime à la conversion. Ces dispositifs connaissent déjà un succès puisque, entre juin 2020 et mai 2021, le nombre de nouvelles immatriculations de voitures électriques a presque triplé par rapport à ce qu’il était un an plus tôt à la même période.
  • La rénovation thermique des bâtiments publics : celle-ci a donné lieu à des appels à projets, qui ont entraîné la sélection de plus de 4 000 d’entre eux, pour un budget de 2,7 Md€. Répartis sur l’ensemble du territoire, ces projets ont vocation à soutenir l’artisanat, les TPE et les PME.
  • La décarbonation de l’industrie, s’appuyant sur
    1. le soutien aux entreprises proposant des projets d’investissements visant à réduire significativement leurs émissions,
    2. l’introduction d’un mécanisme d’assurance indemnisant les industriels contre les variations de prix des énergies carbonées ainsi que l’incitation à s’équiper en systèmes de chauffage bas-carbone et
    3. l’ouverture d’un « guichet efficacité énergétique », afin d’offrir une aide financière rapide aux projets de décarbonation de moindre ampleur.

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