Aménagement

Repenser les déplacements pour préserver les ressources naturelles

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

Malgré l’évolution des manières de se déplacer, la voiture reste indispensable chaque jour pour de nombreux Français. Mais cette dépendance a des conséquences importantes sur l’exploitation des ressources naturelles, en plus des émissions de gaz à effet de serre. L’industrie automobile s’investit dans la recherche de solutions plus respectueuses de l’environnement.

La voiture individuelle et l’environnement

En 2023, 1,8 million de nouvelles voitures ont été mises en circulation en France, dont un peu plus de 300 000 voitures électriques et 160 000 voitures hybrides rechargeables. Par ailleurs, plus de trois Français sur cinq, 63% en 2022, continuent de se montrer pessimistes sur la faisabilité d’un quotidien sans voiture (source : SDES ).

Cette dépendance à la voiture est un grave problème pour les émissions de gaz à effet de serre et la préservation des ressources naturelles. Voitures thermiques, diesel ou à essence, ou électriques ont besoin d’une grande quantité de matières premières énergétiques, métalliques ou minérales pour leur fabrication et leur fonctionnement.

Chiffres

  • 63 % des déplacements réguliers des Français se font en voiture, loin devant la marche, les transports en commun et le vélo.
  • 83 % des foyers français possèdent au moins une voiture en 2023.
  • Plus d’un tiers des Français la considèrent comme essentielle pour leurs déplacements quotidiens.

Selon les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE)  :

  • une voiture électrique contient en moyenne 207 kilogrammes de minéraux (hors acier et aluminium) ;
  • la construction des composants électriques et électroniques, notamment les batteries, nécessite l’utilisation de matières premières dites « critiques », comme le graphite, le cuivre, le cobalt, le nickel, le lithium ou le manganèse, qui sont rares ou épuisées en France et en Europe ;
  • en comparaison, une voiture à moteur essence ou diesel n’a besoin que de 34 kilos de ces matériaux, mais utilise des énergies fossiles, comme le pétrole que l’on doit importer, pour fonctionner.

De plus, comme les voitures deviennent de plus en plus lourdes ces dernières années, elles nécessitent davantage de matériaux pour leur fabrication (source : SDES ).

Cette surconsommation de ressources représente une menace pour l’environnement et un risque pour notre dépendance aux importations. Les conséquences sont multiples :

  • l’exploitation minière peut être à l’origine de problèmes sociaux avec des conditions de travail dangereuses pour les travailleurs et conduire à la destruction d’habitats pour les animaux ;
  • l’utilisation de pétrole dans la fabrication et le fonctionnement des véhicules a des conséquences majeures sur le changement climatique et la santé publique ;
  • les matières premières utilisées dans les voitures, notamment électriques, sont fortement concentrées dans certaines régions du monde.

Quantité de minéraux utilisés dans les voitures électriques et thermiques

Voitures électriques ou thermiques : quelle répartition des minéraux utilisés ?
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Voitures électriques ou thermiques : quelle répartition des minéraux utilisés ?
En kg/véhicule

Cette infographie compare la quantité de différents minéraux utilisés dans la fabrication d’une voiture électrique et d’une voiture thermique (essence ou diesel), exprimée en kilogrammes par véhicule.
La comparaison montre clairement que les voitures électriques nécessitent beaucoup plus de minéraux spécifiques que les voitures thermiques :

Voiture électrique (environ 215 kg de minéraux au total) :

  • Cuivre : environ 55 kg
  • Lithium : environ 10 kg
  • Nickel : environ 50 kg
  • Manganèse : environ 35 kg
  • Cobalt : environ 15 kg
  • Graphite : environ 50 kg
  • Et de petites quantités de terres rares et autres minéraux

Voiture thermique (environ 34 kg de minéraux au total) :

  • Cuivre : environ 20 kg
  • Manganèse : environ 14 kg
  • Pas de lithium, nickel, cobalt ou graphite visibles sur le graphique

Le graphique illustre que les voitures électriques utilisent environ six fois plus de minéraux variés que les voitures thermiques, principalement en raison des batteries. Ces chiffres n’incluent pas l’acier et l’aluminium utilisés dans la carrosserie et la structure des véhicules.

Note : les valeurs présentées concernent l’ensemble du véhicule, y compris les batteries, les moteurs et l’habitacle. Les données pour la voiture électrique sont basées sur une batterie de type NMC (nickel manganèse cobalt) de 75 kWh avec une anode à base de graphite.
Source : AIE

Imaginer des solutions de transport plus respectueuses de l’environnement

Il faut prendre en compte les préoccupations écologiques et sociales tout en préservant la liberté individuelle de se déplacer. La décision de l’Union européenne d’interdire la vente des véhicules thermiques neufs d’ici 2035 est une étape importante pour atteindre la neutralité carbone dans le secteur des transports d’ici 2050.

Pour réussir cette transformation, les entreprises, en particulier dans le secteur automobile, jouent un grand rôle clé en développant de nouvelles technologies plus respectueuses de l’environnement.

L’industrie automobile est la première branche de recherche des industries manufacturières en France. Elle investit plus de 4 milliards d’euros par an en recherche et développement, devant l’aéronautique et l’industrie pharmaceutique (source : filière PFA).

Pour développer des véhicules plus respectueux de l’environnement, les constructeurs travaillent principalement sur :

  • le passage aux moteurs électriques et hybrides ;
  • l’utilisation plus économe des matériaux dans les véhicules ;
  • le recyclage des matériaux critiques ;
  • l’éco-conception des véhicules pour faciliter leur recyclage.

Pour encourager la recherche et l’innovation, les entreprises traditionnelles et les startups travaillent ensemble pour :

  • le développement de nouveaux services de transport pour réduire l’usage et le nombre de voitures ;
  • des solutions de covoiturage intelligent pour faciliter les déplacements en ville ;
  • des plateformes de partage de véhicules électriques en libre-service ;
  • des systèmes autonomes de transports en commun.

Les pouvoirs publics encouragent ces projets de recherche et d’innovation avec des avantages fiscaux, subventions, ou partenariats public-privé. Par exemple, le plan d’investissement « France 2030 » prévoit un milliard d’euros d’aide à l’industrie automobile pour des projets sur les batteries électriques.

Difficile de réduire la dépendance à la voiture individuelle

L’offre de transport se transforme grâce aux efforts des entreprises, des citoyens et des pouvoirs publics pour développer des solutions alternatives à la voiture individuelle. Mais cette évolution rencontre plusieurs obstacles.

  • Des routes faites pour la voiture, pas pour les alternatives : l’aménagement actuel des villes et des routes privilégie l’automobile. Le manque d’infrastructures adaptées pour les piétons, les cyclistes et les transports en commun rend ces alternatives moins pratiques au quotidien.
  • L’attachement des Français à leur véhicule personnel : la voiture représente la liberté, l’indépendance et la flexibilité pour beaucoup. En 2023, plus d’un quart des Français déclarent qu’ils garderont leur voiture, même en cas d’augmentation des coûts ou face à de meilleures alternatives comme les transports en commun, la marche ou le vélo (source : SDES ).
  • Des solutions de transport différentes selon les régions : dans les campagnes et en périphérie des villes, les transports en commun sont souvent peu développés, et les distances trop longues pour la marche ou le vélo.
  • Les coûts des innovations : les technologies de transport plus propres nécessitent d’importants investissements en recherche et en matières premières ou recyclées, ce qui se répercute généralement sur les prix d’achat. Ces coûts élevés peuvent ralentir le développement de solutions prometteuses, comme les batteries alternatives sans lithium.

La transition vers des transports plus écologiques implique ainsi une mobilisation des pouvoirs publics, des consommateurs et de l’industrie automobile. Réduire la dépendance à la voiture demande de remettre en cause sa place dans le quotidien.

Plusieurs solutions se développent, comme le télétravail, la visioconférence, les services de santé et d’éducation à distance ou les achats en ligne. Mais il est essentiel de bien mesurer les conséquences environnementales et sociales de ces solutions.

Des jeunes entreprises en première ligne pour imaginer le futur des déplacements

Un nombre important de « startups » se tournent vers les voitures électrique et autonomes, le partage de véhicules et le covoiturage.

Pour les aider, les constructeurs automobiles investissent dans ces jeunes entreprises ou établissent des partenariats avec elles. Selon une étude de Via ID et Dealroom.co , le secteur des transports a attiré un investissement massif de 2,5 milliards d’euros en capital-risque en 2023 en France. Le pays est ainsi le deuxième investisseur européen dans le secteur, derrière le Royaume-Uni mais devant la Suède.

Actuellement, la France compte 127 startups dédiées à la mobilité. Parmi elles, deux ont atteint le statut de "licorne", c’est-à-dire une entreprise valorisée à plus d’un milliard d’euros :

  • NW Groupe, spécialisée dans le stockage d’électricité et la recharge électrique haute puissance ;
  • BlaBlaCar, référence internationale en matière de covoiturage.

Le programme de l’État «  French Tech 2030  » soutient aussi ces jeunes entreprises prometteuses.