Biodiversité : podcast

Retour sur la page défis: Déclin de la biodiversité
Publié le | Commissariat général au développement durable

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Un podcast pour approfondir la question du déclin de la biodiversité à travers la biodiversité en outre-mer.

Le saviez-vous ? La France détient la quatrième plus grande surface de récifs coralliens et de lagon au monde ! Elle détient aussi le deuxième espace maritime mondial après les États-Unis.
Cet espace maritime abrite une grande diversité d’espèces et de milieux, mais ces écosystèmes sont fragiles et les activités humaines les affectent en outre-mer …
Le corail, c’est minéral, animal ou végétal ? Pourquoi est-ce qu’on trouve dans les récifs coralliens un quart de la biodiversité marine ? Qu’est ce qui menace les coraux et dans quel état sont les récifs dans les eaux françaises ?
Quels sont les superpouvoirs des mangroves ? Comment se portent-elles et par quoi sont-elles menacées ? Et la forêt en Guyane, comment évolue-t-elle ?
Toutes les réponses sont dans ce podcast de 10 minutes.

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Si l’on vous demande où peut-on voir des récifs coralliens, vous allez peut-être penser à la grande barrière de corail, en Australie.

Mais savez-vous qu’il y en a dans les eaux françaises ?

Il y en a même beaucoup : la France détient la quatrième plus grande surface de récifs coralliens et de lagon au monde !

Elle détient aussi le deuxième espace maritime mondial après les États-Unis. Il s’étend sur plus de 10 millions de km² (plus de 20 fois la surface de la métropole), et 97 % se situent dans l’Outre-mer !

Cet espace maritime abrite une grande diversité d’espèces et de milieux.

Mais ces écosystèmes sont fragiles.

Dans ce nouvel épisode, nous allons parler de biodiversité, notamment dans les Outre-mer...

Et tenter de comprendre comment les activités humaines affectent les écosystèmes ultramarins.

Armel Hemme (AH) : Bonjour, je m’appelle Armel Hemme

Vous écoutez Notre environnement monte le son ... , le quatrième et dernier épisode d’une série spéciale enregistrée à l’occasion de la sortie du rapport sur l’ État de l’environnement en France .

***

l’ État de l’environnement en France, c’est un rapport publié tous les 4 ans, depuis 30 ans. Il est produit par le Commissariat Général au Développement Durable.

La première édition, en 1994, suivait de peu le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, un moment majeur dans la prise en compte des questions liées à l’environnement au niveau mondial.

Ce rapport sur l’ État de l’environnement s’adresse à tous, dans un souci de partage de la connaissance, de partage de l’information environnementale, pour nous guider dans nos prises de décisions individuelles et collectives...
Il nous renseigne précisément sur quatre phénomènes en cours : l’épuisement des ressources naturelles, la pollution des milieux naturels, le changement climatique, et le déclin de la biodiversité.

Alexis Cerisier-Auger, bonjour !

Alexis Cerisier-Auger) : Bonjour Armel !

AH : Vous êtes chargé de mission biodiversité et milieux humides au Commissariat Général au Développement Durable...

J’évoquais les récifs coralliens, en introduction... On a tous déjà vu (sur un écran, à la télé, sur un ordi...) des images de coraux peuplés de poissons colorés - mais certains auditeurs se posent peut-être la question : le corail, c’est minéral, animal ou végétal ?

Alexis Cerisier-Auger : Alors ce n’est ni minéral ni végétal contrairement à ce que l’on pourrait penser. Le corail c’est un animal marin ou plus précisément un ensemble de petits animaux, les « polypes », qui vont se regrouper pour former un squelette calcaire que l’on appelle le corail.

AH : Les récifs coralliens abritent 25 % de la vie marine. Pourquoi est-ce qu’on y trouve un quart de la biodiversité marine ?

Alexis Cerisier-Auger : Les récifs coralliens abritent effectivement une biodiversité exceptionnelle !

D’après les derniers inventaires que l’on a réalisés, ce ne sont pas moins de 4 000 espèces de poissons et 800 espèces de coraux constructeurs qui dépendent de ces milieux.

Cette biodiversité, elle tire profit de nombreux bénéfices. Ces récifs vont jouer un rôle dans la protection de nombreuses espèces. Par exemple, en période de reproduction ou lors de la croissance des alevins.

Ce sont aussi de véritables garde-manger puisqu’ils vont permettre la production de nutriments. Ces récifs sont aussi interconnectés avec d’autres milieux comme les mangroves ou les herbiers marins. On va alors pouvoir observer des échanges entre ces milieux qui vont s’enrichir mutuellement.

Malheureusement, l’équilibre de ces écosystèmes est menacé, en grande partie par les activités humaines. Localement, ils peuvent être affectés par les aménagements côtiers, la plaisance, le transport maritime, l’agriculture, etc.

À l’échelle régionale ou mondiale, ils souffrent de l’augmentation de la température et de l’acidification des océans... Mais aussi d’autres pressions comme les événements météo extrêmes ou encore les espèces exotiques envahissantes, comme l’astérie, une étoile de mer.

AH : Qu’est-ce que cela produit comme effet sur les coraux ?

Alexis Cerisier-Auger) : On constate deux phénomènes principaux. L’un est très visible et est lié à la hausse de la température de l’eau. Le corail vivant va alors progressivement se décolorer et mourir. On appelle ça le blanchissement. On estime que 1 à 2 degrés de plus pendant 2 semaines peut suffire à blanchir massivement le corail. Le second phénomène, est lié à l’acidification des océans et va avoir un impact sur la croissance du corail en menaçant sa survie sur le long terme.


AH : Quel est l’état des récifs coralliens des eaux françaises ?

Alexis Cerisier-Auger : On constate des différences entre les territoires. En 2020, dans les îles du Pacifique et les îles Éparses de l’océan Indien, 70 % des récifs étaient en bon état alors que dans les Antilles françaises, à Mayotte et à la Réunion, 62 % étaient dans un état dégradé.

L’autre habitat côtier tropical par excellence qui concentre de nombreuses espèces et mérite toute notre attention c’est : les mangroves.

Les mangroves, ce sont des forêts amphibies très denses que l’on peut retrouver à la frontière entre le milieu terrestre et marin. Elles sont composées de palétuviers. Ce sont des arbres tropicaux dont les racines plongent dans l’eau. Cette eau peut être salée ou saumâtre, c’est-à-dire une eau douce et salée à la fois.

Ces écosystèmes couvrent 88 000 hectares dans 10 des 12 territoires d’outre-mer...

AH : Quels sont les superpouvoirs des mangroves ?

Alexis Cerisier-Auger : C’est un réservoir de biodiversité qui accueille de nombreuses espèces. Parmi ces espèces on va retrouver la mangouste, le raton crabier, ou encore, le petit crabe nageur.

Comme les récifs, ce sont des habitats où les espèces vont pouvoir se reproduire et où les petits vont être protégés des prédateurs. Indirectement, les mangroves protègent aussi les populations locales des cyclones et des tsunamis, et limitent l’érosion du littoral. Par exemple, dans la baie de Bouéni au sud de Mayotte, une mangrove de plus de 200 ha a permis de protéger du cyclone Chido les villages et les embarcations. On voit ici très concrètement le rôle important qu’ont les mangroves mais ce n’est pas tout.

Elles ont aussi un rôle dans le stockage :

  • stockage des sédiments qui proviennent du territoire et sont déversés dans les eaux, ce qui permet une eau plus pure, plus limpide.
  • Mais aussi, stockage du carbone, en grande quantité qui fait des mangroves, l’ensemble forestier qui capte le plus de CO2.

AH : Comment évoluent ces mangroves dans les eaux françaises ? Il y a du positif et du négatif je crois...

Alexis Cerisier-Auger : Là encore, on peut observer une situation très contrastée entre les territoires. Les mangroves de Saint-Martin ont connu une perte de leur surface de 40 %, celles de Saint-Barthélemy de 65 %. Et pourtant, en Guadeloupe, elles ont progressé de 19 % depuis 1950.

AH : Par quoi sont-elles menacées ?

Alexis Cerisier-Auger : Sur le littoral, l’empreinte de l’homme est partout. On aménage le territoire en construisant des canalisations, en déviant les cours d’eau et en artificialisant les sols par l’urbanisation notamment.
Il y a aussi les pollutions, qui affluent de certains bassins-versants vers les rivières puis vers la mer, et affectent les mangroves. La menace est donc multiple et elle favorise la fragmentation et la dégradation de ce milieu.

Les forêts maintenant...
Quand on parle de déforestation, on pense souvent du Brésil... En Guyane, territoire voisin, la forêt est vaste - environ 8 millions d’hectares, soit un tiers de la forêt française ! Est-elle préservée ? C’est ce que je croyais...

AH : En réalité, là aussi la forêt recule (dans des proportions beaucoup plus modestes qu’au Brésil heureusement)... Pourquoi ce recul ?

Alexis Cerisier-Auger : Plusieurs facteurs comme l’accroissement démographique et le développement des activités minières - qu’elles soient légales ou illégales - sont responsables de ce recul. Les forêts sont « grignotées » au profit de zones minières, agricoles ou urbanisées.

Les conséquences, elles sont multiples :

  • Sur les habitats et les espèces qui disparaissent
  • Sur l’eau aussi qui va être polluée et donc plus difficile à traiter
  • Et sur les populations locales où l’on va voir apparaître des problèmes sanitaires liés à leurs habitudes alimentaires. Par exemple, en Guyane, on a des populations amérindiennes qui subissent des contaminations en consommant des poissons pollués au mercure lié à l’extraction illégale de l’or.

AH : Dans le rapport on lit qu’entre 1990 et 2020, la superficie forestière guyanaise a diminué de 1,5 %.
1,5 % en 30 ans, les dommages semblent limités...

Alexis Cerisier-Auger : Oui, c’est ce que l’on pourrait penser au premier abord mais la destruction de la forêt peut avoir des effets en cascade sur les espèces notamment sur les plus vulnérables. Il a été démontré récemment sur le plateau des Guyanes qu’une perte de moins de 11 % de forêt pouvait conduire à un déclin de plus du quart des poissons et des mammifères du territoire.

Et toutes ces données sont à retrouver dans le rapport sur l’ État de l’environnement .

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On a parlé d’écosystèmes spécifiques aux outre-mer, avec vous Alexis, mais la question de la biodiversité se pose dans les mêmes termes pour bien d’autres écosystèmes...

A ce jour, 2 millions d’espèces ont été inventoriées sur Terre. 10 % des espèces décrites dans le monde sont présentes en France - soit un peu plus de 200.000...

On l’a compris, la France en tant que carrefour biogéographique concentre un patrimoine naturel d’une exceptionnelle diversité mais qui subit de multiples pressions : destruction des milieux naturels, surexploitation des ressources, changement climatique, pollution, espèces exotiques envahissantes.
Aujourd’hui, la France est au 10e rang des pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées. Elle a donc de grandes responsabilités dans la protection.

Pour tenter d’inverser la tendance et de préserver ses écosystèmes, la France a déjà pris des mesures, il faut le souligner... On peut citer la Stratégie nationale pour les aires protégées : qui fixe des objectifs de protection à l’horizon 2030, notamment de protéger 30 % du territoire national, dont 10 % en protection forte comme les parcs nationaux ou encore les réserves.

La France a dépassé le premier objectif : 33 % du territoire national est couvert par une aire protégée...

Le citoyen est également largement impliqué dans cette démarche lors des campagnes de sensibilisation et de communication.

AH : Alexis Cerisier-Auger, chargé de biodiversité et milieux humides au Commissariat Général au Développement Durable... Merci d’être venu à ce micro !

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C’était le dernier épisode d’une série spéciale consacrée au Rapport sur l’ État de l’environnement en France .. Vous pouvez consulter ce rapport, très accessible, sur Notre environnement.

Vous écoutiez Notre environnement monte le son ... ! Disponible sur toutes les plateformes de podcast.

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