Économie

Typologie de l’offre touristique des communes littorales métropolitaines

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Le tourisme est une ressource économique majeure en bord de mer. Parmi les activités de l’économie maritime, c’est celle qui génère le plus d’emplois. Ainsi, d’après les travaux de l’Ifremer, le tourisme représente environ 220 000 emplois en 2009. L’afflux saisonnier de millions de personnes n’est pas sans poser de problèmes d’aménagement du territoire, de traitement des déchets et des nuisances, de mitage des milieux naturels littoraux et de conflits d’usage avec les autres activités.

Les capacités d’hébergement et les types d’accueil varient sur le littoral métropolitain. On trouve à la fois de petites communes rurales peu touristiques et de grandes stations balnéaires disposant de milliers de lits pour les touristes.

L’analyse statistique a révélé 7 classes de Commune littorale suivant les types et le niveau d’accueil. Quelle que soit la classe étudiée, les résidences secondaires sont très majoritaires dans l’accueil, environ les trois quarts des lits.

Les plus forts niveaux d’hébergement se concentrent de la Bretagne Sud à la frontière espagnole et sur le littoral méditerranéen continental. Ils sont plus ponctuels sur la façade Manche Est - mer du Nord, sur le littoral Nord de la Bretagne et en Corse.

Le littoral de l’arc atlantique est marqué par l’importance des communes spécialisées dans l’accueil de plein air (Bretagne Sud, Vendée et Aquitaine). Le littoral méditerranéen continental est caractérisé par la présence de nombreuses communes très touristiques, la Côte d’Azur se démarquant par de grandes villes ayant une offre hôtelière, dont des hôtels haut de gamme, très importante.

Les communes très peu touristiques sont surtout situées en Manche Est - mer du Nord, sur les estuaires bretons, dans les marais atlantiques, à l’arrière de certaines lagunes méditerranéennes et en Corse (cap Corse et côte orientale notamment).

Caractéristiques des 7 classes typologiques

Sept classes typologiques basées sur les caractéristiques de l’accueil marchand et non marchand des communes littorales métropolitaines (nombre total de lits et répartition entre types d’accueil) ont été déterminées par l’analyse statistique (analyse en composantes principales suivie d’une classification mixte). Elles ont été étudiées au regard de variables qualitatives supplémentaires (type de commune – pôle urbain, commune périurbaine, commune rurale) et surtout quantitatives (démographie, emploi, occupation du sol…).

Cela a permis de croiser la connaissance de l’accueil touristique avec des critères variés et complémentaires. Pour cette analyse, seules les communes littorales métropolitaines ont été étudiées du fait de l’absence de certaines données pour les outremer.

Quelle que soit la classe étudiée, les résidences secondaires représentent l’essentiel de l’offre d’hébergement recensée. Selon les classes, elles regroupent de 70 à 83 % de l’offre, la moyenne des communes littorales métropolitaines étant de 79 %.

Classe 1 : petites communes très peu touristiques
Cette classe est la plus importante. Elle regroupe plus du tiers des communes littorales, 336 communes sur 885. La capacité d’accueil moyenne des communes y est de 937 lits. C’est 9 fois moins que la moyenne littorale, loin derrière les autres classes. Avec une moyenne de 176 lits par commune, la capacité d’accueil marchand y est plus de 12 fois plus faible que la moyenne des communes littorales. On ne compte, par ailleurs, que 1,4 équipement touristique par commune. Cette classe caractérise donc les communes très peu touristiques du littoral. Parmi celles-ci, peu sont des pôles urbains et la population est, en moyenne, de 2 250 habitants par commune, contre une moyenne de près de 7 000 sur l’ensemble du littoral. La population y a assez nettement progressé de 1999 à 2010 : +9,2 %, contre une moyenne de 5,9 %.

La population y est plutôt jeune. Les plus de 60 ans regroupent moins d’un quart des résidents. L’agriculture est très présente, les terres agricoles recouvrent près de 60 % du territoire. L’emploi industriel tient une place non négligeable. Sa part dans l’emploi y est deux fois plus importante que la moyenne littorale.

Classe 2 : petites communes faiblement touristiques, avec camping d’entrée de gamme
Cette classe regroupe plus d’une commune littorale métropolitaine sur cinq (190 communes). Leur capacité d’accueil touristique est faible, près de 2 500 lits. Elle est tout de même 2,5 fois supérieure à celle de la première classe. La capacité marchande par commune y est 4 fois supérieure (661 lits contre 176). Cela correspond surtout à des campings d’entrée de de la Mer et du Littoral gamme. On compte, par ailleurs, quelques équipements de loisirs, en moyenne de 3,2 par commune. Les communes de cette classe sont plus rurales et périurbaines que la moyenne littorale. La population par commune est faible même si elle a augmenté de 8,2 % de 1999 à 2010. La part des habitants de plus de 60 ans est dans la moyenne des communes littorales.

La part de l’emploi agricole est 3 fois plus importante que la moyenne littorale, l’emploi industriel étant aussi important. La part des territoires artificialisés dans l’occupation du sol est la plus faible des 7 classes et les terres agricoles occupent plus de la moitié du territoire des communes concernées.

Classe 3 : communes touristiques, tourisme de plein air
Cette classe compte 135 communes, soit 15 % des communes littorales. La capacité d’accueil touristique est un peu plus élevée que la moyenne littorale : 9 940 lits contre près de 8 700. L’accueil marchand est important. Il comprend beaucoup de campings, dont une part importante de campings haut de gamme. Les autres types d’accueil marchand sont nettement moins importants. Les résidences secondaires sont, par ailleurs, assez nombreuses (près de 7 000 lits par commune). Enfin, on dénombre un peu plus de 8 équipements de loisir par commune. La répartition entre communes rurales, périurbaines et urbaines est proches de la moyenne littorale, le nombre d’habitants par commune étant plus faible.

Cela confère à ces communes un taux de fonction touristique assez élevé : 2,5. Ces communes ont eu une croissance démographique forte depuis 1999 (+12,6 %) et un résident sur trois a plus de 60 ans. Ce taux est parmi les plus élevés des 7 classes. La répartition des grands types d’occupation du sol se situe dans la moyenne littorale.

Classe 4 : communes touristiques, accueil diversifié
Cette classe contient 54 communes, soit 6 % des communes littorales métropolitaines. Elle est assez proche de la classe 3 pour de nombreux indicateurs. Elle en diffère par la répartition des types d’accueil. La capacité moyenne est un peu plus faible que celle des communes de la classe 3, du fait d’une capacité marchande moindre. Les campings sont moins importants, surtout en haut de gamme, alors que les villages vacances sont plus nombreux. La population par commune est assez faible (environ 3 400). Ainsi, le taux de fonction touristique moyen est de 2,7. C’est le plus élevé derrière la classe 5. La progression démographique a été très nette entre 1999 et 2010 : +12,9 %. La répartition des grands types d’occupation du sol est dans la moyenne littorale. On note plus de territoires artificialisés et un peu moins d’espaces naturels que la classe 3.

Classe 5 : communes très touristiques, résidences secondaires et accueil marchand diversifié
Cette classe comporte 65 communes. La capacité d’accueil est très forte, près de 31 700 lits. Seule la classe 7 présente une valeur supérieure. La capacité d’accueil marchand est très élevée, plus de 9 000 lits. Sa part dans la capacité totale est la plus importante parmi les 7 classes. La capacité moyenne d’accueil en campings est la plus forte avec de nombreux campings hauts de gamme. Il en est de même pour les villages vacances. Seul le tourisme associatif est assez peu représenté. Les communes sont plutôt urbaines et la population par commune est d’environ 7 000 habitants, soit nettement moins que les classes 6 et 7. Le taux de fonction touristique moyen est de 4,5. C’est, de loin, le plus élevé des 7 classes. La population a fortement augmenté depuis 1999 : +14,7 %. C’est la plus forte progression. Les terres agricoles n’occupent qu’un quart du territoire alors que les territoires artificialisés et les espaces naturels sont importants.

Classe 6 : villes et stations balnéaires
Cette classe comprend 79 communes. La capacité d’accueil touristique est forte, en moyenne 16 600 lits, soit moins que les classes 5 et 7. La capacité marchande est moyenne. Sa part dans la capacité d’accueil est la plus faible des 7 classes, après la classe 1. Les hôtels prennent une part assez importante.

Les résidences secondaires sont nombreuses. Ces communes comportent, par ailleurs, beaucoup d’équipements de loisirs : 21 par commune. Trois communes sur quatre sont urbaines. C’est le plus fort taux, après la classe 7. Il en est de même pour le nombre moyen d’habitants par commune, environ 22 000. Ainsi, le taux de fonction touristique est seulement de 0,7. C’est le plus faible des 7 classes après la classe 1. La progression démographique a été très faible depuis 1999, seulement +1,1 %. Les territoires artificialisés sont nombreux. Ils occupent un quart du territoire. C’est la plus forte part des 7 classes. Les espaces naturels sont aussi importants et l’agriculture très faible.

Classe 7 : grands centres très touristiques
C’est la plus petite des 7 classes avec seulement 26 communes. La capacité d’accueil touristique moyenne est très forte : 65 600 lits. C’est plus de 2 fois plus que la deuxième capacité moyenne la plus forte (classe 5). La capacité marchande moyenne est la plus forte des 7 classes. La capacité en hôtels, dont les hôtels haut de gamme, est nettement plus forte que dans les autres classes. Les résidences secondaires et les résidences de tourisme sont aussi très importantes. On compte, par ailleurs, 76 équipements de loisir par commune. Toutes les communes sont des pôles urbains, avec 75 000 habitants, en moyenne. Ainsi, le taux de fonction touristique est de 0,9, soit moins que la moyenne littorale de 1,2. La population a moyennement progressé entre 1999 et 2010 : +4,5 %. Les territoires artificialisés sont très importants (22 % du territoire) et les terres agricoles peu nombreuses (31 %). Enfin, les activités tertiaires représentent 87 % des emplois. C’est le plus fort taux des 7 classes étudiées.

Caractérisation des 7 classes typologiques
Illustration 1496
Illustration 1496

Analyse par façade

La répartition des communes par classe typologique n’est pas homogène selon les façades.

Les communes très peu touristiques (classe 1) sont nombreuses sur la façade Manche Est – mer du Nord, où elles regroupent plus d’une commune sur deux. Elles sont très importantes en Haute et Basse-Normandie. Elles sont peu présentes sur le reste du littoral, à l’exception de la Corse (43 % des communes). On en dénombre que 2 sur le littoral d’Aquitaine, soit 4 % des communes littorales de cette région.

La classe 2, regroupant des communes peu touristiques, a une répartition géographique proche de la première classe. Les communes concernées sont importantes sur la façade Manche Est – mer du Nord, plutôt en Picardie et dans le Nord – Pas-de-Calais. Elles sont assez nombreuses en Bretagne ainsi qu’en Corse. Elles sont peu importantes en Poitou-Charentes, en Aquitaine et en Méditerranée continentale.

La classe 3, caractérisant les communes spécialisées dans le tourisme de plein air, sont très nombreuses en Atlantique, des Pays de la Loire à l’Aquitaine, où elles regroupent plus d’une commune littorale sur cinq, ainsi qu’en Picardie. Leur part est moins importante sur les autres façades, surtout dans les deux régions normandes et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

La classe 4 n’est jamais très importante, quelle que soit la façade étudiée. Sa part maximale est de 12,5 % dans les Pays de la Loire. Elle est proche de 5 % sur de nombreuses façades.

Les classes 5, 6 et 7 regroupent les communes ayant les plus fortes capacités d’accueil. On note une nette opposition Nord/ Sud concernant leur répartition sur le littoral. Elles sont quasi absentes de la frontière belge à la Bretagne, assez nombreuses des Pays de la Loire à l’Aquitaine et très nombreuses en Méditerranée continentale, le littoral corse se démarquant avec une représentation assez faible des communes de ces trois classes.

La classe 5 est importante en Aquitaine, où elle regroupe près de 40 % des communes. Elle représente près d’une commune sur cinq dans les Pays de la Loire et en Méditerranée continentale. La classe 6 représente moins de 10 % des communes en mer du Nord, Manche et Atlantique. Elle regroupe une commune sur trois sur le littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur et 15 % dans le Languedoc-Roussillon. Enfin la classe 7, regroupant les communes aux plus fortes capacités d’accueil, est absente en Manche Est – mer du Nord et peu présente en Manche Ouest et en Atlantique. Elle regroupe près d’une commune littorale sur cinq en Paca, en nette opposition avec les autres façades littorales régionales.

Dans le détail

La classe 1, petites communes très peu touristiques, est assez représentée sur les littoraux de Seine-Maritime, du Calvados et de la Manche. On retrouve aussi des communes de cette classe au nord et à l’ouest de la Bretagne, ponctuellement au sud de la région. Ce sont souvent des communes situées sur les estuaires ou les abers, sans façade directe sur le littoral. En Atlantique, elles sont surtout situées dans les grands marais comme le marais poitevin ou le marais de Brouage. En Méditerranée, on retrouve surtout ces communes sur le cap Corse, ponctuellement ailleurs sur l’île, surtout à l’est, ainsi qu’autour de l’étang de Berre et à l’arrière de quelques lagunes du Languedoc.

La classe 2 (petites communes faiblement touristiques, avec camping d’entrée de gamme) se retrouve surtout de la frontière belge au Morbihan, et en Corse. Elles est particulièrement représentée autour de la baie de Somme, ponctuellement en Normandie, dans le Léon (Finistère Nord), et dans les communes estuariennes du Morbihan. En Corse, elle est importante sur le cap Corse et à l’ouest de l’île, en opposition à la classe 1.

La classe 3, communes touristiques, tourisme de plein air, se retrouve surtout sur l’arc atlantique et sur le littoral de la Somme. On retrouve des communes de cette classe ponctuellement sur le reste du littoral. Elle est surtout importante sur le littoral sud de la Bretagne, en Vendée et en Aquitaine.

Les communes de la classe 4, communes touristiques, accueil diversifié, sont réparties sur tout le littoral. On en trouve très peu en Seine-Maritime et dans les Côtes d’Armor, aucune en Picardie.

Les communes de la classe 5 (communes très touristiques, résidences secondaires et accueil marchand diversifié) se concentrent de l’ouest finistérien à la Méditerranée. Elles sont particulièrement nombreuses dans les trois départements littoraux d’Aquitaine. Cette classe regroupe d’importantes communes touristiques comme Saint-Jean-de-Monts, Lège-Cap-Ferret, Ramatuelle ou encore le Grau-du-Roi.

La classe 6, villes et stations balnéaires, regroupe l’essentiel des villes importantes et des stations balnéaires de la mer du Nord, de la Manche et de l’Atlantique. Cela concerne par exemple Dunkerque, Calais, le Touquet, Dieppe, Fécamp, le Havre, Cherbourg, Saint-Brieuc, Perros-Guirrec, Brest, Vannes, Saint-Nazaire, Royan et Arcachon. En Méditerranée, cette classe regroupe de nombreuses communes touristiques comme Saint-Tropez, Sète, les Saintes-Maries-de-la-Mer ou Bonifacio.

La classe 7 représente les très grandes stations balnéaires de l’arc atlantique et surtout de Méditerranée, à l’accueil haut de gamme. Cela concerne Saint-Malo, Quiberon, la Baule, les Sables-d’Olonne, la Rochelle, Anglet, Biarritz et Saint-Jean-de-Luz sur l’arc atlantique. En Méditerranée, cette classe est très représentée sur la Côte d’Azur (Hyères, le Lavandou, Sainte-Maxime, Saint-Raphaël, Cannes, Antibes ou Nice) et ponctuellement ailleurs : Argelès-sur-Mer, Agde, la Grande- Motte, Arles, Calvi et Porto-Vecchio.

Focus sur le taux de fonction touristique

Le taux de fonction touristique (nombre de Lits touristiques divisé par la population communale) est un indicateur de pression touristique intéressant. Il permet de quantifier la multiplication théorique de la population en période d’afflux des touristes (maximum en août), le tourisme se concentrant fortement dans l’espace et dans le temps. Cette double concentration implique de fortes pressions environnementales sur les territoires littoraux concernées. Les collectivités locales doivent traiter d’importantes quantités de déchets et d’eaux usées supplémentaires, répondre à de forts besoins en énergie et en eau potable saisonniers. Cela induit, par ailleurs, une artificialisation supplémentaire de l’espace et un afflux important de personnes sur les milieux naturels, nombreux sur le littoral. Les plus forts taux de fonction correspondent aux classes 3, 4 et 5 de la typologie. Les communes concernées sont particulièrement concentrées sur la façade atlantique, de la baie d’Audierne à la frontière espagnole, sur le littoral du Languedoc-Roussillon, dans le Var, et ponctuellement sur la façade Manche Est - mer du Nord, sur le littoral nord de la Bretagne, et en Corse.

Méthodologie

La capacité d’accueil touristique et la part des différents types d’hébergement marchand ou non marchand sont variables sur le littoral. Les communes littorales offrent de nombreux visages depuis les communes rurales peu touristiques aux communes urbaines avec une offre marchande variée et haut de gamme.

Une typologie statistique a été définie afin d’analyser comment se répartit cette offre. Pour cela, plusieurs paramètres ont été pris en compte à l’échelle des communes littorales :

  • nombre de lits en chambres d’hôtels, avec la répartition entre hôtels haut de gamme (trois étoiles et plus) et bas de gamme (une ou deux étoiles) ;
  • nombre de lits en campings avec la répartition entre campings haut de gamme (trois étoiles et plus) et bas de gamme (une ou deux étoiles) ;
  • nombre de lits en résidences de tourisme ou hôtelières ;
  • nombre de lits en villages vacances et maisons familiales ;
  • nombre de lits en résidences secondaires.

Deux analyses successives ont été faites sur ce lot de données : Analyse en composantes principales (ACP) puis Classification hiérarchique ascendante (CHA). Ces analyses ont été utilisées pour définir des sous-populations homogènes de communes littorales en fonction des paramètres étudiés.

L’analyse aboutit à une typologie objective de l’offre touristique sur le littoral.

Ce travail prend en compte un large panel d’hébergements marchands (hôtels, campings, résidences de tourisme, villages vacances...). Il n’existe pas de statistiques fiables sur les gîtes, les chambres d’hôte ou les meublés qui peuvent localement représenter de fortes capacités et qui ne sont donc pas intégrés dans cette analyse.

Auteur : Service de la donnée et des études statistiques (SDES).

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