Opinion des Français sur l’environnement : « le changement climatique c’est ici et maintenant »

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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L’enquête annuelle « Environnement et climat : opinions des Français en 2024 » présente les perceptions, attitudes et comportements des Français face aux enjeux environnementaux. Elle a interrogé un échantillon de 1 882 personnes et a été réalisée pour la seconde année consécutive en partenariat avec Sciences Po. Rencontre avec son auteur, Éric Pautard, sociologue au Commissariat général au développement durable (CGDD).

L’édition 2024 de l’enquête « Environnement et Climat : opinions des Français » montre que les préoccupations des Français ont évolué : les catastrophes naturelles sont maintenant en tête, devant le changement climatique. Comment l’expliquez-vous ?

Éric Pautard  : Ce que montre ce résultat, c’est une bascule : le changement climatique n’est plus perçu comme une menace lointaine et abstraite, mais comme une réalité concrète pour les Français. Les épisodes récents de canicule, de sécheresse, de tempêtes, d’inondations et de feux de forêts, comme ceux en Gironde en 2022, ont rendu ces conséquences très réelles et proches de chez soi. Dans le Pas-de-Calais, les inondations à répétition posent la question de l’habitabilité des territoires. Près de 7 Français sur 10 disent déjà ressentir les effets du changement climatique ou les redouter. Nous sommes entrés dans une nouvelle époque : le changement climatique, c’est ici et maintenant. La baisse observée ne reflète pas un désintérêt, mais une façon plus tangible de le vivre et de l’appréhender.

Les Français craignent-ils que les politiques climatiques nuisent à leur pouvoir d’achat ?

Éric Pautard  : Les résultats du baromètre réalisé avec Sciences Po sont à la fois encourageants et nuancés. Les Français sont conscients que les mesures pour lutter contre le changement climatique auront des impacts sur l’économie et leurs modes de vie. Pourtant, une majorité des enquêtés continue de privilégier l’environnement, même si cela implique certains renoncements. Un Français sur deux estime qu’il est préférable de défendre l’environnement, tandis qu’un Français sur cinq priorise le pouvoir d’achat. Contrairement à la crainte d’un rejet des politiques écologiques, on observe une adhésion assez forte : sur 13 mesures testées, la plupart sont jugées souhaitables. Cela montre une population lucide, prête à envisager des transformations nécessaires, sans repli sur ses seuls intérêts.

Quelles sont les mesures environnementales les plus soutenues par les Français, et celles qui le sont moins ?

Éric Pautard : Les mesures les plus populaires sont celles qui visent à subventionner les transports publics, à renforcer les normes agricoles, à réguler l’artificialisation des sols ou à rendre obligatoire la rénovation énergétique des logements. Ces mesures semblent faire consensus, y compris dans les zones rurales.
Mais dès que l’on touche à la mobilité, et notamment à la voiture, les résultats sont plus contrastés. L’interdiction de vendre des voitures thermiques d’ici 2035 est un sujet de crispation, tout comme la hausse des taxes sur les carburants ou les restrictions d’accès aux centres-villes. Cela s’explique par plusieurs facteurs : d’abord, la voiture reste indispensable dans de nombreux territoires. Ensuite, elle incarne une liberté individuelle, une autonomie, un espace personnel, ce qui rend toute remise en cause plus difficile à accepter.

Le baromètre évoque le phénomène de l’éco-anxiété. Quelle ampleur prend-il aujourd’hui ?

Éric Pautard  : Entre 3 et 11% des Français présentent des signes d’éco-anxiété. Ce n’est pas massif, mais c’est significatif. Et cela touche en particulier les 36-45 ans, souvent parents de jeunes enfants. Pour eux, l’inquiétude est très concrète : que laisserons-nous aux générations futures ? Comment protéger nos enfants ?
Il est important de souligner que l’éco-anxiété n’est pas seulement la conséquence d’une plus grande sensibilité à l’environnement. Elle peut aussi être un frein à l’action, générer de la paralysie, du mal-être. D’où l’intérêt de mieux la comprendre, pour éviter que cette inquiétude ne devienne un facteur de désengagement ou de renoncement face aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés.

Cette illustration montre un homme observant un incendie et une inondation. Au dessus de la scène, il est écrit : « 7 Français sur 10 pensent que le changement climatique a déjà des conséquences dans leur vie ».
7 Français sur 10 pensent que le changement climatique a déjà des conséquences dans leur vie
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Cette illustration montre un homme observant un incendie et une inondation. Au dessus de la scène, il est écrit : « 7 Français sur 10 pensent que le changement climatique a déjà des conséquences dans leur vie ».
Cette illustration décrit des statistiques sur l'opinion des Français concernant le changement climatique.
Environnement et changement climatique : qu’en pensent les Français ?
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7 Français sur 10 pensent que le changement climatique a déjà des conséquences dans leur vie quotidienne ou en aura d’ici 10 ans.

8 Français sur 10 pensent que l’expertise scientifique doit guider les politiques climatiques même si les mesures proposées sont impopulaires.

Entre environnement et pouvoir d’achat, qu’est-il préférable de défendre ?

5 Français sur 10 sont plutôt pour protéger l’environnement
2 Français sur 10 sont plutôt pour le pouvoir d’achat
Les autres ne prennent pas position de manière franche.

1 Français sur 10 fait état de « symptômes éco-anxieux ».

Pour en savoir plus, consultez l’enquête sur le site Données et études statistiques du Commissariat général au développement durable.

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