Un réchauffement de 2 degrés, il y a 56 millions d’années, a provoqué d’importantes migrations animales. Une découverte qui éclaire les effets possibles des hausses de températures sur la biodiversité actuelle.
Et si comprendre les effets d’un réchauffement climatique passé permettait de mieux anticiper le futur de la biodiversité ? C’est le pari d’une équipe de chercheurs, qui ont publié en juin 2025 dans la revue scientifique PNAS (Proceedings of the national academy of sciences) une étude sur deux épisodes de forte hausse des températures survenus il y a 56 millions d’années. Leur objectif : déterminer comment les mammifères répondront aux hausses de températures futures.
Une première grande vague de chaleur
Durant le passage de l’ère Paléocène à l’ère Éocène il y a 56 millions d’année, les températures mondiales ont augmenté de 5 à 8 degrés en 20 000 ans. Ce réchauffement, appelé PETM (Maximum thermique du Paléocène-Eocène), coïncide avec l’apparition de nombreux mammifères encore présents aujourd’hui, comme les primates ou les ancêtres des chevaux. Jusqu’ici, on pensait que les rongeurs et marsupiaux, venus d’Amérique du Nord, étaient arrivés en Europe à ce moment-là.
Mais des fossiles retrouvés dans le massif des Corbières, dans l’Aude, montrent qu’ils étaient déjà présents environ 100 000 ans avant, lors d’un premier épisode de réchauffement moins intense : le POE (Pre-onset event). Les températures avaient augmenté de 2 degrés à ce moment-là. Des scientifiques pensent même que cette période aurait déclencher le PETM.
Une leçon pour notre époque
Cette découverte montre qu’une hausse des températures, même de 2 degrés, peut provoquer de grandes migrations animales. Il y a 56,1 millions d’années, ce premier « coup de chaud » avait déjà permis à des espèces d’Amérique du Nord de rejoindre l’Europe en traversant l’Arctique, alors recouvert de forêts humides. Ces déplacements avaient profondément transformé la biodiversité.
Cela suggère qu’un réchauffement climatique comparable aujourd’hui, mais beaucoup plus rapide que par le passé, pourrait, lui aussi, modifier les répartitions d’espèces, faire apparaître de nouveaux animaux dans certaines régions, et en faire disparaître d’autres. Comprendre comment les espèces ont réagi aux changements passés peut donc aider à mieux anticiper les bouleversements à venir dans la biodiversité actuelle.
                        
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Réchauffements climatiques il y a 56 millions d’années : la biodiversité du passé peut-elle nous aider à anticiper l’avenir ?
The Conversation, Rodolphe Tabuce - 9 juillet 2025.