Régulation de la qualité de l’eau, protection contre les inondations par les dunes, les écosystèmes nous rendent de nombreux services… comment mieux estimer leur valeur ? Celle-ci est-elle bien prise en compte lors de l’évaluation du coût d’un projet pour l’environnement ?
Ce qui devient plus rare prendra plus de valeur
Nous utilisons de plus en plus de ressources naturelles et exerçons des pressions notamment sur les milieux aquatiques et humides (artificialisation, pollution…). Ces pressions sont aggravées par le changement climatique.
Pour s’adapter aux effets du changement climatique, notre demande pour ces services pourrait aussi s’accroître.
Ainsi, les services rendus par la nature vont se raréfier… et la demande s’accentuer : leur valeur risque donc d’augmenter dans le futur.
La valeur des services rendus par la nature est-elle bien intégrée dans l’évaluation d’un projet ?
Lorsqu’on envisage un projet d’investissement (amélioration de la qualité de l’eau, protection des côtes,…), on évalue son impact en amont et durant toute sa durée de vie.
On estime la rentabilité du projet pour la société en mettant en balance les coûts et les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux attendus. Pour ce faire, il est possible de conduire une analyse coûts-bénéfices (ACB).
Aujourd’hui lorsqu’on intègre la valeur des services rendus par les écosystèmes, on considère qu’elle est constante dans le temps. Or, c’est loin d’être toujours le cas : par exemple, un service de protection contre les inondations rendu par les zones humides pourrait voir sa valeur augmenter dans le futur avec le risque de submersion marine et le besoin de protéger les populations.
Une nouvelle méthode pour mieux estimer les impacts environnementaux des projets
Le Commissariat général au développement durable propose une nouvelle approche basée sur la règle des prix relatifs pour améliorer l’estimation des impacts environnementaux des projets.
Par exemple, dans le domaine de l’eau, cette méthode a été appliquée à deux cas d’études, le delta de l’Aa et le bassin versant de la Selle sur Escaut, grâce aux données de l’Agence de l’Eau Artois Picardie.
Si l’on applique une hausse des prix relatifs des services écosystémiques de 2 % sur un horizon de 50 ans, les projets deviennent rentables : les bénéfices issus d’une amélioration de la qualité de l’eau deviennent supérieurs aux coûts.
Delta de l’Aa (Hauts-de France)
Coûts en milliers d’euros par an :
- Coûts initiaux d’investissement : 353 223,1
- Coûts annuels de fonctionnement : 6 447,1
Bénéfices annuels en milliers d’euros par an :
- Coûts de traitement évités : 2 322,2
- Services écosystémiques activités nautiques : 50,8
- Services écosystémiques pêche : 162,3
- Services écosystémiques promenade : 3 322,9
- Valeur de l’écosystème : 5 977,6
- Valeur patrimoniale : 2 083,6
La Selle sur Escaut (Hauts-de France)
Coûts en milliers d’euros par an :
- Coûts initiaux d’investissement : 33 330,2
- Coûts annuels de fonctionnement : 119,2
- Bénéfices annuels en milliers d’euros par an :
- Coûts de traitement évités : 0,1
- Services écosystémiques activités nautiques : 5,6
- Services écosystémiques pêche : 18,6
- Services écosystémiques promenade : 387,7
- Valeur de l’écosystème : 697,5
- Valeur patrimoniale : 243,7
Source : agence de l’eau Artois-Picardie, 2020
Lecture : Un projet est rentable, i.e. la VAN est positive, lorsque le ratio atteint et dépasse 100 %
Delta de l’Aa
Pas de variation des prix relatifs :
- Ratio bénéfices-coûts sur 30 ans : 56 %
- Ratio bénéfices-coûts sur 50 ans : 67 %
Variation des prix relatifs de 1 % :
- Ratio bénéfices-coûts sur 30 ans : 64 %
- Ratio bénéfices-coûts sur 50 ans : 82 %
Variation des prix relatifs de 2 % :
- Ratio bénéfices-coûts sur 30 ans : 73 %
- Ratio bénéfices-coûts sur 50 ans : 102 %
La Selle sur Escaut
Pas de variation des prix relatifs :
- Ratio bénéfices-coûts sur 30 ans : 73 %
- Ratio bénéfices-coûts sur 50 ans : 92 %
Variation des prix relatifs de 1 % :
- Ratio bénéfices-coûts sur 30 ans : 83 %
- Ratio bénéfices-coûts sur 50 ans : 113 %
Variation des prix relatifs de 2 % :
- Ratio bénéfices-coûts sur 30 ans : 96 %
- Ratio bénéfices-coûts sur 50 ans : 140 %
Source : agence de l’eau Artois-Picardie. Calculs CGDD
Ressources
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Théma, Commissariat général au développement durable, février 2025