L’utilisation des ressources naturelles

Une consommation de matières de plus en plus forte, des ressources naturelles de moins en moins nombreuses

Une consommation de matières qui explose dans le monde

En 2024, le « jour du dépassement mondial » est arrivé le 1^er août. Cette date est calculée par le Global Footprint Network. Elle marque le moment de l’année où l’humanité a consommé toutes les ressources que la Terre peut produire en un an. En 1970, ce jour tombait le 29 décembre. Depuis, il arrive de plus en plus tôt. Cela montre que nous consommons de plus en plus de ressources naturelles dans le monde.
Ainsi, selon l’ONU Environnement et l’International Resources Panel, 30 milliards de tonnes de matières ont été extraites dans le monde en 1970, contre 107 milliards de tonnes en 2024. Ce chiffre a triplé en 50 ans et pourrait augmenter de 60 % d’ici 2060.
Cette forte hausse est liée à la croissance de la population, mais surtout à la consommation de plus en plus importante par personne. En effet, depuis 1970, la population mondiale a doublé, et la richesse mondiale calculée par le produit intérieur brut (PIB) a été multiplié par quatre.
Avec cette très forte consommation, il est de plus en plus difficile d’atteindre des objectifs mondiaux pour protéger le climat, réduire la pollution et préserver la biodiversité.
Il peut y avoir aussi des effets négatifs sur l’économie des pays et sur la qualité de vie des populations. L’utilisation des ressources naturelles est ainsi responsable :

• de plus de 55 % des émissions de gaz à effet de serre, responsables de l’accélération du réchauffement climatique ;
• et de 40 % des particules fines, très dangereuses pour la santé.

En France : entre dépendance aux importations et diminution des ressources naturelles

La France consomme environ 760 millions de tonnes de matières par an, soit 11,2 tonnes par habitant. Ce chiffre de 2022 est en baisse de 5 % par rapport à 2021 et 2019. Il est aussi plus bas que la moyenne européenne qui est de 14,2 tonnes par habitant.
Plus de la moitié de cette consommation concerne des matériaux de construction, utilisés pour les routes, les bâtiments et autres infrastructures.

Sur ces 760 millions de tonnes, 615 millions de tonnes viennent de France.
Il s’agit surtout de minéraux non métalliques (sable, gravier), de biomasse (c’est-à-dire de la matière organique, comme le bois ou les cultures agricoles) et d’eau.
Même si ces ressources sont disponibles en France, il y a des contraintes. Par exemple :

• l’eau douce devient plus rare depuis une vingtaine d’années ;
• l’ouverture de nouvelles carrières ou de zones d’extraction de sable en mer est souvent contestée ;
• la biomasse est renouvelable mais elle se renouvelle plus ou moins vite et sa production a aussi des effets sur l’environnement.

La France importe aussi beaucoup de ressources naturelles. La moitié de ces importations concerne les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel), qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre.
De plus, ces importations peuvent représenter des risques en cas d’instabilité dans les pays fournisseurs, ou avec l’augmentation des prix et des déséquilibres commerciaux.

La consommation de matières premières par l'économie française en 2022

Ressources énergétiques : des énergies fossiles encore très présentes et polluantes

L’énergie est indispensable pour toutes les activités humaines. Elle peut venir :

• du soleil, de l’eau, du vent, de la biomasse : ce sont les énergies renouvelables ;
• du pétrole, du gaz naturel, du charbon : ce sont les énergies fossiles ;
• de la fission d’un ou plusieurs éléments radioactifs : c’est l’énergie nucléaire.
  En 2022, en France, 63 % de la consommation d’énergie provenait de ressources fossiles comme le pétrole, le charbon et le gaz).
  Or, les ressources fossiles ne sont pas éternelles, sont importées pour l’essentiel et sont les principales responsables de deux tiers des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Eau : une ressource qui devient plus rare

En France, l’eau douce est utilisée pour :

• les usages quotidiens (eau potable) ;
• les activités économiques (agriculture, industrie, loisirs, refroidissement des centrales électriques, etc.).

Pour répondre à ces besoins, nous utilisons de moins en moins d’eau douce depuis une vingtaine d’années. En 2022, environ 30 milliards de m3 d’eau douce ont été prélevés, contre 32,9 milliards de m³ par an en moyenne entre 2008-2023.
L’eau douce reste abondante en France, mais elle diminue petit à petit. En effet, entre 1990-2001 et 2002-2022, elle a baissé de 14 %. Le risque de manque d’eau, appelé « stress hydrique », est surtout important en été. Pendant cette saison, 60 % de l’eau est consommée, alors que l’eau disponible est à son plus bas niveau. Cette situation peut créer des tensions locales et même des conflits sur l’usage de l’eau.

Les différentes activités consommant de l’eau en France

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Transcription de la figure 3789

Illustration des différentes sources de consommation d’eau douce en France métropolitaine : l’agriculture, l’industrie, la production électrique, l’élevage et l’utilisation domestique représentée par un robinet et un verre d’eau.

Biomasse animale et végétale : une ressource renouvelable, mais avec des conséquences sur l’environnement

La biomasse est composée de matières organiques d’origine biologique :

• les cultures (céréales, noix, légumes, fruits, fibres, etc.) ;
• le bois,
• les animaux qui ne sont pas dans un élevage (issus de la pêche ou de la chasse).

En France, la biomasse issue de l’agriculture et de la pêche représente 222 millions de tonnes, soit 36 % des matières extraites. C’est la deuxième ressource naturelle la plus extraite dans le pays, après les minéraux non métalliques.
Elle peut être utilisée pour l’alimentation, les semences, les usages industriels ou pour nourrir les animaux.

Mais, même si la biomasse est renouvelable, elle a un impact sur l’environnement.
Par exemple, l’agriculture intensive peut provoquer l’érosion des sols ou la pollution des eaux par les produits chimiques (pesticides) ou par l’excès de nutriments (engrais, déjections animales).
Elle a besoin aussi d’autres ressources (minérales, fossiles) et surtout des terres agricoles ou de forêts, qui sont limitées.

Il est donc essentiel de mieux gérer les usages alimentaires et énergétiques de la biomasse et de limiter ses impacts sur l’environnement.

Les ressources minérales : un bilan différent entre les matières métalliques et non métalliques

La France extrait principalement des minéraux non métalliques comme le sable et les graviers. 392 millions de tonnes ont été extraites en 2022. Ce chiffre est en baisse de 10 % par rapport à 1990.
Ces matériaux sont surtout utilisés localement, mais ils ne sont pas renouvelables et leur extraction, leur transformation et leur transport ont des conséquences sur l’environnement.

En France, l’extraction de minerais métalliques est très faible : seulement 0,2 million de tonnes par an. Le pays importe donc presque toute sa consommation de métaux soit 17 millions de tonnes en 2022.
Avec la transition énergétique, la demande mondiale en métaux va encore augmenter, par exemple pour le lithium, le nickel, les terres rares, etc.. Ces métaux sont nécessaires aux technologies bas carbone, c’est-à-dire qui émettent peu ou pas de CO₂ : éoliennes, moteurs électriques, batteries…
Il faudra donc développer de nouvelles capacités d’extraction, de transformation et surtout de recyclage de ces métaux.

Une priorité : utiliser moins de ressources naturelles

La consommation de matières d’un pays dépend :

• de sa population ;
• du niveau de vie (mesuré par le PIB) ;
• du type d’économie (par exemple, les services consomment moins de matières que l’industrie) ;
• du progrès technique.

L’évolution de ce qu’on appelle la « productivité matières » permet de mesurer si la société devient plus économe en ressources.

Cela signifie produire plus avec moins de matières premières.
Pour répondre aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques, la France s’est fixée comme objectif d’augmenter sa productivité matières de 30 % entre 2010 et 2030.
Autrement dit, il faut produire plus avec moins de ressources naturelles.
C’est l’objectif de l’économie circulaire.

Tout comprendre à l’économie circulaire et la productivité matières