Depuis le milieu du XXe siècle, la Grande Accélération, caractérisée par le développement économique planétaire et par l’intensification des activités humaines (agriculture, industrie, transport, etc.), associée à la croissance démographique, a conduit à l’utilisation accrue des ressources naturelles (eau, énergie, terres, matières premières, etc.) mettant la planète sous pression : accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, perte de biodiversité, acidification des océans, modification des cycles de l’azote et du phosphore, consommation de l’eau douce, etc.

Comme le rappelait le rapport « Les limites à la croissance » dit « Rapport Meadows », « une croissance exponentielle est insoutenable face à une ressource finie ». Si en 1972 la problématique était de montrer comment éviter le dépassement, trente ans plus tard l’enjeu est désormais de revenir dans les limites de la planète. Dans la continuité de ces travaux, en 2009, une nouvelle approche visant à améliorer l’information sur les risques de changements environnementaux brusques globaux induits par l’empreinte humaine et susceptibles d’affecter les écosystèmes et le bien-être, a vu le jour : le concept scientifique des neuf limites de la planète (Rockström et al.).

En bref

Fondé en 2009 par une équipe internationale de chercheurs menée par Johan Rockström (Stockhöm Environment Institute), le concept des limites planétaires définit un espace de développement sûr et juste pour l’humanité, à travers neuf processus naturels qui, ensemble, déterminent l’équilibre des écosystèmes à l’échelle planétaire : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, les changements d’utilisation des sols, l’acidification des océans, l’utilisation mondiale de l’eau, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère, l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère.

Le concept offre ainsi une vision globale et transversale des risques planétaires car il permet de suivre les interactions entre ces différents domaines.

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Figure 1396

Des seuils quantitatifs ont été définis pour sept des neuf limites. En 2009, les chercheurs indiquaient que trois d’entre elles étaient franchies (changement climatique, érosion de la biodiversité, perturbation du cycle de l’azote). Lors de la révision du modèle conceptuel (Steffen et al., 2015), de nouveaux seuils prennent alors en compte le niveau régional et l’hétérogénéité des processus. Une nouvelle limite est franchie (changements d’utilisation des sols).

La raréfaction des ressources (fossiles, minérales) n’est pas prise en compte dans les limites planétaires, car elle n’est pas considérée comme un système risquant de basculer dans un état radicalement différent susceptible de menacer la vie humaine.

S’il suscite parfois de nombreux débats, le concept des limites planétaires est aujourd’hui reconnu et adopté aux niveaux européen (Agence européenne pour l’environnement, Commission européenne) et international (notamment par les Nations unies).

En savoir plus

Dans la continuité des travaux du Club de Rome (Meadows et al., 1972) une nouvelle approche visant à améliorer l’information sur les risques de changements environnementaux brusques globaux induits par l’empreinte humaine et susceptibles d’affecter les écosystèmes et le bien-être, a vu le jour : le concept scientifique des neuf limites de la planète (Rockström et al.).

En quoi consistent les limites planétaires ?

Le concept des limites planétaires définit un espace de développement sûr et juste pour l’humanité, fondé actuellement sur neuf processus biophysiques qui, ensemble, régulent la stabilité de la planète : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, les changements d’utilisation des sols, l’acidification des océans, l’utilisation mondiale de l’eau, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère, l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère.

Des seuils quantitatifs ont été définis pour sept des neuf limites. En 2009, l’équipe de chercheurs menée par Johan Rockström indiquait que trois d’entre elles étaient franchies (changement climatique, érosion de la biodiversité, perturbation du cycle de l’azote).

Lors de la révision du modèle conceptuel (Steffen et al., 2015 ), de nouveaux seuils prennent alors en compte le niveau régional et l’hétérogénéité des processus. Une nouvelle limite est franchie (changements d’utilisation des sols).

L’utilisation d’indicateurs de type « empreinte » (qui intègrent les impacts environnementaux des importations), lorsqu’ils sont disponibles, s’avère une approche privilégiée pour examiner la contribution de la France à l’évolution mondiale de ces différents processus. Le bilan sur un enjeu écologique donné (une des neuf limites) ne peut être établi sur la seule base du territoire national. La déforestation importée ou l’empreinte carbone en sont des exemples déterminants. Ainsi, l’empreinte écologique de la France liée aux importations de matières premières agricoles et forestières s’élève à 14,8 millions d’hectares en 2016.

Connaître l’impact de la France vis-à-vis de ces différentes limites est indispensable pour conduire une transition compatible avec le fonctionnement durable de la planète. De même, l’angle de vue ne peut être strictement environnemental en 2019, alors que les Objectifs de développement durable associent dans un même agenda 2030, la sauvegarde de la planète et la prospérité des populations.

Changement climatique

L’effet de serre est un phénomène naturel, qui, combiné à celui de la convection (ascension de l’air chaud), offre des températures terrestres compatibles avec la vie.

Consulter Changement climatique
Érosion de la biodiversité

L’érosion de la biodiversité, au même titre que le changement climatique, constitue un défi majeur à l’échelle planétaire. Ces deux processus biophysiques, compte tenu de leurs fortes interactions avec les autres limites planétaires, sont considérés comme des limites fondamentales, dont le franchissement serait susceptible de faire basculer le système terrestre vers un autre état aux conditions défavorables pour l’humanité.

Consulter Érosion de la biodiversité
Perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore

Dans le cadre des travaux sur les neuf limites planétaires (Rockström et al., 2009), l’azote et le phosphore, éléments essentiels à la vie, ont été considérés par les scientifiques comme des enjeux prioritaires.

Consulter Perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore
Changements d’utilisation des sols

Les changements d’utilisation des sols à l’échelle planétaire sont principalement dus à l’intensification et à l’extension de surfaces agricoles qui conduisent au déboisement de vastes surfaces forestières.

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Acidification des océans

L’acidification des océans constitue un défi majeur, à la fois pour la biodiversité marine et pour la capacité des océans à continuer de fonctionner comme puits de carbone.

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Utilisation mondiale de l’eau

L’eau douce, ressource naturelle indispensable aux activités humaines, est très inégalement répartie sur la planète : le volume d’eau douce renouvelable disponible annuellement par habitant s’étend de moins de 100 m3 dans la péninsule arabique, à plus de 30 000 m3 comme en Amérique du sud ou en Europe du nord.

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Appauvrissement de l’ozone stratosphérique

L’ozone stratosphérique désigne la couche de l’atmosphère comprise entre 20 et 50 km d’altitude. En filtrant une grande partie des rayonnements ultraviolets (UV) solaires, principalement les UVC et les UVB, cette couche protège les êtres vivants, une surexposition aux UV pouvant avoir des effets néfastes sur la santé humaine (cataractes, cancers de la peau, affaiblissement du système immunitaire) et sur les végétaux (inhibition de l’activité photosynthétique des plantes).

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Augmentation des aérosols dans l’atmosphère

Les aérosols désignent des particules fines en suspension dans l’air, solides (poussières) ou liquides (embruns), de nature organique (suie) ou minérale (roche érodée).

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Introduction d’entités nouvelles dans la biosphère

L’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère est la neuvième des neuf limites planétaires. En 2009, définie sous l’intitulé « pollution chimique » (Rockström et al.), elle désignait les éléments radioactifs, les métaux lourds et de nombreux composés organiques d’origine humaine présents dans l’environnement.

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