Évolution de la consommation intérieure de matières en France
Mis à jour le | Commissariat général au développement durable
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L’évolution de la consommation de matières
La consommation intérieure apparente de matières (Domestic Material Consumption, DMC) est égale à la somme des flux de matières extraites du territoire et celles importées, réduite des flux de matières exportées. Elle correspond ainsi à la quantité de matières consommées par la population présente sur le territoire pour ses besoins propres.
Cet indicateur fait partie des cibles relatives aux Objectifs de développement durable (ODD) 2030 définies par l’ONU. La France a pour objectif de diminuer la consommation intérieure de matières (DMC) calculée par habitant (article 74 de la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte).
La consommation intérieure de matières a diminué de 19 % entre 2007 (14,3 tonnes par habitant) et 2018 (11,6 t /habitant). Conséquence de la crise économique de 2008 notamment sur le secteur de la construction, les matériaux concernés ont été moins consommés, et de par leur poids important (50 % du total), ont largement contribué à cette diminution de la DMC.
Évolution de l’extraction intérieure, des importations et des exportations de matières en France
Source : Agreste/SSP ; douanes françaises ; Insee ; SDES ; Unicem
Traitement : SDES, 2021
Parmi les matières consommées, si certaines sont renouvelables (Biomasse , soit principalement les produits issus de l’agriculture et de la pêche ainsi que le bois) les autres ne le sont pas : matières minérales (minerais, métalliques ou non) et combustibles fossiles (l’eau n’étant pas comptabilisée).
Les minéraux utilisés principalement dans la construction constituent la moitié des matières consommées en France (774 millions de tonnes au total en 2018). Près d’un tiers est composé de la biomasse issue de l’agriculture et de la pêche. Les combustibles fossiles (dont 2/3 de produits pétroliers) représentent 16 % du total.
Évolution de la composition de la consommation intérieure apparente de matières
Source : SSP, Agreste ; Unicem ; Douanes françaises ; Eurostat
Traitement : SDES, 2021
Rapportée à la population nationale ou comparée au Produit Intérieur Brut (PIB), la consommation intérieure de matières illustre quantitativement une des pressions exercées sur l’environnement et témoigne du comportement plus économe en ressources.
Relativement stable jusqu’à la récession économique de 2008, la consommation intérieure de matières diminue ensuite (effet avant tout de la crise du secteur de la construction) pour se stabiliser entre 2009 et 2013 autour de 12 t/hab. Elle diminue de nouveau jusqu’en 2016 avant de se redresser en 2017 (11,7 t/hab) et plafonner en 2018 à 11,6 t/hab.
Si la consommation intérieure de matières rend compte imparfaitement de la pression environnementale induite par le comportement des consommateurs, l’indicateur « empreinte matières » permet de compléter la DMC, agrégat qui ne comptabilise que partiellement les matières réellement mobilisées pour la fabrication des produits importés et exportés. L’empreinte matière intègre l’ensemble des matières utilisées à l’étranger pour produire et transporter les biens importés ; exprimée en équivalent matières premières, elle atteint 13,9 t/hab. en 2018, niveau supérieur de près de 20 % à celui de la DMC.
L’évolution des différentes composantes de la consommation de matières : extraction, importations, exportations
Les matières extraites du territoire français
L’extraction intérieure utilisée (ou apparente) correspond aux matières extraites et produites sur le territoire français et utilisées par l’économie. On distingue trois grands groupes de matières : la biomasse, les matières minérales (minerais métalliques et minéraux) et les combustibles fossiles. L’eau n’est pas prise en compte.
Après avoir progressé de 20 % pendant les années 1970, la quantité de matières extraites du territoire a globalement peu varié depuis 1990, passant de 709 Mt en 1990 (12,2 t/hab) à 737 Mt en 2007, soit 11,6 tonnes par habitant. À partir de 2008, elle décroît pour s’établir à 636 Mt en 2018 soit 9,5 tonnes par habitant. La baisse enregistrée est liée à la diminution de 18 % de l’extraction des matériaux de construction par rapport à 2007, juste avant la récession ayant impacté l’activité dans le secteur de la construction. En effet, ces derniers constituent près de 60 % de la masse totale extraite et plus de 90 % des minéraux non métalliques.
Évolution des matières extraites du territoire français
Source : SSP, Agreste ; Unicem ; SDES, 2021
Traitement : SDES, 2021
L’extraction de minéraux non métalliques (industriels ou utilisés principalement dans la construction : graviers, sables, ardoises, grès, granit,…) constitue le premier flux entrant dans l’économie, atteignant 381 Mt en 2018, soit 5,7 tonnes par habitant. Les minéraux extraits sont principalement utilisés dans la construction et composés en grande partie des graviers et sables. Ces minéraux de construction représentent près de 60 % de l’extraction intérieure.
En comparaison, l’extraction de minerais métalliques (fer, or, aluminium, uranium,..) est peu élevée (près de 0,2 Mt).
Les matières provenant de l’agriculture et de la pêche (blé, canne à sucre, fruits, fourrage, paille…), destinées à une utilisation humaine (consommation, semences, usages industriels, transformation) ou animale (alimentation, litière), constituent le deuxième flux de matières extraites du territoire, avec 228 millions de tonnes, soit 3,4 tonnes par habitant extraites en 2018. La production de biomasse est cependant fortement influencée par les conditions climatiques et météorologiques. La production de bois (grumes, bois de trituration…) est restée constante autour d’une moyenne de 25 à 26 millions de tonnes par an (à l’exception de l’année 2000 suite à la tempête de décembre 1999). À l’opposé, la production de combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel), déjà faible au début des années 1970, est aujourd’hui quasi nulle du fait de l’arrêt de l’extraction du charbon, pour des raisons de coût (Lorraine, Nord…) et de la fin d’exploitation des gisements de gaz. Les besoins relatifs à ces matières énergétiques sont comblés par des importations très importantes (pétrole, gaz). L’extraction de minerais métalliques présente la même évolution.
Cependant, l’extraction de matières premières ne se fait pas sans mobilisation ou déplacement d’autres matières non valorisées économiquement, appelées « extraction intérieure inutilisée ». Ce sont par exemple des résidus de récoltes laissés sur place, des terres déplacées lors de constructions, de la matière inutilisée issue de l’extraction et de l’exploitation minière… Un ou plusieurs impacts environnementaux peuvent être associés à ces mobilisations de matières : déboisement, perte de sol arable et d’habitats écologiques, pollution des eaux…
Zoom : la biomasse et ses produits dérivés Avec 228 millions de tonnes en 2018, l’extraction intérieure prédomine sur les importations dans l’approvisionnement en biomasse de la France. L’extraction intérieure de biomasse a très peu évolué depuis 1990, restant constituée pour moitié par les produits de la récolte primaire comme les céréales, les récoltes de betterave et de canne à sucre ou encore les fruits,. Dans le même temps, les importations ont progressé de moitié pour atteindre 55 millions de tonnes en 2018.
Les matières et produits importés en France
Les comptes macroéconomiques de flux de matières recensent annuellement les flux apparents importés et entrant dans l’économie sous forme brute ou transformée.
Les matières importées en France sont comptabilisées sous toutes leurs formes, qu’il s’agisse de matières brutes (pétrole, céréales, coton brut, minerai de cuivre, fruits, liège naturel, etc.), de produits semi-finis (pré-alliages de cuivre, de zinc, gasoil, mélange bitumineux, bois scié, copeaux de bois, etc.…) ou de produits finis (équipements de transport, marchandises en verre, préparations alimentaires diverses, tissus, jouets, vêtements, instruments de musique, etc.).

Source : Douanes françaises
Traitement : SDES, 2021
Les importations ont globalement augmenté de près de 30 % entre 1990 et 2008, pour atteindre près de 370 millions de tonnes, soit 5,7 tonnes par habitant en 2008. En 2009, elles ont très nettement diminué (- 18 %) du fait de la baisse de l’activité économique. Puis la masse des importations a progressé, se stabilisant autour de 345 Mt depuis 2012, à 342 Mt en 2018 (5,1 t/hab).
L’ensemble des combustibles fossiles et dérivés représente près de 50 % des importations. Ils comprennent le pétrole, le charbon et le gaz naturel, ainsi que des produits qui en sont majoritairement composés, comme les produits chimiques organiques, les plastiques sous forme primaire ou non, le caoutchouc synthétique. Le pétrole, sous sa forme brute ou raffinée (gasoil et fioul domestique), est la première matière importée, constituant près de 30 % du total.
Les minerais métalliques et produits composés principalement de métal totalisent 17 % des importations (machines et équipements de transport, dont les voitures, certains articles électroménagers…). Le fer et l’acier constituent 60 % de ce flux et les autres produits à base de métal en représentent 31 %.
L’importation de biomasse et produits issus de la biomasse (agriculture, sylviculture et pêche) s’est élevée à 58 millions de tonnes en 2018, soit 50 % de plus qu’en 1990. Le bois et les produits dérivés, tels que les panneaux de fibres de bois ou encore les bois plaqués et stratifiés plus ou moins composés de bois tropicaux, représentent un peu moins du tiers des importations de biomasse.
Importations apparentes par catégorie de matières en 2018Catégorie de matières | Exemples de matières ou de produits | Importations apparentes en 2018 (en tonnes par habitant) |
---|---|---|
Combustibles fossiles et produits dérivés | Pétrole et produits pétroliers, charbon, gaz naturel, fuel | 2,2 |
Minerais métalliques et produits à base dominante de métal | Voitures, rails, machines à laver | 0,9 |
Matière issus de l’agriculture et de la pêche | Diverses préparations alimentaires à base de viande, de poissons, de céréales,…, café, chocolat, produits manufacturés en cuir, laine ou soie,…, fleurs | 0,6 |
Minéraux non métalliques et produits à dominante non métallique | Divers articles en pierre de marbre, de grès, de granit,…, en amiante-ciment, matériaux de construction en argile, bitume, articles de verre, , quartz, diverses substances minérales, y compris pour engrais, diamant travaillé ou non | 0,6 |
Bois et produits dérivés | Grumes, planches, charpentes, panneaux en particules de bois, traverses de rail en bois, charbon de bois, pâte à papier, caoutchouc naturel | 0,3 |
Produits à base dominante de combustibles fossiles | Plastiques, fibres synthétiques, produits chimiques organiques | 0,2 |
Autres produits | Vêtements, produits pharmaceutiques et cosmétiques, lunettes, montres, instruments de musiques, œuvre d'art, certains équipements de jeux et sport,... | 0,3 |
Source : Douanes françaises
Traitement : SDES, 2021
La répartition entre les matières premières, les produits semi-finis et finis dans les importations tend à se modifier. Entre 1990 et 2018, la part des matières brutes a diminué, passant de près de 60 % à un peu moins de 50 % de la masse totale des importations. Pour 2018, elle s’établit à 48 %. Le reste est constitué de produits semi-finis et de produits finis, chacun pour 26 %.
Zoom : l’extraction des minerais métalliques et ses impacts sur l’environnement Les minerais métalliques et produits dérivés comprennent essentiellement les minerais à base de fer, de cuivre, d’aluminium et bauxite, et de divers autres métaux (nickel, plomb, zinc,…). Des importations croissantes se sont substituées à une extraction intérieure de minerais métalliques aujourd’hui quasi nulle en France. En 2018, près de 58 millions de tonnes sont importées, dont environ 70 % sont sous forme finie et semi-finie. D’une certaine manière, la France transfère ainsi à l’étranger les impacts environnementaux induits par ses besoins en minerais métalliques et produits dérivés. En effet, leur extraction nécessite l’excavation de grandes quantités de terre, lesquelles, même si elles peuvent servir lors du comblement d’autres sites d’extraction – gravières et carrières –, ont cependant d’importants impacts : défrichement des sols et élimination de la végétation, atteinte à l’habitat et à la survie d’espèces endémiques, atteinte au système hydrologique, dégradation des paysages…
Les matières et produits exportés
Les matières exportées de France sont comptabilisées sous toutes leurs formes, comme dans le cas des importations (matières brutes, produits semi-finis et produits finis). En 2018, les flux de matières exportées sont supérieurs de 24 % à ceux de 1990, atteignant 204 millions de tonnes, soit 3,0 tonnes par habitant. Les exportations se sont aussi diversifiées en nature.
Évolution des matières et produits exportés en France
Source : Douanes françaises
Traitement : SDES, 2021
Exportations apparentes par catégorie de matière en 2018Catégorie de matières | Exemples de matières ou de produits | Exportations apparentes en 2018 (en tonne par habitant) |
---|---|---|
Combustibles fossiles et produits dérivés | Pétrole et produits pétroliers, charbon, gaz naturel, fuel | 0,4 |
Minerais métalliques et produits à base dominante de métal | Voitures, rails, machines à laver | 0,55 |
Matière issus de l’agriculture et de la pêche | Diverses préparations alimentaires à base de viande, de poissons, de céréales,…, café, chocolat, produits manufacturés en cuir, laine ou soie,…, fleurs | 1,0 |
Minéraux non métalliques et produits à dominante non métallique | Divers articles en pierre de marbre, de grès, de granit,…, en amiante-ciment, matériaux de construction en argile, bitume, articles de verre, , quartz, diverses substances minérales, y compris pour engrais, diamant travaillé ou non | 0,4 |
Bois et produits dérivés | Grumes, planches, charpentes, panneaux en particules de bois, traverses de rail en bois, charbon de bois, pâte à papier, caoutchouc naturel | 0,25 |
Produits à base dominante de combustibles fossiles | Plastiques, fibres synthétiques, produits chimiques organiques | 0,2 |
Autres produits | Vêtements, produits pharmaceutiques et cosmétiques, lunettes, montres, instruments de musiques, œuvre d'art, certains équipements de jeux et sport,... | 0,2 |
Source : Douanes françaises
Traitement : SDES, 2021
Les exportations de combustibles fossiles et des produits qui en dérivent (essentiellement le pétrole raffiné, les matières plastiques et les produits chimiques organiques) ont progressé de 83 % depuis 1990 et représentent 21 % du total exporté en 2018.
La création de biens et le fonctionnement des services en France ont entraîné en 2018 l’exportation de près de 3 tonnes de matières par habitant, soit presque 40 % de moins que pour les importations (5,1 t/hab).
Comme pour les importations, la répartition entre les matières premières, les produits semi-finis et finis tend à se modifier dans les exportations françaises. Les produits finis et semi-finis, qui représentaient environ 55 % de la masse totale des exportations en 1990, en représentent 68 % en 2018 (respectivement 36 % et 32 %).
Ressources
Loi de transition énergétique pour la croissance verte
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) publiée au Journal Officiel du 18 août 2015, ainsi que les plans d’action qui l’accompagnent visent à permettre à la France de contribuer plus efficacement à la lutte contre le dérèglement climatique et à la préservation de l’environnement, ainsi que de renforcer son indépendance énergétique tout en offrant à ses entreprises et ses citoyens l’accès à l’énergie à un coût compétitif.
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