Aménagement

Repenser la construction de logements pour limiter les conséquences sur l’environnement

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

Depuis cinquante ans, l’agrandissement des villes, ou « étalement urbain », a entraîné une très importante artificialisation des sols, c’est-à-dire la transformation de terres naturelles, agricoles ou forestières en bâtiments, logements ou aménagements (routes, parkings, zones d’activités...). Face à cela, la France s’est fixée des objectifs. Mais limiter l’artificialisation a des conséquences au quotidien. Les communes et les intercommunalités, chargées de la planification et de l’urbanisme, sont en première ligne pour engager les transformations nécessaires.

Pourquoi limiter l’étalement urbain ?

Entre 2009 et 2022, près de 25 000 hectares, soit l’équivalent de tout le département du Val-de-Marne, ont été "consommés" en moyenne chaque année. Cela signifie que ces espaces ont changé d’usage, passant de terres agricoles, forêts ou espaces naturels à des zones construites (logements, routes, commerces, etc. - source : Cerema ).

Même si une partie des terrains utilisés n’est pas recouverte de béton ou d’asphalte, comme les espaces verts et jardins, ils perdent leurs fonctions naturelles essentielles :

  • production alimentaire ;
  • « puits de carbone », c’est-à-dire stockage du carbone dans les sols des prairies, des espaces naturels et des forêts ;
  • filtration naturelle de l’eau par les sols ;
  • alimentation des nappes phréatiques et rétention naturelle de l’eau ;
  • etc.

L’artificialisation a également des conséquences sur la biodiversité. Les villes et les routes fragmentent et détruisent directement les habitats de nombreuses espèces animales et végétales. Les clôtures qui entourent les jardins créent aussi des barrières qui empêchent certains animaux de se déplacer librement pour se nourrir et se reproduire.

Une difficile remise en question du modèle des pavillons

Entre 2009 et 2022, la consommation d’espaces est principalement destinée à :

  • l’habitation (63 %) ;
  • les activités économiques - logistiques, commerces, industrie, bâtiments agricoles (23 %) ;
  • les routes (6 %) et voies ferrées (1 %).

L’augmentation du nombre de résidences principales (+ 8,8 % entre 2009 et 2019) explique deux tiers de la consommation d’espaces liée à l’habitat (source : Insee ). Cette augmentation est due à :

  • la hausse de la population (+ 4,2 % entre 2009 et 2019) ;
  • la baisse de la taille moyenne des ménages (2,17 personnes par ménage en 2020, contre 2,28 en 2009).

Mais l’augmentation du nombre de résidences secondaires (3,1 millions en 2021) et de logements vacants (3,7 millions en 2021) y contribue aussi.

D’après l’Insee, le nombre de ménages en France pourrait atteindre entre 32 et 36 millions d’ici 2050, contre 30 millions en 2018 (source : CGDD ). Cette hausse s’expliquerait surtout par le fait que de plus en plus d’adultes vivent seuls.

Les maisons individuelles et l’évolution des besoins en logement

Le développement des zones résidentielles avec maisons individuelles et jardins a commencé dans les années 1970 et s’est longtemps poursuivi. Entre 2009 et 2020 :

  • 51% des surfaces consommées pour la construction de logements ont été utilisées pour des projets de moins de 8 logements par hectare ;
  • ces projets ne représentaient pourtant que 18% du total des logements construits ;
  • ces opérations de faible densité se situent principalement dans des communes rurales (source : Cerema).

La maison individuelle reste un type de logement très recherché :

  • les trois quarts des locataires désirant devenir propriétaires souhaiteraient acquérir une maison individuelle ;
  • un quart envisagent même de la faire construire ;
  • 44% des Français jugent "tout à fait prioritaire" que leur logement dispose d’un jardin (source : baromètre habitat 2023 Harris Interactive ).

Mais la proximité des commerces, services publics, transports collectifs, est aussi un critère de choix important, notamment pour les personnes âgées ou modestes.

Dans les faits, la situation évolue : en 2019, les maisons ne représentaient plus que 43% des 374 000 logements neufs contre 61% des 371 000 logements neufs en 2000 (source : SDES ).

De plus, les Français semblent généralement favorables aux mesures qui limitent l’artificialisation des sols.

Opinion des Français sur la régulation de la construction pour lutter contre l’artificialisation des sols

Est-il souhaitable de réguler la construction de nouveaux bâtiments pour lutter contre l'artificialisation des sols ?
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Est-il souhaitable de réguler la construction de nouveaux bâtiments pour lutter contre l’artificialisation des sols ?

Cette infographie présente les résultats d’un sondage sur la régulation de la construction pour limiter l’artificialisation des sols. Globalement, une large majorité des Français y est favorable.
La moyenne nationale montre que :

  • 39 % des Français trouvent cette régulation « très souhaitable » ;
  • 47 % la trouvent « plutôt souhaitable » ;
  • 9 % la trouvent « plutôt pas souhaitable » ;
  • 3 % la trouvent « pas souhaitable du tout » ;
  • 2 % n’ont pas répondu.

L’analyse par profil révèle plusieurs tendances :

  • les jeunes de 18-25 ans sont les plus favorables (46 % « très souhaitable ») ;
  • les habitants des zones rurales sont un peu moins convaincus (35 % « très souhaitable ») ;
  • les personnes vivant en maison individuelle restent majoritairement favorables (37 % « très souhaitable » et 49 % « plutôt souhaitable ») ;
  • les accédants à la propriété sont particulièrement favorables (43 % « très souhaitable »).

Quel que soit le profil (âge, lieu de résidence, statut d’occupation du logement), la somme des réponses favorables (« très souhaitable » et « plutôt souhaitable ») dépasse toujours 80 %, montrant un large consensus sur cette question.

Note : réponse à une enquête faite auprès d’un panel représentatif de 2 010 Français.
Source : Sciences Po, SDES, Baromètre Elipss Environnement, décembre 2023.

Penser autrement l’aménagement des villes

L’objectif de « zéro artificialisation nette » a été inscrit dans la loi Climat et résilience de 2021. Il ne s’agit pas d’empêcher de construire mais de faire en sorte que chaque nouvelle construction s’accompagne d’une « remise en nature » équivalente. Les plans d’urbanisme locaux doivent maintenant inclure des mesures pour économiser l’espace selon les besoins de chaque territoire.

Trois solutions existent :

  • mieux utiliser les espaces déjà construits : redynamiser les centres-villes, occuper les logements vides, rénover les bâtiments anciens, construire sur les terrains non utilisés en ville, transformer des bureaux en logements, et réutiliser d’anciens sites industriels ou commerciaux abandonnés ;
  • augmenter la densité d’habitation : créer des maisons mitoyennes et de petits immeubles collectifs plutôt que des maisons isolées sur de grands terrains ;
  • augmenter le taux d’occupation des logements : lutter contre la sous-occupation, c’est-à-dire les logements dont le nombre de pièces est bien supérieur aux besoins des occupants, limiter le nombre de résidences secondaires.

Des programmes nationaux ont été mis en place pour aider les communes à atteindre ces objectifs et plusieurs organismes peuvent apporter leurs compétences et financements : Cerema, FNAU, CAUE, ANCT, ADEME, établissements publics fonciers, établissements publics d’aménagement et autres aménageurs publics, etc...

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