Risques

Impact sanitaire des nanomatériaux

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

Partager la page

Les propriétés des nanomatériaux sont utilisées pour de multiples applications, telles que la pharmacie, l’aéronautique et les nouvelles technologies, où ils permettent d’améliorer l’efficacité de traitements médicaux ou d’accroître la compétitivité de l’industrie française. Cependant, les risques induits par ces substances sur l’homme et sur l’environnement restent méconnus, compte tenu de leur développement rapide et récent et du manque de recul pour évaluer leurs effets. L’utilisation de ces substances dans certains produits alimentaires et cosmétiques constitue une source d’exposition de la population. Les règlementations française et européenne imposent, depuis 2013, de mentionner leur présence sur l’étiquette des produits qui en contiennent.

Des impacts sanitaires à long terme inconnus

De par leur taille, les Nanomatériaux franchissent aisément les barrières biologiques de l’organisme. Les risques pour l’homme et pour l’environnement sont encore méconnus, L’usage de ces substances étant très récent et revêtant une multitude de formes.

La connaissance de la toxicité des nanomatériaux doit encore progresser. Pour ce faire, le progrès de la métrologie est indispensable, ainsi que la mise en place de règles communes d’évaluation et de caractérisation de ces substances. La France relaie et soutient les travaux internationaux lancés pour en évaluer la toxicité pour l’homme et l’environnement. Elle œuvre avec les Nations Unies pour instaurer un système d’identification des dangers des nanomatériaux et est également impliquée dans les travaux de l’OCDE pour définir les lignes directrices de caractérisation et d’évaluation des risques potentiels des nanomatériaux manufacturés.

Au niveau national, lors de la Conférence environnementale de 2014, la France s’est engagée, à mener une réflexion sur l’étiquetage des produits de consommation courante et sur la restriction de ces substances dans certaines catégories de produits. Par ailleurs, l’INERIS travaille sur l’évaluation des risques accidentels (inflammabilité, explosivité) et sur le comportement de ces substances dans les différents compartiments environnementaux (eau, air, sols). Elle analyse également le cycle de vie de ces matières. L’INRA a démontré en 2017 que l’ingestion de nanoparticules de dioxyde de titane favorisait la survenue du cancer colorectal chez le rat.

Zoom sur le dioxyde de titane (TiO2)

En raison de ses propriétés colorantes et ses capacités d’absorption des ultra-violets, le dioxyde de titane (également codifié E171 en tant qu’additif alimentaire) est utilisé depuis les années 1990, dans de multiples produits alimentaires (confiseries, boissons, yaourts et glaces notamment), les cosmétiques (crèmes solaires) et les médicaments.

D’après les statistiques douanières, le solde commercial (exportations réduites des importations) du dioxyde de titane, sous forme nanométrique (< 100 nm) et non nanométrique (> 100 nm), est en forte baisse sur la période 2007-2017. Alors qu’en 2007, les exportations étaient 1,3 fois supérieures aux importations, ces dernières sont, en 2017, deux fois plus élevées que les exportations. Cela traduit une très forte progression de l’utilisation de cette substance par l’industrie française.

Évolution des quantités importées et exportées de dioxyde de titane entre 2007 et 2017
Agrandir la figure 1143 Télécharger (Excel, 15.2 ko) le document
Note : les tonnages présentés ici regroupent les volumes totaux de dioxyde de titane, qu’ils soient sous forme nanométrique ou non.

Source : Douanes (pigments et préparations à partir de dioxyde de titane, codes de la nomenclature douanière NC 32 06 11 00 et NC 32 06 19 00)

Traitement : SDES, 2018

Le classement du dioxyde de titane comme cancérigène par le CIRC depuis 2006 et l’existence d’études toxicologiques sur les effets du TiO2 ont conduit l’ANSES à proposer à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) de classer cette substance en catégorie 1B (substance dont le potentiel cancérogène pour l’être humain est supposé).

L’ECHA a proposé une classification en catégorie 2, c’est-à-dire parmi les substances suspectées d’être cancérogènes pour l’homme (classement CMR au sens du règlement CLP n°1272/2008, dit CLP pour classification, étiquetage et emballage des substances et des mélanges).

Conformément aux dispositions de la loi "Agriculture et alimentation", l’arrêté du 17 avril 2019 suspend la mise sur le marché des denrées alimentaires contenant l’additif E171 à partir du 1er janvier 2020, pendant une durée d’un an.

Suivre l’exposition des professionnels afin d’anticiper les risques sanitaires

Suite à une saisine conjointe des directions générales de la santé et du travail (DGS - DGT), dans l’objectif de détecter l’apparition d’effets sur la santé, Santé publique France a mis en place dès 2014 « EpiNano », le dispositif national de surveillance épidémiologique des travailleurs potentiellement exposés aux nanomatériaux manufacturés.

Sont éligibles les travailleurs des établissements concernés par la fabrication ou l’utilisation de nanomatériaux et intervenant sur des postes avec relargage de poudres, d’aérosols ou de gouttelettes susceptibles de contenir des nanomatériaux. Ces postes de travail sont identifiés par analyse des données d’hygiène industrielle transmises par l’établissement. Santé publique France procède à l’inclusion des travailleurs éligibles puis à leur suivi en leur adressant des auto-questionnaires qui sont ensuite enrichis par des données extraites du Système national des données de santé (SNDS).

Une fois constituée, la cohorte sera suivie dans le temps et les données de santé collectées seront comparées à celles d’une population non exposée. Ses résultats doivent permettre d’orienter les programmes de prévention.

Une inquiétude grandissante des Français envers un risque encore peu connu

À la différence de la plupart des sujets étudiés par le baromètre de l’IRSN sur la perception des risques, les Français sont relativement nombreux à ne pas avoir d’avis sur les dangers potentiellement induits par l’usage des nanoparticules. Pour autant, l’inquiétude progresse : en 2017, 37 % des Français jugent élevés les risques liés aux nanoparticules, contre un sur cinq en 2010.

Considérez-vous que les risques liés aux nanoparticules sont élevés, moyens ou faibles pour les Français ?

Source : IRSN, Baromètre sur la perception des risques et de la sécurité par les Français

Traitement : SDES, 2019

Tandis que la moitié de la population se montre sceptique à l’égard des informations dont elle dispose quant aux dangers potentiels des nanoparticules, 38 % des Français n’ont pas confiance dans l’action mise en œuvre par les pouvoirs publics pour protéger les personnes face à ce risque. Cette défiance reste cependant bien inférieure à celle exprimée à l’égard des pesticides (60 %) ou de la pollution atmosphérique (48 %).

Cet article est un extrait du focus Environnement et santé.

Ressources

Vous pouvez également nous faire part de vos remarques sur notre formulaire de contact