Risques

Les inondations par remontées de nappes

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Si les inondations par débordement de cours d’eau ou par submersion marine sont les plus fréquentes et les plus dommageables, il existe d’autres types d’inondations, comme celles résultant de crues torrentielles consécutives à des averses violentes, ou des phénomènes de ruissellement urbain et agricole, ou celles induites par les remontées de nappes. Ces dernières, phénomènes très lents et pouvant durer plusieurs mois, s’avèrent souvent difficiles à distinguer des crues des rivières. Entre 2012 et 2018, ces inondations représentent 1,6 % de l’ensemble des dossiers de demandes communales de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle tous types confondus et reconnues éligibles à indemnisation. Comment ce phénomène se produit-il et quelles sont les zones les plus touchées en France ?

Comment se forment ces inondations ?

Le niveau des nappes phréatiques varie selon les saisons. Ainsi, l’eau de pluie infiltrée dans le sol les alimente en hiver. Les inondations par remontées de nappe résultent de la montée lente des nappes affleurantes. Ce phénomène survient lorsque l’alimentation naturelle des nappes dépasse leur vidange vers les exutoires naturels. C’est ce qui se produit lorsque le niveau le plus haut d’une nappe s’élève (succession d’années humides, pluies exceptionnelles) jusqu’à atteindre la surface du sol. La zone non saturée du sol se voit alors totalement envahie par l’eau. Ces phénomènes apparaissent en l’absence de couche géologique imperméable séparant les nappes libres en profondeur, du sol sus-jacent, ou encore, lorsque la zone non saturée du sol est de faible épaisseur.

En France, les remontées de nappes se produisent principalement dans des aquifères calcaires ou crayeux importants (calcaires jurassiques de la région de Caen, craie de Picardie, du Nord et de Champagne). Ils surviennent également lorsque des nappes perméables reposent sur une formation imperméable peu étendue, favorisant l’écoulement du surplus d’eau en surface (buttes du Bassin parisien). La décrue des nappes des aquifères calcaires ou crayeux est cependant plus lente.

Elles concernent un tiers du territoire métropolitain

Les inondations par remontée de nappes englobent des phénomènes d’ampleur et d’étendue variée. Elles comprennent aussi bien les inondations généralisées dans les vallées majeures, que les inondations de sous-sols, de garages semi-enterrés ou de caves. Entre ces deux extrêmes s’inscrivent la ré-activation de certaines vallées sèches par des cours d’eau temporaires, ou encore l’apparition d’étangs et de mares temporaires.

Aucun risque de débordement de nappe ou d’inondation de cave n’est identifié sur deux tiers du territoire métropolitaine (soit 67 %).

A contrario, les zones potentiellement sujettes au débordement de nappes couvrent 12 % et celles concernées par le débordement de caves 21 %. Ce calcul brut, réalisé à partir de la cartographie nationale des zones sensibles aux inondations par remontée de nappe, ne tient pas compte des enveloppes à retrancher, à savoir :

  • les secteurs avec terrains affleurants imperméables,
  • les Enveloppes Approchées d’Inondation Potentielle cours d’eau ou submersion marine,
  • les zones karstiques,
  • les zones urbaines,
  • le bassin houiller lorrain.

L’analyse des parts concernées par district hydrologique distingue la Corse pour laquelle près de neuf dixième du territoire n’est pas sujet au débordement de nappe ou d’inondations de caves. À l’opposé, la part sujette au débordement de nappe ou d’inondations de caves représente plus du tiers du territoire dans quatre districts : Artois Picardie, Loire Bretagne, Rhin Meuse et Seine Normandie. Les districts Adour Garonne et Rhône Méditerranée se trouvent dans des situations intermédiaires avec un peu plus d’un quart de leur territoire sensible aux inondations par remontées de nappes.

L’analyse de la catégorie des zones potentiellement sujettes au débordement de nappes, distingue Artois Picardie avec près de 22 % du territoire concerné, soit près de deux fois la valeur observée au niveau métropolitain. Les autres districts affichent des valeurs inférieures, situées entre 6 % (Corse) et 15 % (Rhin Meuse). Enfin, l’analyse de la catégorie des zones potentiellement sujettes au débordement de caves distingue deux districts assez peu sensibles à ces phénomènes : Corse (5 %) et Rhône Méditerranée (13 %). Pour les autres districts, la part de zones sujettes au débordement de caves se rapproche de celle observée au niveau métropolitain (soit 21 %), avec des valeurs situées entre 18 % (Adour Garonne) et 28 % (Loire Bretagne).

Part du territoire métropolitain sensible aux inondations par remontées de nappes
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Note : cartographie nationale des zones sensibles aux inondations par remontée de nappe (voir) ; méthodologie détaillée et indice de fiabilité de la cartographie (voir). Cette cartographie n’est pas valide pour les zones karstiques, les zones urbaines et les secteurs après mine (bassin houiller lorrain) non masquées sur cette carte. Précaution d’usage : carte nationale (échelle inférieure à 1/100 000), non exploitables aux échelles locales.

Source : © BRGM, 2018.

Traitement : SDES, 2019

Ces inondations occasionnent des dommages

En 2018, les inondations par remontée de nappes ont donné lieu à 123 dossiers communaux éligibles à l’indemnisation au titre des catastrophes naturelles, soit 1,5 % de l’ensemble des demandes traitées lors de cette année exceptionnelle (MI/DGSCGC).

Sur la période 2012 à 2018, les 507 dossiers communaux spécifiques aux inondations par remontée de nappes représentent 1,6 % de l’ensemble des dossiers éligibles tous types de catastrophes naturelles confondus. À titre de comparaison, les inondations et coulées de boues (ruissellement, débordements de cours d’eau et crues torrentielles) ont représenté 49,4 % des demandes traitées et les submersions marines 1,4 %.

Les inondations par remontée de nappes et leur décrue sont à l’origine de différents types de dégâts :

  • inondations (sous-sols, garages semi-enterrés, caves) ;
  • fissuration d’immeubles comportant plusieurs niveaux de sous-sols ou de garages ;
  • remontées de cuves (enterrées ou semi-enterrées, de produits pétroliers ou à usage agricole), de piscines, de canalisations, fosses de systèmes d’assainissement) ;
  • tassements différentiels occasionnant des dommages aux réseaux (routes, chemin de fer) ou aux ouvrages de génie civil ;
  • pollutions diverses ;
  • mouvements de terrains (effondrement de marnières, de souterrains, d’abris des dernières guerres).

Certaines mesures préventives permettent néanmoins de limiter leurs effets dans les zones sensibles aux inondations par remontée de nappes :

  • éviter la construction (vallées sèches, dépressions des plateaux calcaires) ;
  • déconseiller la construction de sous-sol, ou réglementer leur conception ;
  • éviter les aménagements de réseaux ou prévoir des dispositions techniques prenant en compte ce risque (renforcement, ancrage, passage en aérien,…) ;
  • mise en place d’un système de prévision (surveillance des niveaux des eaux superficielles).

Ressources

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