L’empreinte matières de la France
Mis à jour le | Commissariat général au développement durable
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Contexte
À l’instar d’autres empreintes (comme l’Empreinte carbone), « l’Empreinte matières » (« Material Footprint » ou RMC, Raw Material Consumption) est un indicateur qui permet de rendre compte de l’ensemble des matières premières mobilisées pour satisfaire la consommation finale d’un pays. Les résultats reflètent mieux l’impact réel de l’utilisation des ressources, tant celles extraites du territoire national que celles mobilisées indirectement hors de nos frontières pour produire et transporter les produits importés. La prise en compte des flux indirects de matières conduit à augmenter considérablement le chiffrage des flux apparents, tel que le calcule la consommation apparente (DMC, Domestic Material Consumption). Cela concerne notamment les importations de combustibles fossiles et de minerais métalliques, qui contribuent à alourdir l’empreinte matières de la France.
L’empreinte matières est calculée comme la somme de l’extraction domestique et des importations exprimées en équivalent matière première (RME, Raw Material Equivalent), diminuée des exportations exprimées en équivalent matières premières. La méthodologie utilisée est l’ « outil pays » (RME tool) développé par EUROSTAT, qui utilise notamment des moyennes européennes pour les métaux, le recyclage et les prix, ainsi que le mix énergétique.
Cet indicateur est comparable dans le temps, mais pour l’instant seulement avec la moyenne de l’Union européenne à 28, les pays n’étant pas tenus de calculer leur empreinte nationale : ainsi l’empreinte matières française atteint 13,9 tonnes par habitant en 2018, elle reste inférieure à celle de la moyenne européenne (14,0 t/hab).
Analyse
En France, en 2018, totalisant 636 millions de tonnes (Mt) l’extraction intérieure représente 9,5 tonnes par habitant (t/hab). Elle est majoritairement composée de minéraux non métalliques (près de 60 %, contre 62 % avant la récession de 2008 qui a notamment affecté le secteur de la construction et les matériaux utilisés) et de biomasse (40 %) : les minerais métalliques et les combustibles fossiles, très faiblement extraits du territoire national (0,3 % de l’extraction intérieure) sont essentiellement importés. L’addition des flux extérieurs à l’extraction domestique constitue la consommation apparente (DMC, 774 Mt en 2018).
Exprimés en équivalent matières premières, ces flux extérieurs pèsent de 2,6 à 3 fois plus que leurs tonnages douaniers, ce qui alourdit la consommation en équivalent matières premières (RMC, 928 Mt), c’est-à-dire l’empreinte matières.

Source : SDES ; Douanes ; Eurostat
Traitement : SDES, 2021
En 2018, celle-ci est supérieure à la DMC de près de 20 % (13,9 t/hab contre 11,6 t/hab) : en 2008 elle l’excédait de 17 %. Les tendances de ces indicateurs restent similaires : depuis la crise de 2008, l’extraction intérieure et la DMC ont diminué respectivement de -12 et -13 % quand l’empreinte matières perdait 11 %.
Si les pays industrialisés tendent à présenter un certain découplage entre croissance et mobilisation de matières, c’est en partie le résultat d’un transfert des activités extractives et industrielles vers les pays émergents et/ou en développement. Ces pays, peu atteints par la crise en 2008, poursuivent leur croissance et leur rattrapage du niveau de vie des pays occidentaux au travers de leurs consommations et leurs investissements (alimentés par leur démographie) et étendent leur empreinte matières : en 2017, selon l’UNEP-IRP, celle-ci a atteint le niveau de la moyenne mondiale (12,2 tonnes par habitant), inférieure de moitié à celle des pays développés) : si l’Inde approche 5 t/hab et la Russie 10 t/hab, la Chine dépasse 20 t/hab quand les USA ont une empreinte de 32 t/hab et l’Australie 43 t/hab.
L’extraction mondiale a plus que triplé depuis 1970 et continue de s’accroitre. Selon les experts, si les tendances passées se poursuivaient, l’empreinte moyenne mondiale atteindrait en 2050 près de 20 t/hab, soit le double du niveau actuel.
L’empreinte matières peut être calculée selon la méthode de l’analyse du cycle de vie (production, utilisation, élimination) d’un produit donné. D’après le Wuppertal Institut, les 120 grammes que pèse notre téléphone portable, riche en métaux précieux (or, argent, palladium…) et rares (lithium, tantale, cobalt…), très couteux et difficiles à extraire, auront nécessité 70kg de matières, mobilisant plus de 70 matériaux différents.

Source : Ademe, Sénat (rapport n°850, 09/2016), Wuppertal Institut (2012), évaluation selon l’approche poids-matière de l’écologiste Friedrich Schmidt-Bleek, © MTES / CGDD
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