Économie

Typologie des cultures des exploitations agricoles en 2010

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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L’agriculture littorale subit des pressions foncières importantes et répercute souvent plus fortement les problèmes rencontrés par l’agriculture sur l’ensemble du territoire : diminution importante du nombre d’exploitations, âge des exploitants en augmentation, difficulté de reprise, augmentation du prix des terres. Les surfaces agricoles diminuent sur la frange littorale alors qu’elles jouent un rôle essentiel de production et de maintien des équilibres dans l’aménagement du territoire.

Panorama général

Les grandes cultures et l’élevage dominent sur tout l’arc mer du Nord - Manche - Atlantique. Les grandes cultures sont importantes du Nord à la Seine-Maritime. Prairies et fourrages sont très présents dans le Calvados et surtout dans la Manche. Les côtes de Bretagne et des Pays de la Loire sont marquées par la présence de grandes cultures couplées à de l’élevage intensif. Les cultures légumières y sont également non négligeables, surtout en Nord Bretagne. La viticulture est par ailleurs présente en Charente-Maritime.

En Méditerranée continentale, les cultures spécialisées dominent : vignes et autres cultures entretenues (vergers et petits fruits) aux côtés de légumes. En Corse, les parcours et prairies sont très nombreux, la viticulture étant présente en Haute-Corse.

Enfin, l’outre-mer est marquée par l’empreinte des cultures de légumes, fruits et canne à sucre caractérisant une grande part des communes ultramarines.

Classes typologiques des cultures des exploitations agricoles
Données complémentaires, par classe typologique

Caractérisation des classes typologiques

Six classes typologiques basées sur la répartition des grands types de cultures des exploitations agricoles ont été révélées par l’analyse statistique (voir méthodologie).

Ces classes, une fois définies, ont été étudiées au regard de variables qualitatives supplémentaires (type de commune – urbain / périurbain / rural) et surtout quantitatives (variables démographiques et touristiques, occupation du sol…).

Classe 1 : légumes, fruits, fleurs et canne à sucre
La première classe regroupe un dixième des communes étudiées. Elle comprend les quatre cinquièmes des communes littorales ultramarines. En métropole, elle est plus importante en bord de mer que dans l’arrière-pays. Les cultures industrielles destinées à la transformation (surtout la canne à sucre), les cultures légumières et de pommes de terre, et les cultures entretenues (arbres fruitiers) sont très importantes. Avec 0,8 % de la SAU, les cultures florales sont également 5 fois plus importantes dans ce groupe que la moyenne pour l’ensemble des communes étudiées.

On compte, en moyenne, 1,6 UTA (unité de travail agricole) par exploitation et assez peu de bovins. La densité de population des communes concernées est élevée, environ 350 hab. par km². Cela implique un taux d’artificialisation également important. Plus d’une commune sur deux est urbaine et le taux de fonction touristique des communes de métropole concernées est assez faible.

Cette classe regroupe de nombreuses communes ayant une agriculture de type urbain / périurbain : faible part de SAU en nette diminution, -24 % de 1988 à 2000, forte population et importance dans les assolements des légumes, des fleurs et des vergers souvent destinés à des filières de vente locale.

Classe 2 : parcours et prairies naturelles
La classe 2 comprend 8 % des communes étudiées, en métropole comme en outre-mer. Les prairies peu productives (parcours, landes) dominent la SAU, avec près des trois quarts des surfaces. Les cultures intensives sont peu présentes. Les terres agricoles représentent, par ailleurs, seulement un dixième de l’occupation du sol.

La densité de population des communes concernées est faible, 67 hab./km² en moyenne. C’est la plus faible densité des 6 classes. Les territoires artificialisés sont peu importants et seulement une commune sur huit est urbaine. Les résidences secondaires sont nombreuses dans le parc de logements et le taux de fonction touristique est élevé. Les soldes migratoires sont importants sur la période récente et les soldes naturels quasi nuls.

Classe 3 : prairies et cultures fourragères
La classe 3 comprend 428 communes, soit 21 % du total. La surface fourragère principale est importante, avec 84 % de la SAU, répartie entre surfaces toujours en herbe (51 %) et cultures fourragères. Les cheptels de vaches laitières sont plus importants que ceux de vaches allaitantes.

La classe 3 est plus présente en métropole, surtout dans l’arrière-pays littoral, qu’en outre-mer. La densité de population moyenne est assez faible et peu de communes sont urbaines, le taux d’artificialisation des territoires étant parmi les plus faibles des 6 classes typologiques.

Répartition des communes par classe typologique sur le littoral et dans son arrière-pays

Classe 4 : vignes et autres cultures
La classe 4 est celle comprenant le plus faible effectif de communes, avec un peu moins de 8 % du total, soit 163 communes. Elles sont presque toutes situées en métropole, leur part étant plus importante en bord de mer que dans l’arrière-pays. Les terres viticoles représentent un peu plus de la moitié de la SAU. Elles sont surtout accompagnées de prairies et de céréales. On compte près de deux UTA par exploitation.

La densité de population est assez élevée, un peu plus de 150 hab./km² et les soldes migratoires sont très forts entre 2007 et 2012. Le tourisme est important, avec un taux de fonction touristique proche de deux et une part importante de résidences secondaires dans le parc de logements. La SAU a fortement diminué depuis 1988.

Classe 5 : grandes cultures, prairies et fourrages
La classe 5 comprend un cinquième des communes étudiées, soit 418. En métropole, elles regroupent près du quart des communes littorales et 19 % des communes d’arrière-pays. La surface fourragère principale représente 60 % de la SAU, surtout représentée par des cultures fourragères, maïs fourrage et prairies artificielles. Les cultures céréalières sont assez importantes, avec près du tiers de l’assolement. La densité moyenne de vaches laitières est forte, de même que celle des porcs charcutiers. Cette classe est donc caractérisée par une agriculture intensive avec élevage et grandes cultures.

Les petites exploitations sont peu nombreuses, de même que la part des exploitants / co-exploitants âgés de plus de 55 ans. Les communes concernées ont une densité de population assez élevée et sont assez peu touristiques. Les terres agricoles y occupent près des trois quarts de l’occupation du sol, ratio le plus élevé des 6 classes.

Classe 6 : grandes cultures
La classe 6 est la plus importante. Elle regroupe un tiers des communes étudiées. En métropole, elles sont particulièrement nombreuses dans l’arrière-pays littoral. Les grandes cultures dominent les assolements. Les cultures céréalières occupent 45 % de la SAU. Les oléagineux, protéagineux, cultures industrielles et pommes de terres sont également nettement plus importants que dans les 5 autres classes.

Les petites exploitations sont peu nombreuses et la SAU a nettement moins diminué dans les communes de cette classe que dans les autres. Les soldes migratoires sont modérés sur la période récente et le tourisme est dans la moyenne des communes étudiées.

Analyse géographique

La classe 1 est présente dans toutes les régions littorales. En métropole, excepté dans les communes littorales de Paca, elle ne représente jamais une forte proportion de communes, en bord de mer comme dans l’arrière-pays, où elle est généralement un peu moins présente (surtout en Bretagne, dans les Pays de la Loire et en Paca). Elle est, par contre, très majoritaire dans les quatre départements ultramarins.

La classe 2 est rarement dominante, excepté en Corse, en bord de mer comme dans l’arrière-pays.

La classe 3 est surtout importante en Normandie. Elle est également assez présente dans les Pays de la Loire, en Sud Atlantique, en Corse et en Guyane.

La classe 4 est surtout présente dans le sud de l’hexagone, en Sud Atlantique et sur le pourtour méditerranéen, principalement en Languedoc-Roussillon.

La classe 5 est présente dans l’ouest de la France, de la Bretagne aux Pays de la Loire.

Enfin la classe 6 est importante dans les Hauts-de-France et en Normandie, dans le prolongement des plaines céréalières du grand bassin parisien. Elle est assez représentée dans les Pays de la Loire et sur la façade Sud Atlantique. Elle est très peu importante en Méditerranée et est absente en outre-mer.

Répartition géographiques des communes par classe dans les cantons littoraux
Répartition géographiques des communes par classe dans les cantons littoraux
Répartition géographiques des communes par classe dans les cantons littoraux

Source : Agreste, RA 2010

Traitement : SDES

Dans le détail

La classe 1 est surtout présente en outre-mer, dans les Alpes-Maritimes et dans le Var, en contexte plutôt urbain. Elle est également assez importante dans les Bouches-du-Rhône, les Pyrénées-Orientales, la Loire-Atlantique et les côtes bretonnes (cultures légumières sur le littoral nord de la Bretagne).

La classe 2 est importante en Corse-du-Sud et en Haute-Corse (prairies maigres et maquis). Elle est également présente ponctuellement dans les Antilles, la Somme, le Morbihan, la Vendée, en Aquitaine et en Méditerranée continentale.

La classe 3 est surtout présente sur l’arc Manche-Atlantique. Elle est très importante dans la Manche et le Calvados. Elle est également non négligeable en Centre-Atlantique, de la Vendée à la Gironde, dans les Pyrénées-Atlantiques et en Haute-Corse.

La classe 4 est présente en Charente-Maritime, dans les Landes et sur le pourtour méditerranéen. Elle est très importante des Pyrénées-Orientales à l’Hérault et des Bouches-du-Rhône au Var. Elle est non négligeable en Haute-Corse.

La classe 5 caractérise nettement l’agriculture de l’ouest de la France. Elle est très importante des Côtes-d’Armor à la Loire-Atlantique. Elle est non négligeable à proximité de cet ensemble, en Ille-et-Vilaine et en Vendée, ainsi que dans les Landes.

La classe 6 est importante aux marges du bassin parisien, du Nord au Calvados, aux marges du bassin aquitain (de la Vendée aux Pyrénées-Atlantiques, et au cœur de la Camargue (riziculture).

Détail de la répartition des classes typologiques dans les communes littorales

Typologie des cultures et viabilité des exploitations agricoles

En parallèle au travail mené sur la typologie des cultures en bord de mer, un travail a été réalisé pour caractériser l’agriculture littorale sous un angle socio-économique. Il a abouti à une échelle de viabilité des exploitations allant des plus fragiles (exploitations de petite dimension économique, exploitants âgés…) aux plus prospères (production brute standard élevée, bon niveau de formation…).

Le croisement de ces deux typologies est présenté dans la figure ci-après.

Il existe un lien assez net entre les types de cultures et l’échelle de viabilité des exploitations. Les classes 5 et 6 regroupant les grandes cultures seules ou avec des ateliers d’élevage intensif sont plutôt prospères. Ainsi, 82 % des communes à l’agriculture prospère sont en classes 5 et 6.

À l’opposé, les classes 1 et 4 orientées vers des cultures spécialisées (vignes, cultures entretenues, fruits, légumes, fleurs, canne) sont surtout classées en agriculture en difficulté. Près des trois quarts des communes de la classe 4 “vignes et autres cultures” sont concernées et plus de la moitié des communes de la classe 1 “légumes, fruits, fleurs, canne à sucre”.

Les classes 2 et 3, marquées par l’importance de l’élevage, regroupent surtout des communes à l’agriculture peu rentable. La classe 2 “parcours et prairies naturelles” avec un élevage plutôt extensif ne comprend aucune commune à l’agriculture prospère.

Typologie des cultures et niveau de viabilité des exploitations

Analyse statistique

La classification ascendante hiérarchique a été faite par la méthode de Ward (maximisation de l’inertie interclasse du nuage des individus), à partir des coordonnées des communes étudiées sur les axes de l’analyse en composantes principales.

Les classes les plus homogènes (faible distance moyenne des différentes communes de la classe étudiée au barycentre de la même classe) sont les classe 2, 3 et 5. Les différences entre communes sont plus fortes dans les classes 1 et 4. Ces classes marquées par l’importance des cultures spécialisées peuvent en effet regroupées des communes aux assolements très différents : des communes spécialisées dans les cultures légumières dans le nord de la Bretagne et des communes recouvertes d’arbres fruitiers ou d’oliviers sur le pourtour méditerranéen.

Comme le montre la représentation graphique ci-dessous (coordonnées des barycentres des classes et des variables étudiées sur les axes 1 et 2 de l’analyse en composantes principales), les classes sont parfaitement distinctes, les classes 1 et 4 étant assez proches et caractérisant les cultures spécialisées.

Classes et variables étudiées
Classes et variables étudiées
Classes et variables étudiées

Source : Agreste, RA 2010

Traitement : SDES

Méthodologie

Une analyse typologique a été menée pour caractériser l’agriculture littorale et la répartition des différents types de cultures. Les grands types de culture ont été intégrés à une analyse en composantes principales (ACP) puis à une classification ascendante hiérarchique (CAH). Ces méthodes statistiques permettent de définir des classes de communes homogènes suivant les critères étudiés.

La surface agricole utile (SAU) se répartit globalement comme suit :

  • les terres labourables : céréales, oléagineux (colza, tournesol), protéagineux (pois, féverole...), cultures industrielles pour la transformation (canne, betterave, lin...) ;
  • la surface fourragère principale (SFP) : elle comprend les fourrages (maïs fourrage, prairies artificielles) et les surfaces toujours en herbe (STH), comme les prairies naturelles et les surfaces herbagères peu productives (parcours, landes) ;
  • les cultures spécialisées : légumes (pomme de terre, légumes frais), vignes, fleurs et cultures permanentes entretenues (pépinières, petits fruits et vergers dont les oliviers).
    Pour chaque exploitation, les données sont affectées à la commune de son siège.
    Toutes ces variables ont été prises en compte en tenant compte de leurs parts respectives dans la SAU.

Auteur : Service de la donnée et des études statistiques (SDES).

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