Biodiversité

Phycotoxines sur le littoral métropolitain en 2020, évolution depuis 2010

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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La contamination des produits de la mer par des toxines produites par certaines espèces de micro-algues, ou phytoplancton, constitue un enjeu de santé publique. En France, la surveillance des risques liés au toxines algales, appelées également phycotoxines, porte principalement sur les coquillages se nourrissant de phytoplancton.

Analyse générale

Plusieurs espèces de micro-algues (phytoplancton) sont susceptibles de produire des toxines algales, appelées également phycotoxines. Ces substances s’accumulent dans les coquillages qui se nourrissent de ces micoralgues et peuvent constituer un risque pour la santé humaine en cas d’ingestion.

Trois familles de phycotoxines font actuellement l’objet d’une surveillance obligatoire dans le cadre de la législation européenne avec l’application d’un seuil réglementaire au-dessus duquel les zones de production (conchylicole ou pêche de coquillages) sont susceptibles d’être fermées par les services de l’État :

  • Toxines lipophiles, incluant les diarrhéiques, ou DSP (Diarrhetic Shellfish Poisonning) ;
  • Toxines paralysantes ou PSP ;
  • Toxines amnésiantes ou ASP.
    Elles sont observées dans les coquillages du littoral français de façon récurrente.

Outre leurs impacts sanitaires, leur présence dans les coquillages peut avoir des répercussions économiques (pertes financières des conchyliculteurs et des pêcheurs pendant les périodes d’interdiction de consommation des produits concernés) et environnementaux (mortalités parfois massives d’animaux marins).

En France, la surveillance des phycotoxines dans les coquillages est assurée par le Réseau de surveillance des PHYcoTOXines dans les organismes marins (REPHYTOX) sur 103 zones marines (voir méthodologie).

Sur l’ensemble du littoral métropolitain, les toxines diarrhéiques (DSP), essentiellement associées au développement d’espèces de phytoplancton du genre Dinophysis, affectent chaque année de nombreuses zones marines et des coquillages très variés. Les épisodes de contamination par les DSP constituent la majorité des contaminations observées sur le littoral métropolitain entrainant ainsi une perturbation du fonctionnement des entreprises conchylicoles sur les différentes façades maritimes.

Les toxines amnésiantes (ASP), associées au développement d’espèces phytoplanctoniques du genre Pseudo-nitzschia, affectent un nombre de zones variable d’une année sur l’autre. Les zones marines concernées, localisées principalement en Atlantique et en Manche, sont essentiellement des zones d’exploitation des gisements de coquilles Saint-Jacques.

Les épisodes liés aux toxines paralysantes (PSP), associés majoritairement au développement des espèces du genre Alexandrium, sont rares chaque année ; depuis 2018, aucune contamination au-dessus du seuil réglementaire n’a été observée sur l’ensemble du littoral. Cependant, leur dangerosité élevée fait que ces toxines sont à garder sous haute surveillance.

Évaluation des épisodes de toxicité dans les coquillages en 2020

Sur le littoral métropolitain, 308 lieux de prélèvements répartis sur 103 zones marines font l’objet, chaque année, d’une évaluation de la toxicité par les phycotoxines sur 23 taxons de coquillages (moules, huîtres, coquilles Saint-Jacques, palourdes, coques…), pêchés sur des gisements naturels (pêche professionnelle) ou élevés selon des méthodes variées (à plat, sur tables, sur bouchots, sur filières…).

En 2020, les épisodes de toxicité liés au DSP constituent la majorité des contaminations observées sur le littoral métropolitain, 40 % des zones marines suivies étant touchées sur une période plus ou moins longue (de 1 à 8 mois). La façade Atlantique est la plus concernée par ces contaminations avec 32 zones marines touchées (31 % de l’ensemble de zones suivies sur le littoral métropolitain), suivie de la Méditerranée (5 % des zones suivies) puis de la Manche (4 % des zones suivies).

Épisodes de contamination (avec dépassement de seuil réglementaire) par DSP sur le littoral métropolitain en 2020 par type de coquillage

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Episodes de contamination (avec dépassement de seuil réglementaire) par DSP sur le littoral métropolitain en 2020 par type de coquillage.

Description : La carte présente la localisation des épisodes de contamination par DSP en France métropolitaine pour l’année 2020 et pour les coquillages suivantes : moules, huîtres, palourdes, pectinidés et autres coquillages.

A retenir : Les zones les plus fréquemment touchées sont : la baie de Douarnenez (concernée par les épisodes de contamination des donaces ou tellines, à diverses saisons), la Petite mer de Gâvres et Aven-Belot-Laïta (moules, huitres et coques, de juin à août), la baie de Vilaine à la Loire (moules et coques, entre mai et septembre), îles de Ré et d’Oléron (donaces, de mai à novembre), le détroit de Pertuis d’Antioche (moules, de mai à juin), l’étang de Salses-Leucate (moules et huitres, à diverses saisons) et les étangs Palavasiens (moules et palourdes, d’octobre à décembre).

Les épisodes de toxicité par DSP ont été observés sur divers coquillages (notamment moules, huîtres, palourdes et pectines) et à différentes époques de l’année. Les zones les plus fréquemment touchées sont : la baie de Douarnenez (concernée par les épisodes de contamination des donaces ou tellines, à diverses saisons), la Petite mer de Gâvres et Aven-Belot-Laïta (moules, huitres et coques, de juin à août), la baie de Vilaine à la Loire (moules et coques, entre mai et septembre), îles de Ré et d’Oléron (donaces, de mai à novembre), le détroit de Pertuis d’Antioche (moules, de mai à juin), l’étang de Salses-Leucate (moules et huitres, à diverses saisons) et les étangs Palavasiens (moules et palourdes, d’octobre à décembre).

Les épisodes de toxicité liés à l’ASP ont été rares en 2020. Seules 2 zones marines localisées en Bretagne ont été affectées par des dépassements du seuil réglementaire : la Baie de Douarnenez et le large de Concarneau - l’archipel de Glénan. Les coquillages concernés par ces épisodes de toxicité sont les pectinidés.

Épisodes de contamination (avec dépassement de seuil réglementaire) par ASP sur le littoral métropolitain en 2020 par type de coquillage

Agrandir la figure 3394

Épisodes de contamination (avec dépassement de seuil réglementaire) par ASP sur le littoral métropolitain en 2020 par type de coquillage.

Description : La carte présente la localisation des épisodes de contamination par ASP en France métropolitaine pour l’année 2020 et pour les coquillages suivantes : moules, huîtres, palourdes, pectinidés et autres coquillages.

A retenir : 2 zones marines affectées : la Baie de Douarnenez et le large de Concarneau - l’archipel de Glénan.

À l’inverse, aucune zone suivie n’a fait l’objet d’un épisode de contamination lié aux toxines paralysantes (PSP) dans les coquillages en 2020. Les toxines paralysantes sont, en France, associées exclusivement au genre phytoplanctonique Alexandrium. Les coquillages ne deviennent toxiques que si une ou plusieurs espèces de ce genre sont présentes à des concentrations importantes.

Évolution des épisodes de toxicité dans les coquillages entre 2010 et 2020

Sur la période 2010-2020, les épisodes de toxicité par DSP sont récurrents et constituent la majorité des épisodes toxiques avérés sur littoral métropolitain. Au total 54 zones (soit 52 % des zones marines suivies) ont été touchées par un ou plusieurs épisodes de toxicité DSP ; parmi elles, 7 zones ont été touchées tous les ans (toutes localisés sur la façade Atlantique), 6 zones affectées avec une occurrence de 9 à 10 ans, 14 zones concernées par des épisodes de façon plus épisodiques (occurrence de 1 ou 2 ans).
L’absence d’épisodes toxiques sur certaines zones (49 zones sur la période 2010-2020) peut s’expliquer par l’absence de proliférations de Dinophysis (nord de la France, ouest Cotentin et Bretagne nord), ou par l’absence de zones de production conchylicoles comme sur le littoral Est-Méditerranéen.

Évolution du nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité 2010 - 2020

Le graphique présente le nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité ASP, DSP et PSP dans les coquillages entre 2010 et 2020.
À retenir :
Sur la période 2010-2020 :

  • Au total 54 zones ont été touchées par un ou plusieurs épisodes de toxicité
    DSP ;
  • Au total 32 zones ont été touchées par un ou plusieurs épisodes de toxicité
    ASP ;
  • Au total 6 zones ont été touchées par un ou plusieurs épisodes de toxicité PSP.

Depuis 2010, les épisodes de toxicité par ASP ont touché 32 zones marines. Le nombre de zones affectées diminuent sur la période. Sur l’ensemble de la période d’étude, 60 % des zones touchées par ces épisodes le sont de façon sporadique (occurrence sur 1 ou 2 ans). La répartition géographique des zones affectées est hétérogène sur le territoire littoral : 75 % des zones touchées sont localisées en Atlantique contre 25 % en Manche, et zéro en Méditerranée.

Les épisodes de toxicité par PSP ont affecté très peu de zones chaque année. Ainsi, entre 2010 et 2017, au total, 6 zones marines ont été touchées par ces toxines sur l’ensemble du littoral métropolitain. Depuis 2018, aucun épisode n’a été relevé.

Nombre d’années et de zones concernées par des épisodes de phycotoxicité avérée sur la période 2010-2020, par famille de toxines (ASP, DSP et PSP)

Le graphique présente le nombre d’année et de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité ASP, DSP et PSP dans les coquillages entre 2010 et 2020. L’occurrence est présentée par des périodes de : 1 à 2 ans, 3 à 5 ans, 6 à 8 ans, 9 à 10 ans et tous les ans.
A retenir :
Épisodes de toxicité par ASP :

  • 19 zones marines touchés avec une occurrence de 1 à 2 ans ;
  • 9 zones marines touchés avec une occurrence de 3 à 5 ans ;
  • 4 zones marines touchés avec une occurrence de 6 à 8 ans ;
  • 0 zones marines touchés avec une occurrence de 9 à 10 ans ;
  • 0 zones marines touchés tous les ans.

Épisodes de toxicité par DSP :

  • 49 zones marines touchés avec une occurrence de 1 à 2 ans ;
  • 14 zones marines touchés avec une occurrence de 3 à 5 ans ;
  • 14 zones marines touchés avec une occurrence de 6 à 8 ans ;
  • 6 zones marines touchés avec une occurrence de 9 à 10 ans ;
  • 7 zones marines touchés tous les ans.

Épisodes de toxicité par PSP :

  • 4 zones marines touchés avec une occurrence de 1 à 2 ans ;
  • 2 zones marines touchés avec une occurrence de 3 à 5 ans ;
  • 0 zones marines touchés avec une occurrence de 6 à 8 ans ;
  • 0 zones marines touchés avec une occurrence de 9 à 10 ans ;
  • 0 zones marines touchés tous les ans

Détail par type de toxine

Les toxines lipophiles (diarrhéiques – DSP)

En France, les premiers épisodes toxiques clairement associés à des toxines diarrhéiques ont été observés en 1983 avec près de 4 000 intoxications recensées en Bretagne sud. A ce jour, aucun décès n’a été associé à ces toxines dans le Monde. Les toxines DSP n’ont pas d’effet nuisible connu sur les coquillages dans lesquels elles se sont accumulées : ainsi les coquillages interdits à la consommation sont à nouveau consommables une fois l’épisode toxique terminé.

Sur la période 2010-2020, le nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité par DSP sur l’ensemble du littoral métropolitain a augmenté de 64 % (25 zones en 2010 contre 41 zones en 2020). 76 % des zones marines suivies sur façade Atlantique sont en moyenne touchées par cette toxicité contre 12 % en Manche et 12 % en Méditerranée. Parmi les trois façades, la façade Atlantique est la seule à présenter une tendance à l’augmentation des zones affectées par la toxicité par DSP.

Évolution du nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité par DSP dans les coquillages, par façade maritime

Le graphique présente le nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité DSP dans les coquillages pour la période 2010-2020 pour les façades Atlantique, Manche et Méditerranée.

À retenir :
Entre 2010 et 2020 le nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité par DSP sur l’ensemble du littoral métropolitain a augmenté de 64 % : 25 zones en 2010 contre 41 zones en 2020

Parmi les zones touchées par la toxicité DSP, certaines sont systématiquement ou plus souvent touchées ; c’est le cas des zones localisées en Bretagne Ouest et Sud, dans le bassin d’Arcachon, dans l’étang de Salses-Leucate et dans les étangs Palavasiens en Languedoc-Roussillon. D’autres régions comme la Normandie sont affectées de façon plus épisodique.

Entre 2010 et 2020, 59,2 % des dépassements du seuil réglementaire DSP concernent les moules, 19,6 % les donaces, 5,4 % les huîtres, 4,0 % les coques et 3,9 % les coquilles Saint-Jaques.

Les moules, constituent de façon générale l’essentiel des coquillages concernés par une contamination DSP. Étant donné que ce bivalve se contamine plus rapidement que les autres, cela a conduit à les désigner comme sentinelles pour le suivi des toxines DSP.

Part des différents types de coquillages concernés par des épisodes de phycotoxicité par DSP entre 2010 et 2020

Le graphique présente la répartition en pourcentage des coquillages concernés par des épisodes de phycotoxicité par DSP sur la période 2010-2020.

À retenir :

  • Moule : 59,2 %
  • Pétoncle : 3,0 %
  • Huitre creuse : 5,4 %
  • Coque : 4,0 %
  • Coquilles Saint-Jacques : 3,9 %
  • Palourde : 2,0 %
  • Donaces : 19,6 %
  • Palourde rose : 1,5 %
  • Amande et Spisule : 1,4 %

Les records de contamination par DSP ont été observés dans le bassin d’Arcachon au printemps 2012, avec des maxima atteignant près de 37 300 μg/kg dans les moules, 11 800 μg/kg dans les coques, et 2 300 μg/kg dans les palourdes (à comparer au seuil de sécurité sanitaire réglementaire de 160 μg par kilogramme de chair de coquillage au-dessus duquel les coquillages sont considérés comme impropres à la consommation). D’autres hauts niveaux de concentrations ont été constatés comme par exemple, dans les moules de la baie de Concarneau en 2013 (14 100 μg/kg), dans les donaces en Iroise – Camaret (6 500 μg/kg), en baie de Douarnenez (9 900 μg/kg) et en Baie d’Etel (5 100 μg/kg) en 2020, dans les coquilles Saint-Jaques en baie de Seine et Orne en 2018 (2 300 μg/kg), dans les huitres dans l’étang de Salses-Leucate en 2012 (1 000 μg/kg).

Les toxines amnésiantes (ASP)

Des toxines ASP ont été observées pour la première fois en France, en mer d’Iroise et en baie de Douarnenez en 2000, puis en Méditerranée en 2002. Aucune intoxication ASP associée à des coquillages provenant de zones françaises n’a été rapportée à ce jour. Sur les côtes françaises, ces toxines sont associées exclusivement au genre Pseudo-nitzschia. Les coquillages sont contaminés par une ou plusieurs espèces de ce genre lorsqu’elle sont présentes à des concentrations importantes et si ces espèces produisent des toxines, ce qui n’est pas le cas pour toutes. Le seuil sanitaire réglementaire au-dessus duquel les coquillages sont considérés comme impropres à la consommation est de 20 mg par kilogramme de chair de coquillage.

Sur la période 2010-2020, le nombre de zones marines touchées par des épisodes de toxicité par ASP varie d’une année sur l’autre ; une tendance à la diminution est toutefois observée. Ainsi, le nombre de zones affectées est passée de 18 en 2010 à 2 en 2020.

Les zones touchées se concentrent majoritairement en Atlantique. En Manche, les épisodes étant beaucoup plus rares, le nombre de zones n’a jamais dépassé le 6 % de l’ensemble des zones marines suivies. En Méditerranée, aucun dépassement de seuil a eu lieu sur la période étudiée. Cette répartition inégale des zones touchées entre façades s’explique essentiellement par la prise en compte dans la surveillance des coquillages de pêche au large, absents ou non exploités en Méditerranée.

Évolution du nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité par ASP dans les coquillages, par façade maritime

Le graphique présente le nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité DSP dans les coquillages pour la période 2010-2020 pour les façades Atlantique, Manche et Méditerranée.

À retenir :
Entre 2010 et 2020 le nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité par ASP sur l’ensemble du littoral métropolitain diminue : 18 zones concernées 2010 contre 2 en 2020.

Les coquilles Saint-Jacques constituent l’essentiel des coquillages touchés par une contamination ASP depuis 2010 (88 % des épisodes), ce coquillage a la particularité de se décontaminer très lentement comparé aux autres coquillages. Les zones le plus souvent concernées par ces épisodes de toxicité sont baie de Seine et Orne (de 2011 à 2014), la Rade de Brest (entre 2014 et 2018) et le large de Concarneau – l’archipel de Glénan (de 2010 à 2014, 2019 et 2020). Le record absolu de toxicité a été observé à la Rade de Brest au printemps 2014, avec des valeurs dans les coquilles Saint-Jacques dépassant de près 43 fois le seuil sanitaire (20 μg/kg).

Part des différents types de coquillages concernés par des épisodes de phycotoxicité par ASP entre 2010 et 2020

Le graphique présente la répartition en pourcentage des coquillages concernés par des épisodes de phycotoxicité par ASP sur la période 2010-2020.

À retenir :

  • Coquilles Saint-Jacques : 87,5 %
  • Moule : 4,6 %
  • Donaces : 2,1 %
  • Huitre creuse : 2,0 %
  • Palourde : 1,6 %
  • Pétoncle : 1,4 %
  • Palourde rose : 0,7 %
  • Amande : 0,3 %

Les toxines paralysantes (PSP)

Les premières observations de toxines PSP ont eu lieu en 1988 pour les côtes atlantiques (Abers, Bretagne nord-ouest) et en 1998 pour le pourtour méditerranéen (étang de Thau). Toutefois, aucune intoxication PSP associée à des coquillages provenant de zones françaises n’a été rapportée à ce jour.

Les coquillages ne deviennent toxiques que si une ou plusieurs espèces de ce genre sont présentes à des concentrations importantes. Les intoxications par PSP peuvent en revanche toucher de nombreux consommateurs de niveau élevé dans la chaine alimentaire, non seulement les humains, mais aussi les mammifères marins, oiseaux, etc. Le seuil sanitaire réglementaire au-dessus duquel les coquillages sont considérés comme impropres à la consommation est de 800 µg par kilogramme de chair de coquillage.

Les épisodes de toxicité par PSP sont rares entre 2010 et 2017 et inexistantes entre 2018 et 2020. La majorité des zones marines touchées par au moins un épisode toxique PSP se localisent en Manche (la Rance, la rivière de Morlaix, Penzé et Ouessant - les Abers). En Atlantique et en Méditerranée, les zones affectées sur la période étudiée sont respectivement la Rade de Brest et l’Etang de Thau.

Évolution du nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité par PSP dans les coquillages, par façade maritime

Le graphique présente le nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité PSP dans les coquillages pour la période 2010-2020 pour les façades Atlantique, Manche et Méditerranée.

À retenir :
Sur la période 2010 et 2017 le nombre de zones marines concernées par des épisodes de phycotoxicité par PSP varie entre 1 et 3 sur l’ensemble du littoral métropolitain. A partir de 2018 aucun épisode a été observé.

Les coquillages touchés sont notamment les moules (84 % des épisodes) mais sont aussi parfois concernées les huitres (15 % des épisodes) et les coques (1 % des épisodes).
Sur la période 2010-2017, les records absolus de toxicité ont été observés en Rade de Brest en été 2012, avec des maxima atteignant 15 fois le seuil sanitaire réglementaire dans les moules et 2 fois dans les huîtres. En dehors de cet épisode, des valeurs très supérieures au seuil réglementaire ont été observées dans l’étang de Thau (moules et huitres) en automne 2015, 2016 et 2017, en Rade de Brest (moule) à l’été 2014 et 2015, dans l’estuaire de la Rance en été 2010 (coques) et dans la rivière de Morlaix (moules) en été 2010.

Concentration maximale des toxines diarrhéiques (DSP) dans les coquillages, par zone marine

Concentration maximale des toxines amnésiantes (ASP) dans les coquillages, par zone marine

Concentration maximale des toxines diarrhéiques (DSP) dans les coquillages, par zone marine

Méthodologie

La surveillance des phycotoxines est réglementée au niveau européen avec le « Paquet Hygiène », dont le Règlement (CE) N°853/2004 du Parlement et du Conseil européens du 29 avril 2004 fixant les règles spécifiques d’hygiène applicables aux denrées alimentaires d’origine animale.

En France, la surveillance des risques liés aux phycotoxines concerne les coquillages bivalves se nourrissant de phytoplancton. Le Réseau d’Observation et de Surveillance du Phytoplancton et des Phycotoxines (REPHY et REPHYTOX), créé par l’Ifremer en 1984, permet de suivre ce risque, et notamment les micro-algues productrices de toxines susceptibles de s’accumuler dans les mollusques bivalves, présents et exploités dans les zones de production : zones ou gisements naturels exploités professionnellement (parcs, filières, bouchots, zone de dépôt…) ou dans les zones de pêche professionnelle (sous réglementation française pour les gisements au large). La surveillance du REPHYTOX ne s’applique pas sur le domaine privé.

Les méthodes utilisées pour la détection et la quantification des toxines sont les méthodes officielles d’analyse prévues par le règlement d’exécution (UE) n°2019/627 et relayées au plan national par le LNR (Laboratoire National de Référence) « biotoxines marines » de l’ANSES.

Les troubles occasionnés varient en fonction de la famille de toxines incriminée mais aussi en fonction de la sensibilité individuelle et de la dose ingérée. Les premiers symptômes apparaissent entre cinq minutes à quelques heures après ingestion. Trois groupes de phycotoxines sont soumis à une surveillance obligatoire :

Les toxines lipophiles, incluant les toxines à effets diarrhéiques, principalement associées au genre Dinophysis : les symptômes sont similaires à ceux d’une intoxication diarrhéique bactérienne ou virale.

Les toxines paralysantes (PSP), associées au genre Alexandrium ; elles provoquent des atteintes neurologiques pouvant être mortelles, avec des symptômes variés dont : fourmillements des extrémités et nausées en cas d’intoxication bénigne, engourdissement des membres, troubles de la parole et difficultés respiratoires en cas d’intoxication modérée, paralysie respiratoire pouvant conduire très rapidement au décès en cas d’intoxication sévère

Les toxines amnésiantes (ASP), associées au genre Pseudo-nitzschia : elles sont à l’origine de symptômes gastro-intestinaux et neurologiques : nausées, vomissements, diarrhées puis maux de tête, troubles de la mémoire dans les 48 heures, éventuellement convulsions, et coma suivi de décès dans les cas les plus graves.

La stratégie de surveillance des toxines dans le cadre du REPHYTOX est adaptée aux caractéristiques des trois familles de toxines.

Sur toutes les zones côtières, la stratégie retenue pour les risques PSP et ASP est basée sur la détection dans l’eau des espèces présumées productrices de toxines ; lorsque leur présence dépasse le seuil d’alerte, la recherche des phycotoxines correspondantes est déclenchée dans les coquillages. Pour le risque toxines lipophiles, une surveillance est déclenchée par la simple présence de Dinophysis ou par un suivi systématique des coquillages dans les zones côtières pendant les périodes à risque. Celles-ci sont définies à partir des données historiques sur les trois dernières années et actualisées tous les ans.

Pour les gisements au large, la stratégie est basée sur une surveillance systématique des trois familles de toxines avant et pendant la période de pêche.

Les résultats de cette surveillance sanitaire sont ensuite transmis à l’administration qui prend, si nécessaire, les mesures de gestion adéquates : arrêtés préfectoraux pour interdire la vente et le ramassage des coquillages impropres à la consommation, information des conchyliculteurs et pêcheurs professionnels concernés, information du public.

Les résultats REPHYTOX sont diffusés chaque semaine dans un bulletin, ils sont bancarisés dans la base de données Quadrige et mis à disposition sur le portail SURVAL.

Définitions

  • Épisodes de toxicité  : période durant laquelle la présence, dans les coquillages, d’une toxine appartenant à l’une ou l’autre des trois familles de toxines réglementées à une concentration supérieure au seuil réglementaire.
  • Zones marines : découpage du littoral selon la base des données Quadrige de l’Ifremer.

Informations sur l’indicateur

Traitements : Service des données et études statistiques (SDES)
Auteur : Service des données et études statistiques (SDES)
Relecture : Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer)
Date de rédaction : Octobre 2022

Ressources

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