Érosion de la biodiversité
Mis à jour le | Commissariat général au développement durable
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Enjeux globaux
L’érosion de la Biodiversité se traduit notamment par l’augmentation du taux d’extinction d’espèces, par le déclin des populations de certaines d’espèces, par la dégradation des habitats naturels. Elle résulte principalement de la destruction et de la fragmentation des milieux naturels (due aux activités humaines : urbanisation croissante, intensification des pratiques agricoles, etc.), de leur pollution (d’origines domestique, industrielle et agricole), de la surexploitation d’espèces sauvages (surpêche, déforestation, etc.), de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, mais également du Changement climatique.
Le taux d’extinction d’espèces animales et végétales est estimé à 100 fois supérieur aux taux des cinq grandes extinctions de masse sur Terre (Ceballos, 2015), au point d’assister, aujourd’hui, à la sixième extinction massive. Alors que la plupart des disparitions d’espèces ont eu lieu jusque-là sur des îles océaniques, près de la moitié des extinctions se sont produites sur des continents au cours des vingt dernières années. La biodiversité est aujourd’hui largement menacée sur toute la planète (Rockström, 2009).
L’érosion de la biodiversité est préjudiciable à plusieurs titres : elle entraîne une perte de patrimoine génétique (extinction d’espèces, perte de populations) ; elle affecte également le fonctionnement des écosystèmes terrestres et aquatiques (modification des habitats, déplacement des espèces, eutrophisation des eaux de surface, etc.) ainsi que leur capacité à s’adapter aux changements des conditions physiques et biotiques (résilience). Or, les écosystèmes procurent de nombreux bénéfices à l’homme (nourriture, eau, ressources génétiques, etc.). Ces services, dits « écosystémiques », sont dégradés, et à long terme, leur pérennité est menacée.
Dans le cadre des travaux sur les neuf limites planétaires (Rockström et al., 2009), la limite « érosion de la biodiversité » est caractérisée par le taux d’extinction d’espèces. Le seuil à ne pas dépasser est 10 extinctions d’espèces sur un million d’espèces par an. En 2009, la limite est franchie avec 100 extinctions sur un million d’espèces.
Lors de la révision du modèle conceptuel (Steffen et al., 2015), une deuxième approche est définie. Elle prend en compte le rôle de la biosphère dans la fourniture de services écosystémiques et dans le fonctionnement du système terrestre. Un indicateur, l’indice d’intégrité de la biosphère (IIB), évalue l’évolution, depuis l’ère préindustrielle, de l’abondance des populations, par biome, par grande région (par exemple, l’Afrique australe) ou par grand écosystème (par exemple, les récifs coralliens). L’IIB ne doit pas être inférieur à 90 %. En 2015, la limite, appliquée à l’Afrique australe, est franchie (84 %).
Situation de la France
La liste rouge mondiale de l’UICN permet d’évaluer la responsabilité de la France dans la protection de la biodiversité mondiale. Au total, 9 800 des 96 951 espèces évaluées au niveau mondial sont présentes dans au moins un territoire français. L’outre-mer occupe une place importante avec 6 554 espèces. Parmi celles-ci, 1 364 sont éteintes ou menacées, soit 14 % (contre 28 % dans le monde). L’analyse par grand groupe taxonomique révèle que ce taux d’espèces éteintes ou menacées atteint 73 % chez les champignons, 29 % chez les plantes et 11 % chez les animaux. Certains territoires insulaires sont particulièrement concernés, notamment la Nouvelle-Calédonie avec un taux de 20 %, la Polynésie française (16 %) et La Réunion (11 %) ; en métropole, ce taux s’élève à 9 %. Le Tricholome à odeur de céleri (Tricholoma apium), la Violette de Cry (Viola cryana) ou encore l’Amazone de la Martinique (Amazona martinicana), constituent quelques exemples d’espèces qui aujourd’hui ont disparu ou sont en danger.