Climat

Les émissions françaises de gaz à effet de serre

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Entre 1990 et 2023, la France a diminué ses émissions de gaz à effet de serre de 31 %, hors gaz émis ou absorbés par les sols et les forêts. Pour être en ligne avec l’objectif d’atteindre la “neutralité carbone” d’ici 2050, la France doit poursuivre cette réduction et atteindre en 2030 -50 % par rapport à 1990. La diminution déjà observée résulte de la baisse significative des émissions des secteurs de l’industrie manufacturière et de l’industrie de l’énergie, tandis que celles des transports ont augmenté. Tour d’horizon de la situation à travers les objectifs de réduction des émissions, la contribution des activités humaines et des secteurs économiques, et les différents gaz en cause.

Quelles activités humaines émettent des gaz à effet de serre en France ?

5 sources principales pour les émissions d’origine humaine

Les émissions françaises de gaz à effet de serre (GES) proviennent de cinq sources différentes :

  • la combustion d’énergie fossile (pétrole et ses dérivés, gaz, charbon) pour les besoins des transports, du chauffage, de l’industrie de la transformation d’énergie et de l’industrie manufacturière. La combustion de produits fossiles émet principalement du dioxyde de carbone (CO2.).
  • l’agriculture (élevage et cultures) qui produit du méthane (CH4) via la digestion des ruminants et les effluents d’élevage, ainsi que du protoxyde d’azote (N2O) lié à l’utilisation de fertilisants azotés ; l’agriculture représente 71 % des émissions totales de méthane et 86 % des émissions totales de protoxyde d’azote.
  • les procédés industriels et les solvants sont à l’origine d’émissions :
    • de dioxyde de carbone émis notamment dans les industries produisant ciment, chaux, plâtre, terre cuite, céramiques, verre
    • de gaz fluorés résultant de l’utilisation de solvants, mousses et aérosols, d’émanations des systèmes de climatisation et de réfrigération, ou industrie des semi-conducteurs, industrie agro-alimentaire et mise en œuvre des chaînes du froid
  • le traitement et la valorisation des déchets sont à l’origine d’émissions :
    • de méthane lors de la dégradation de ces déchets (stockage, enfouissement, traitement des boues d’épuration)
    • de dioxyde de carbone lors de leur incinération
  • l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et les forêts (UTCATF) ce sont des flux de gaz à effet de serre, principalement du CO2, provenant des sols et de la forêt, qui emmagasinent ou émettent naturellement du carbone. Bien que d’origine naturelle, ces flux sont influencés par les activités humaines. Ces activités ont en effet des conséquences sur la croissance, la mortalité ou le prélèvement des arbres en forêt, la qualité des sols cultivés, ou encore la place laissée aux milieux naturels à cause de la déforestation, du boisement ou de l’ artificialisation des sols….

Inventaire national des émissions de gaz à effet de serre : de quoi parle-t-on ?

La France réalise chaque année un inventaire des gaz à effet de serre. Il permet d’estimer les quantités de gaz provenant du territoire national et de vérifier l’évolution des émissions du pays au regard de ses engagements internationaux ou nationaux. Il prend en compte l’ensemble des émissions liées aux activités humaines en France.

Dans cet inventaire on exclut par convention, du total national, les émissions de gaz à effet de serre liées :

  • au transport international aérien, maritime et fluvial (seules sont prises en compte les émissions des déplacements effectués entre deux ports ou aéroports localisés en France),
  • à la combustion de la biomasse, c’est-à-dire les matières organiques végétales, animales ou issues des déchets, utilisées pour produire de l’énergie

Le total des émissions nationales est « brut » lorsqu’il exclut l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie (UTCATF) ou « net » lorsque que ce secteur est inclus.

L’inventaire national des émissions de gaz à effet de serre est également différent de l’empreinte carbone de la France , qui est une estimation des gaz à effet de serre associée à la demande finale française. L’empreinte carbone exclut les émissions liées aux exportations et comprend celles liées aux importations.

Comment se répartissent les émissions en France en 2023 ?

Ce schéma détaille les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines en France en 2023, qui proviennent à : -* 34~% des transports, -* 20~% de l'agriculture, -* 17~% de l'industrie manufacturière et de la construction, -* 16~% de l'usage des bâtiments et des activités résidentielles/tertiaires, -* 9~% de l'industrie de l'énergie, -* 4~% du traitement centralisé des déchets.
Répartition sectiorielle des émissions de GES en France en 2023
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Ce schéma détaille les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines en France en 2023, qui proviennent à :

  • 34 % des transports,
  • 20 % de l’agriculture,
  • 17 % de l’industrie manufacturière et de la construction,
  • 16 % de l’usage des bâtiments et des activités résidentielles/tertiaires,
  • 9 % de l’industrie de l’énergie,
  • 4 % du traitement centralisé des déchets.

Objectifs de la France et évolution de ses émissions de gaz à effet de serre

Les engagements internationaux pris par la France pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre

En 1997, la France s’est engagée à stabiliser au niveau de 1990 ses émissions cumulées de 6 gaz à effet de serre dont le dioxyde de carbone et le méthane, sur la période 2008-2012. Fin 2012, la France a atteint cet objectif avec des émissions cumulées de ces gaz à effet de serre de 11 % inférieures à celles de 1990.

En 2015, les pays signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dont la France, se sont réunis lors de la COP21. A cette occasion, ils ont fixé comme objectif de ne pas dépasser 1,5 à 2 degrés d’augmentation de la température moyenne mondiale en 2100 par rapport à l’époque préindustrielle : c’est l’Accord de Paris. C’est important car même si en moyenne 1,5 ou 2 degrés cela semble peu, pour l’atmosphère cela veut dire beaucoup de changement en peu de temps, avec une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes sur toute la planète.

D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) des Nations-unies, la limitation du réchauffement à +1,5 degré implique de réduire les émissions mondiales de CO2 de 45 % en 2030 par rapport à 2010 et d’atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire l’équilibre entre les émissions et les absorptions de gaz à effet de serre en 2050.

Les objectifs nationaux de la France en matière de réduction d’émissions de GES

En lien avec ses engagements internationaux, la France s’est fixé l’objectif d’atteindre la « neutralité carbone » dès 2050. Cela implique une division par au moins six de ses émissions brutes de gaz à effet de serre par rapport à 1990.

Une stratégie française pour l’énergie et le climat a été adoptée pour parvenir à cet objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, tout en assurant l’adaptation de la société aux impacts du changement climatique.

Des objectifs quantitatifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été définis pour les 15 prochaines années : les budgets carbone. Ce sont des plafonds d’émissions à ne pas dépasser, exprimés en moyenne annuelle par période de cinq ans en millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 éq). Ils sont déclinés par secteurs d’activité et par gaz à effet de serre.

Budgets carbone à ne pas dépasser :

Émissions annuelles moyennes en Mt CO2 éq 2° Budget carbone(*) 3° Budget carbone(*) 4° Budget carbone(*)
2019-2023 2024-2028 2029-2033
Total (hors UTCATF) 420 357 299

(*) :
Source : décret no 2020-457 du 21 avril 2020 relatifs aux budgets carbone nationaux et à la stratégie nationale bas-carbone, ajustés techniquement en 2024 par le Haut Conseil du Climat.

La stratégie nationale, en cours d’élaboration, révisera sensiblement à la hausse les budgets carbone pour prend en compte l’objectif européen de réduction de 55 % des émissions brutes en 2030 par rapport à 1990.

Quelle évolution pour les émissions de gaz à effet de serre de la France ?

A la fin de la période 2015-2018, la France a dépassé le premier budget carbone (442 Mt CO2 éq) qu’elle s’était fixée avec une moyenne de 453 Mt CO2 éq par an. Les émissions moyennes annuelles de la période 2019 à 2023 ont été de 400 Mt CO2 éq, en dessous de l’objectif de budget carbone annuel moyen pour la période 2019-2023 (422 Mt CO2 éq).

Les émissions sont estimées pour 2023 à 373 millions de tonnes CO2. Cela représente une baisse de 31 % des émissions par rapport à 1990. En lien avec l’objectif européen de réduction des émissions d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990, la France s’est fixée un objectif de réduction de 50% des émissions à l’horizon 2030. Pour tenir cet objectif, il faudrait observer en sept ans une baisse de 4,5 % par an. C’est un rythme inférieur à celui observé en 2023 par rapport à 2022 (-5,8 %), mais un doublement du rythme annuel de baisse des émissions constaté depuis 2010. Il faudrait donc accélérer la baisse pour réaliser nos objectifs.

Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, les émissions de gaz à effet de serre en 2050 devront être compensées par les absorptions de gaz par les forêts et les terres ainsi que par le stockage et le captage technologique, technique encore expérimentale. On prévoit un stockage d’environ 67 Mt CO2 éq en 2050 par les forêts et les terres, ce qui semble assez difficile à atteindre.

Les émissions françaises par gaz à effet de serre

Quels sont les différents gaz à effet de serre et d’où proviennent-ils ?

Les gaz à effet de serre sont composés de :

  • dioxyde de carbone - CO2 (76 % des émissions nationales) issu de la combustion d’énergie fossile (pétrole, gaz, charbon) et des procédés industriels, tels que la production de ciment
  • méthane - CH4 (15 % des émissions) provenant de l’élevage et du traitement des déchets
  • protoxyde d’azote - N2O (7 % des émissions) issu des pratiques agricoles
  • gaz fluorés (3 % des émissions) utilisés notamment pour la climatisation et la réfrigération

Les émissions de CO2 en France

La quasi-totalité des activités humaines comme le chauffage, le transport, l’industrie, l’agriculture et les services, émettent du CO2, à cause de leur consommation d’énergies fossiles. En France, ces émissions ont diminué de 31 % entre 1990 et 2023. Cette évolution résulte :

  • du remplacement des consommations de charbon et de produits pétroliers par des consommations de gaz naturel et d’électricité dans l’industrie manufacturière, la production d’électricité ou les bâtiments
  • d’une plus grande efficacité des usages de l’énergie
  • d’une réduction de certaines activités émettrices comme la sidérurgie ou le raffinage

La hausse du trafic routier, malgré l’amélioration de l’efficacité des véhicules, n’a pas permis de réduire les émissions du transport contrairement aux autres secteurs.

Les émissions de méthane et de protoxyde d’azote en France

Entre 1990 et 2023, les émissions françaises de méthane et de protoxyde d’azote N2O ont baissé de 26 % et 52 %. La baisse des émissions de méthane est le résultat de la fin de l’exploitation des gisements de charbon, de ses usages et de la diminution du nombre de bovins. La diminution des émissions des émissions de protoxyde d’azote est liée aux efforts réalisés dans la chimie dans la production de certaines substances pour l’industrie manufacturière.

Le méthane est un puissant gaz à effet de serre à cause de son « potentiel de réchauffement global » élevé. Le potentiel de réchauffement global du méthane est 28 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone d’ici 100 ans. À l’horizon de 20 ans, c’est 81 fois plus. Cela montre l’importance à court terme des enjeux climatiques liés à l’alimentation en viande dans le monde.

Les émissions de gaz fluorés en France

En France, les émissions de gaz fluorés dans leur ensemble ont diminué de près de 16 % de 1990 à 2023. Certains gaz de cette famille, responsables de la destruction de la couche d’ozone, ont été interdits dans le cadre du Protocole de Montréal signé en 1987. En 2016 les accords de Kigali ont prévu d’en éliminer une autre catégorie d’ici 2047. Les émissions des autres familles de gaz fluorés ont diminué de 93 %, 79 % et 68 % depuis 1990.

Les émissions de gaz à effet de serre par secteur en France

Ce tableau présente la part de chaque secteur dans les émissions des principaux gaz à effet de serre, ainsi que l'évolution globale des émissions de ces gaz depuis 1990. Il montre notamment qu'avec 126,8~Mt CO<sub>2</sub> éq (dont 123,6 Mt de CO<sub>2</sub>), le secteur des transports est celui qui émet le plus en 2023, et le seul à n'avoir pas réduit ses émissions depuis 1990.
Emissions de GES en France en 2023
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Ce tableau présente la part de chaque secteur dans les émissions des principaux gaz à effet de serre, ainsi que l’évolution globale des émissions de ces gaz depuis 1990. Il montre notamment qu’avec 126,8 Mt CO2 éq (dont 123,6 Mt de CO2), le secteur des transports est celui qui émet le plus en 2023, et le seul à n’avoir pas réduit ses émissions depuis 1990.

Les émissions des différents secteurs en France

La baisse de 31 % des émissions françaises de gaz à effet de serre observée sur la période entre 1990 et 2023 est soutenue par les fortes réductions des émissions de l’industrie manufacturière et de l’industrie de l’énergie.

Cette infographie présente les émissions de gaz à effet de serre des différents secteurs en France en 2023 et leur évolution depuis 1990, tels que décrits dans les textes ci-dessous. Elle montre également les émissions négatives du secteur de l'UTCATF (utilisation des terres, changement d'affectation des terres et foresterie) , dont le stockage de carbone a augmenté de 13~% depuis 1990.
Quels sont les secteurs les plus émetteurs de GES en France ?
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Cette infographie présente les émissions de gaz à effet de serre des différents secteurs en France en 2023 et leur évolution depuis 1990, tels que décrits dans les textes ci-dessous. Elle montre également les émissions négatives du secteur de l’UTCATF (utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie) , dont le stockage de carbone a augmenté de 13 % depuis 1990.

Les transports, un tiers des émissions nationales de gaz à effet de serre

Le secteur des transports est le premier contributeur aux émissions nationales (34 % en 2023). Les voitures particulières représentent environ la moitié des émissions des transports, les poids lourds environ un quart et les véhicules utilitaires légers 15 %.

C’est le seul secteur dont les émissions sont en hausse de 3 % depuis 1990. Les émissions de CO2 par kilomètre parcouru ont pourtant diminué de 24 % entre 1990 et 2023, à cause de l’amélioration de l’efficacité énergétique des moteurs thermiques et de l’émergence des véhicules hybrides et électriques. Cependant, ces améliorations sont contrebalancées par la hausse de la circulation, l’alourdissement et le vieillissement des véhicules, ou l’augmentation des motorisations essence, qui produisent plus de CO2 que les diesels.

Le poids de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre

En 2023, l’agriculture émet 20 % des émissions nationales de gaz à effet de serre. Elle est le principal contributeur aux émissions nationales de protoxyde d’azote (86 %) et de méthane (71 %). Les rejets de protoxyde d’azote sont dus aux épandages d’engrais sur les sols pour leur fertilisation et aux déjections des animaux. Les rejets de méthane proviennent de l’élevage (59 % des émissions agricoles), principalement bovins. Depuis 1990, les émissions du secteur agricole français ont baissé de 18 %.

L’industrie manufacturière et la construction ont contribué fortement à la baisse des émissions

L’industrie manufacturière, la construction, et l’industrie agroalimentaire constituent 17 % des émissions nationales. Les émissions de ce secteur ont diminué de 54 % entre 1990 et 2023, contribuant pour 45 % à la baisse des émissions françaises sur cette période. Les réductions d’émissions peuvent provenir de l’amélioration des procédés, de gains d’efficacité énergétique ou de baisses d’activités.

Usage des bâtiments, industrie de l’énergie et traitement des déchets : des émissions également en baisse

Les émissions gaz à effet de serre des bâtiments représentent 16 % des émissions nationales en 2023. Les deux tiers issus des logements proviennent essentiellement des équipements de chauffage et de production d’eau chaude. Elles diminuent de 37 % depuis 1990 grâce à la rénovation thermique des logements et à la décarbonation de l’énergie. L’évolution de ces émissions est sensible aux fluctuations des prix de l’énergie et aux conditions climatiques en hiver.

L’industrie de l’énergie comprend la production d’électricité (41 % des émissions du secteur), la production de chaleur et le raffinage des combustibles fossiles (30 % des émissions). Les émissions de ce secteur ont fortement diminué depuis 1990 (- 55 %) du fait de la progression de la production d’électricité d’origine nucléaire et des énergies renouvelables En 2023, elles représentent 9 % du total des émissions françaises.

Le traitement des déchets, stockage, incinération, compostage, traitement des eaux usées, s’accompagne d’émissions, en particulier de méthane liées à la décomposition des matières organiques. Il contribue à 4 % des émissions nationales en 2023. Par rapport à 1990, il est en baisse de 7 %.

Ce graphique représente les évolutions de GES en France entre 1990 et 2023 par secteur d'activité.
Evolution des émissions de GES en France par secteur entre 1990 et 2023
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Ce graphique représente les évolutions de GES en France entre 1990 et 2023 par secteur d’activité

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