Biodiversité

Enjeux humains en zones de submersion marine et dans les secteurs en érosion

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Chiffres-clés 2021

1,5 million de personnes résidant dans les zones potentiellement inondables du fait des submersions marines

1,3 million de logements en métropole potentiellement concernés par l’aléa submersion marine

34 300 logements en métropole potentiellement concernés par l’aléa érosion côtière à l’horizon 2100

Le littoral français est fortement exposé aux risques liés aux submersions marines ou au recul du trait de côte du fait de la pression démographique dont il fait l’objet d’une part, et de la montée du niveau de la mer, conséquence directe du réchauffement climatique, d’autre part.

Enjeux humains liés aux submersions marines

Les territoires français pouvant être confrontés au phénomène de submersion marine couvrent 11 100 km2. Les communes littorales concentrent 66 % de ces territoires (soit 7 300 km2) dont plus de la moitié est située dans les départements des Bouche du Rhône, la Vendée, la Charente-Maritime et en Guyane.

Carte. Zones potentiellement exposées à l’aléa submersion marine

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Figure 3169

L’exposition de la population

Environ 1,5 million de personnes résident dans des zones potentiellement exposées à l’aléa inondation par submersion marine. 67 % d’entre elles habitent dans les communes littorales métropolitaines et 6 % dans les communes littorales ultramarines. Les 27% restants sont localisés dans des communes estuariennes, non soumis à la loi littorale, situées principalement sur les rivages de l’estuaire de la Gironde, de la Loire et de la Seine.

Carte. Nombre d’habitants permanents résidant dans les zones potentiellement confrontées à l’aléa submersion marine

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Figure 3170

Les communes littorales hébergent 8,7 millions des résidents permanents. Un habitant du littoral sur huit est exposé au risque inondation liée à l’aléa submersion marine, soit 13 % de la population du littoral.

Sur le littoral métropolitain, la façade Manche Est - Mer du Nord concentre le plus grand nombre d’habitants exposés (464 800) suivi de la façade Méditerranée (250 300). S’agissant des façades Nord Atlantique – Manche Ouest et Sud Atlantique, la part de leur population potentiellement exposée est respectivement de 12 et 17 %.

Figure. Population résidante des communes littorales, par façade littoral, potentiellement confrontées à l’aléa submersion marine

L’exposition des logements

En métropole, environ 620 000 maisons et 700 000 appartements pourraient être affectés par une inondation liée au phénomène de submersion marine. Les communes littorales de métropole concentrent 83 % de ces logements dont plus de la moitié se trouvent sur les façades Manche Est - Mer du Nord et Méditerranée.

Figure. Nombre de logements des communes littorales, par département, potentiellement exposés à l’aléa submersion marine

Enjeux humains liés à l’érosion côtière

Le littoral est un espace naturellement mobile, parfois en fort recul, sous l’effet de différents facteurs (continentaux, marins, atmosphériques, humains). L’interaction de ces facteurs se traduit par une évolution de la limite terre/mer très variable dans le temps et présentant de fortes disparités spatiales.

Sur les côtes françaises, le phénomène d’érosion côtière impacte un linéaire d’environ 920 km (760 km en métropole et 160 km en Outre-mer hors Guyane - Indicateur national de l’érosion côtière Cerema, MTE, 2018). Les zones en fort recul en métropole se concentrent dans les baies des Hauts-de-France, dans les havres du Contentin, en baie d’Audierne, sur la côte ouest d’Oléron, sur la côte sauvage et l’estuaire de Gironde, dans le nord du Médoc, autour du bassin d’Arcachon et en Camargue.

Carte. Mobilité du trait des côtes métropolitaines

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Figure 3171

Source : Évolution du trait de côte, Cerema et MTE 2017 ; Bd-Admin Express (IGN).
Traitements et publication : Cerema, 2018.

Suivant la méthode développée par le Cerema (voir méthodologie), près de 34 300 logements dont, 14 700 maisons et 19 600 appartements, pourraient être potentiellement menacés en métropole à l’échéance 2100 par cet aléa naturel (estimation faite selon le scénario le plus pessimiste correspondant à un recul de l’ensemble du linéaire naturel et un effacement de la totalité des ouvrages côtiers). 31 % de ces logements se trouvent sur la façade Sud Atlantique notamment dans les communes littorales des départements de Charente-Maritime et de la Gironde.

Figure. Nombre de logements, par départements littoraux, potentiellement confrontés à l’aléa érosion côtière à l’horizon 2100

Informations sur l’indicateur

Territoires retenus : Métropole (population et logements) et départements d’outre-mer (population uniquement)
Sources : Fichiers fonciers – DGFiP 2020 restructurés et enrichis par le Cerema sous la maîtrise d’ouvrage du Ministère de l’écologie (MTE/DGALN) ; Fideli - Insee 2017 ; EAIP submersion marine 2011 ; indicateur national de l’érosion côtière - Cerema/MTE 2018 ; étude prospective sur les enjeux atteints par le recul du trait de côte – Cerema, 2019.
Traitements : Cerema et CGDD/SDES, 2021-2022
Rédacteur : CGDD/SDES et Cerema
Mise à jour : tous les 5 ans
Date de rédaction : Avril 2022

Définitions

Par submersion marine, on entend une inondation temporaire de la zone côtière par la mer dans des conditions météorologiques et marégraphiques sévères. Ce phénomène brutal, résultat généralement de la conjonction de phénomènes extrêmes (dépression atmosphérique, vent, houle, pluie) et de forts coefficients de marée provoquant une importante surcote du niveau de la mer, survient quand le niveau de la mer dépasse la cote des ouvrages de protection ou des terrains en bord de mer, lorsque la mer crée des brèches et rompt les ouvrages ou les cordons naturels, ou quand des paquets de mer franchissent les barrages naturels ou artificiels suite au déferlement de vagues de taille importante.
L’érosion du littoral est un phénomène naturel qui se traduit par le recul de la position du rivage. Des bâtiments sont régulièrement atteints par la mer et de nombreux autres sont potentiellement exposés. Les effets liés au changement climatiques (hausse du niveau des mers, événements climatiques extrêmes : tempêtes, cyclones…) sont de nature à amplifier cette dynamique.

Méthodologie

Submersion marine

L’Évaluation Préliminaire des Risques d’Inondation (EPRI) apporte une vision homogène des risques à l’échelle de chaque district hydrographique, et permet d’identifier les territoires pour lesquels l’effort public sera porté en priorité pour réduire les conséquences négatives des inondations. En 2011, l’EPRI a défini deux enveloppes approchées des inondations potentielles (EAIP) : débordements de cours d’eau et submersions marines.

Les EAIP submersions marines agrègent trois types d’informations :
- La synthèse de l’ensemble de la connaissance cartographique (disponible en 2011) au format SIG concernant les zones inondables par submersions marines au sein des services de l’Etat (atlas des zones inondées, plan de prévention des risques naturels, submersions marines et assimilés, autres données locales : données historiques, études diverses...) ;
- L’étude de référence au niveau national « Vulnérabilité du Territoire National aux Risques Littoraux » (étude du Centre d’Etudes Techniques Maritimes et Fluviales -Cetmef), qui a cartographié les zones topographiques du littoral situées sous un niveau donné, constitué du niveau marin centennal auquel est ajouté 1 mètre pour la prise en compte des effets du changement climatique ;
- Des informations sur la géologie (couche des alluvions maritimes récentes) disponibles sur le littoral.

Les ouvrages de protection et les protections naturelles de zones basses (territoires littoraux dont l’altitude est inférieure aux niveaux atteints par la mer lors des conditions extrêmes, cordons dunaires par exemple) n’ont d’une manière générale pas été pris en considération. Toutefois, dans certaines parties aval des fleuves ou de leurs affluents, des barrages ou des écluses ont été édifiés pour soustraire ces cours d’eau aux intrusions marines et permettre une régulation des zones amont (soutien d’étiage, évacuation des crues continentales). Dans certains cas, ces ouvrages assurant une très forte protection sur des territoires situés en amont, ces territoires ont été soustraits de l’enveloppe.

L’impact du changement climatique a été pris en compte dans les résultats de l’étude Vulnérabilité du Territoire National aux Risques Littoraux, en considérant une rehausse du niveau de la mer d’un mètre pour l’ensemble des côtes, Outre-Mer et Méditerranée inclus, en cohérence avec l’hypothèse extrême du GIEC à l’horizon 2100.

Les enjeux humains, à savoir la population, le nombre des logements, potentiellement affectés par l’aléa submersions marines ont été estimés à partir des croisements géomatiques des emprises des aléas littoraux (EAIP submersion marine et effacement de l’ensemble des ouvrages à l’échéance 2100) avec la base des données Fideli (Fichiers démographiques d’origine fiscale sur les logements et les individus) de l’Insee et les Fichiers fonciers de la DGFiP restructurés et enrichis par le Cerema sous la maîtrise d’ouvrage du Ministère de l’écologie (MTE/DGALN).

Les Fichiers fonciers apportent de nombreuses informations attachées aux parcelles, notamment les caractéristiques des locaux présents. Un « local » est ainsi défini comme un ensemble de constructions qui, en raison de leur agencement, forment un ensemble immobilier homogène d’un même compte-propriétaire. Ces informations sur les locaux sont connues à l’échelle de la parcelle dans les Fichiers Fonciers, sans être rattachées à l’emprise des bâtiments (c’est aussi le cas dans la base FIDELI).
Dans les Fichiers fonciers, il faut faire la différence entre la forme du local et son occupation. Le parti pris dans cette étude, est d’exploiter le nombre de locaux ayant une forme de logement (maisons et appartements) et dont la surface de la parcelle affectée par l’aléa submersion marine est supérieure à 25 %.

Érosion côtière

Concernant l’aléa érosion côtière, le scénario retenu pour la présente étude, à savoir le scénario nommé S2C, considère un recul du trait de côte sur l’ensemble du linéaire naturel et l’effacement de l’ensemble des ouvrages (soit un recul derrière les ouvrages du même ordre que les secteurs naturels adjacents) à l’échéance 2100. Le scénario a été développé par le Cerema à partir de l’indicateur national de l’érosion côtière, et de l’étude prospective sur les enjeux atteints par le recul du trait de côte qui a estimé, au niveau national, les positions du trait de côte jusqu’en 2100 selon 6 scénarios combinant la tendance d’évolution du littoral et des hypothèses sur le comportement des ouvrages de protection littoraux. Le scénario S2C est par ailleurs en cohérence avec l’EAIP submersion marine qui surestime généralement les zones potentiellement inondées avec notamment la non-prise en compte des ouvrages de protection, ces derniers étant faillibles.

Les enjeux humains, à savoir le nombre des logements, potentiellement atteints par l’aléa recul du trait de côte ont été estimés à partir des croisements géomatiques des emprises des aléas littoraux (projections considérant un recul du trait de côte sur l’ensemble du linéaire naturel et effacement de l’ensemble des ouvrages à l’échéance 2100) avec les Fichiers fonciers de la DGFiP restructurés et enrichis par le Cerema sous la maîtrise d’ouvrage du Ministère de l’écologie (MTE/DGALN).

Les Fichiers fonciers apportent de nombreuses informations attachées aux parcelles, notamment les caractéristiques des locaux présents. Un « local » est ainsi défini comme un ensemble de constructions qui, en raison de leur agencement, forment un ensemble immobilier homogène d’un même compte-propriétaire. Ces informations sur les locaux sont connues à l’échelle de la parcelle dans les Fichiers Fonciers, sans être rattachées à l’emprise des bâtiments.

Dans les Fichiers fonciers, il faut faire la différence entre la forme du local et son occupation. Le parti pris dans cette étude est d’exploiter le nombre de locaux ayant une forme de logement (maisons et appartements) et dont la surface de la parcelle affectée par l’aléa recul du trait de côte est supérieure à 25 %.

Limites de l’étude

L’interprétation des résultats obtenues par l’estimation du recul du trait de côte est à mener avec précaution et doit tenir compte notamment des limites des projections de la position future du trait de côte dans « l’étude prospective » :

- Les taux d’évolution utilisés sont sujets à de nombreuses incertitudes liées notamment à leurs conditions de détermination. La caractérisation de l’évolution du trait de côte par un unique taux ne permet pas de prendre en considération d’éventuels changements de dynamique liés aux modifications de l’environnement côtier ;
- Les effets sur le recul du trait de côte de la hausse du niveau marin, associés au changement climatique, sont très mal caractérisés et font encore actuellement l’objet de nombreux travaux scientifiques. Ces effets ne sont donc pas pris en compte dans cette étude ;
- Les phénomènes d’envahissement permanent par la mer des zones basses induits par les effets de l’érosion sur des structures ou environnements littoraux (disparition de cordons dunaires ou d’autres points hauts au droit de zones basses littorales) ne sont également pas pris en compte ;
- Les hypothèses sur le comportement des ouvrages côtiers existants (maintien / disparition progressive / effacement) sont très schématiques et ne tiennent pas compte de leurs états. La construction de nouveaux aménagements n’est également pas considérée ;
- Les zones portuaires abritées par des jetées n’ont pas été étudiées dans le cadre de la cartographie de l’indicateur national de l’érosion côtière. La détermination des positions futures du trait de côte ne peut être menée dans ces secteurs particuliers, lesquels ne sont donc pas pris en compte dans cette étude.

Concernant l’aléa submersion marine, la méthode employée pour construire les EAIP a conduit à fusionner des sources d’information d’échelle et de précision variables. Elle génère des incertitudes qui peuvent être ponctuellement importantes (surestimation des emprises ou, au contraire, sous-estimation). Par ailleurs, les ouvrages de protection maritime et les protections naturelles (cordons dunaires par exemple) étant considérés comme transparents dans l’EAIP submersion marine, l’emprise obtenue peut être considérée, en première approximation, comme intégrant l’effet de la défaillance de ces ouvrages. Néanmoins, elle ne prend en compte ni les tsunamis, ni l’érosion du trait de côte en particulier sur les côtes rocheuses, qui peut entraîner d’autres types de risques.

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