Pourquoi le moustique tigre inquiète-t-il autant  ?

Mis à jour le | Commissariat Général au Développement Durable

Partager la page

Venu des zones tropicales d’Asie et vecteur de maladies infectieuses émergentes (dengue, chikungunya, zika…), le moustique tigre avance inexorablement et durablement sur l’ensemble du territoire français depuis 2004 et dans de nombreux pays européens au-delà du pourtour méditerranéen. Le changement climatique favorise sa progression.

Le moustique tigre se multiplie en France

Le moustique tigre (Aedes albopictus) est une espèce invasive. Limité par sa capacité de vol réduite à 150 mètres, il se répand pourtant très efficacement par le biais des transports de biens et de personnes et du réchauffement climatique. Repéré pour la première fois dans les Alpes maritimes en 2004, c’est une espèce anthropophile opportuniste (elle s’adapte aux lieux habités par les humains) qui prolifère dans les zones de concentration humaine et trouve des gîtes larvaires, récipients naturels ou artificiels d’eau stagnante de faible capacité, nécessaires au développement des larves, dans les environnements urbains, souvent en zone privée, jusqu’en Bretagne ou en Île-de-France. Depuis 2010, le nombre de départements métropolitains colonisés a été multiplié par 10, pour atteindre en 2023 le chiffre de 71 sur 96.

Le moustique tigre accroît le risque de maladies vectorielles

Au-delà de la nuisance qu’il suscite de mai à novembre, l’insecte pourrait véhiculer des maladies infectieuses encore rares en France, comme la dengue. Presque quatre milliards de personnes sur tous les continents sont exposées à cette maladie que l’Organisation mondiale de la santé considère comme l’une des dix menaces majeures pour la santé globale. Les cas importés en métropole augmentent avec les voyages : des voyageurs contaminés de retour de zones où elle est endémique constituent le point de départ d’épidémies.

En ce qui concerne le moustique tigre, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a mis en place un site de signalement du moustique tigre. Les zones aéroportuaires et les grands événements internationaux, points d’entrée d’insectes et de voyageurs, font l’objet d’une surveillance renforcée.

Le rôle du réchauffement climatique

L’augmentation des températures allonge la période d’activité du moustique tigre, étend vers le nord son aire de répartition, accélère son cycle de vie et écourte le délai avec lequel il devient infectieux pour l’homme lorsqu’il est porteur d’un agent pathogène. Les anophèles, vecteurs du paludisme, éradiqués il y a longtemps en France métropolitaine, pourraient de la même manière voir leur aire de répartition accrue par l’augmentation des températures en Amérique du Nord, mais la métropole n’est pas concernée par ce phénomène à ce jour.

Quelles solutions pour se prémunir au mieux de ces risques  ?

La lutte mécanique, qui consiste à faire régulièrement disparaître les lieux de ponte (éliminer les endroits où l’eau stagne, remplir de sable ou vider coupelles et arrosoirs de jardin, changer l’eau des plantes, vérifier l’écoulement des rigoles et gouttières, couvrir les réservoirs, entretenir les piscines) et à s’équiper de vêtements longs, amples et clairs et de moustiquaires reste le moyen le plus simple et le plus sûr de se protéger au quotidien. Elle nécessite une approche sociale et éducative.

Plusieurs autres techniques complémentaires sont mises en œuvre en France :

  • L’utilisation de répulsifs nécessite de bien respecter le mode d’emploi.
  • L’utilisation de bactéries produisant des toxines insecticides réduit la population de moustiques en éliminant les larves dans les lieux de ponte (eaux stagnantes). Cette méthode est utile, mais peut s’avérer insuffisante sur le moustique tigre plutôt présent près des habitations. Elle nécessite des traitements réguliers si les lieux de ponte ne sont pas correctement éliminés.
  • Les insecticides à base de deltaméthrine sont utilisés dans des contextes de risque sanitaire afin de conserver leur efficacité et de limiter leur impact sur l’environnement.
  • L’utilisation de pièges à dioxyde de carbone permet de diminuer la population de moustiques en attirant les femelles en recherche d’hôte, en simulant la respiration d’un être vivant et en les aspirant dans un filtre de capture.

Des techniques alternatives à ces méthodes – technique de l’insecte stérile ou de l’insecte incompatible sont à l’étude – ont fait l’objet d’expérimentations en France, notamment dans les territoires ultramarins. Elles visent à relâcher un grand nombre de mâles rendus stériles ou stérilisants en laboratoire afin qu’ils s’accouplent avec des femelles sauvages, empêchant ainsi la reproduction, ce qui permet de réduire les populations de moustiques sur le long terme. Elles peuvent également empêcher les moustiques de transmettre des maladies. L’efficacité et les conséquences sur les écosystèmes de ces techniques doivent être approfondies.

Mieux connaître le moustique tigre

Des travaux scientifiques sont parallèlement en cours pour surveiller et étudier les moustiques tigres présents dans les zones végétalisées des centres urbains, afin de mieux comprendre leur écologie, leur dangerosité pour les humains ou les types de végétaux par lesquels ils sont attirés pour éclairer l’action des collectivités locales dans l’indispensable renaturation des villes.

Illustration 3538 - Moustique tigre
Illustration 3538 - Moustique tigre

Ressources

Les dernières ressources

Vous pouvez également nous faire part de vos remarques sur notre formulaire de contact