Santé

La contamination des sols par les pesticides

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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L’exploitation agricole peut contaminer les sols de manière diffuse. L’utilisation prolongée de polluants organiques persistants est à l’origine de pollutions diffuses qui peuvent toucher une grande partie du territoire. C’est le cas des pesticides organochlorés comme le lindane ou la chlordécone.

La contamination des sols par le lindane en métropole

Le Lindane, considéré toxique pour l’homme et dangereux pour l’environnement, a été utilisé pendant plus de 50 ans comme insecticide en agriculture. Très peu mobile dans les sols, le lindane peut être évaporé et transporté dans l’air sous l’influence de la nature et du degré d’humidité des sols, ainsi que de son mode d’application. La nature du sol, le climat et la profondeur d’enfouissement du lindane agissent, par ailleurs, sur la durée nécessaire à sa dégradation dans le sol (jusqu’à plus de 40 ans).

Bien que son interdiction pour les usages agricoles en France date de 1998, des résidus subsistent dans les sols métropolitains. Les valeurs s’échelonnent entre 0,16 et 5 microgrammes par kilogramme (µg/kg) de sol. Les valeurs les plus élevées (plus de 2 µg/kg de sol) résultent d’un large usage du lindane comme insecticide dans les zones de culture intensive (Beauce, nord des Hauts-de-France), ou comme antiparasitaire dans les zones d’élevage intensif de volailles et de porcins (Bretagne).

Les sols bretons, riches en matière organique, ont ainsi fortement retenu le lindane épandu via les effluents d’élevage. À l’opposé, les valeurs les plus faibles s’observent dans les régions les plus boisées (Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d’Azur) et plus particulièrement dans les Landes de Gascogne où les sols sableux, acides et pauvres en matière organique retiennent peu le lindane.

La contamination des sols par la chlordécone aux Antilles

Aux Antilles, la pollution agricole chronique des sols et la contamination des eaux et des écosystèmes par la chlordécone résulte de son utilisation jusqu’en 1993 pour lutter contre un insecte ravageur, le charançon des bananiers (Cosmopolites sordidus). La molécule de chlordécone est classée comme polluant organique persistant et reconnue comme perturbateur endocrinien et cancérogène potentiel. La population antillaise peut y être exposée via l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés.

En moyenne, 30 g de chlordécone par pied de bananiers étaient appliqués annuellement entre 1971 et 1993. Peu mobile, peu soluble, très peu volatile, la chlordécone se fixe durablement sur la matière organique du sol et se dégrade extrêmement lentement dans les sols aérés. De nombreux facteurs (espèce, organe de la plante cultivée, niveau de pollution, type de sol et d’argiles, pratiques culturales, etc.) agissent sur la contamination des cultures. Celle-ci touche cependant principalement les racines et les tubercules et dans une moindre mesure la culture des cucurbitacées, laitues et alliacées.

Le risque de pollution par la chlordécone concerne plus d’un quart de la surface agricole utilisée en Guadeloupe (soit 14 200 ha) et deux cinquièmes en Martinique (soit 10 000 ha). Selon la simulation de l’évolution des teneurs en chlordécone, les sols argileux de la bande côtière (NITISOLS) ne devraient plus en contenir d’ici deux siècles, tandis que les sols volcaniques d’altitude (ANDOSOLS) seront encore très pollués.

Différentes mesures visent à réduire l’exposition de la population : traitement des eaux captées et distribuées par filtration au charbon actif (1999), encadrement de la culture de légumes racines (2002), interdiction de la pêche en rivière (2003-2004), délimitation de la pêche côtière (2008), définition de la limite maximale de résidu dans les aliments à 20 µg/kg de poids frais (2007), Plans triennaux nationaux d’action chlordécone (depuis 2008). Le plan chlordécone III (2014-2020) poursuit les actions engagées depuis 2008 selon quatre axes : élaborer une stratégie de développement durable, prévenir le risque sanitaire et protéger les populations en réduisant l’exposition, développer la recherche (santés humaine et animale ; environnement ; sciences humaines, économiques et sociales), accompagner les professionnels de la pêche et de l’agriculture dont l’activité est fortement impactée par cette pollution.

Des diagnostics des familles exposées et des sols potentiellement pollués (programme Jardins Familiaux) ont pour but de limiter l’exposition des populations consommant régulièrement des légumes racines de leurs jardins selon les teneurs en chlordécone des sols : moins de à 0,1 mg chlordécone /kg de sol sec (aucune restriction), plus de 0,1 mg/kg de sol sec (non recommandée : racines, tubercules), plus de 1 mg/kg de sol sec (fortement déconseillées sauf en hors-sol : légumes-racines, cucurbitacées, laitues, canne à sucre), aucune restriction quel que soit le niveau de pollution du sol (autres fruits et légumes).

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