Extraction sélective de matériaux en France et interactions avec le milieu marin
Mis à jour le | Commissariat général au développement durable
Partager la page
Les extractions de matériaux marins, représentent des enjeux économiques importants. Cependant, elles exercent des pressions physico-chimiques sur le milieu dépendantes des modalités et de l’intensité des exploitations. Ces pressions entraînent à leur tour des impacts sur les habitats et communautés marines, dépendant en partie de la sensibilité de ces habitats aux pressions générées.
Panorama général
À l’échelle nationale, l’industrie des granulats marins produit 7,5 millions de tonnes de matériaux par an. La somme des droits d’exploitation maximum autorisés chaque année pour les sites en cours d’exploitation a plus que doublé depuis 2011, elle est désormais de l’ordre de 23,7 millions de tonnes. Elle reste cependant en deçà des droits autorisés, les sites actuels représentant ainsi un fort potentiel de production.
Le dragage régulier des bassins portuaires et des chenaux de navigation est indispensable au maintien du trafic maritime. En 2011, 24,7 millions de tonnes de matières sèches ont été draguées en France, dont 3,5 millions de tonnes en Guyane. 75 % de ces sédiments proviennent des 7 grands ports maritimes de métropole, majoritairement des ports estuariens de Rouen, Nantes-Saint-Nazaire et Bordeaux.
Considérée comme une activité halieutique, l’exploitation en mer des algues du genre laminaire, Laminaria digitata et Laminaria hyperborea, est soumise à quota. La production est dominée par la pêche de L. digitata, avec 57 800 tonnes équivalent poids vif débarquées en 2013. Cependant, la production de L. hyperborea est en augmentation. Elle a atteint 23 000 tonnes cette même année. L’exploitation de ces macroalgues est concentrée sur les côtes bretonnes, essentiellement en mer d’Iroise.
En Méditerranée, l’exploitation du corail rouge, Corallium rubrum, est également considérée comme une activité halieutique et est réglementée. En 2013, 11 tonnes ont été débarquées pour la zone du golfe du Lion.
Ces activités induisent des pressions sur l’environnement marin :
- des pertes et dommages physiques, dont essentiellement des modifications topographiques ou de la composition du sédiment et de sa granulométrie ;
- des modifications chimiques du milieu, en particulier une augmentation de la turbidité ou le relargage dans la colonne d’eau de sels nutritifs ou de contaminants contenus dans les sédiments.
Ces pressions affectent la vie marine, notamment sur les communautés benthiques : destruction des organismes lors de l’extraction, perturbation de la photosynthèse, changement de la composition faunistique des communautés et de la structure démographique des populations exploitées… Ces effets peuvent se répercuter à l’échelle des réseaux trophiques voire des écosystèmes.
L’ampleur des pressions et impacts des activités d’extraction sur le milieu marin et la durabilité de ces effets dépendent beaucoup des caractéristiques écologiques initiales du site et des conditions de son exploitation (intensité, durée…).
L’extraction de matériaux d’origine minérale
L’extraction de granulats marins
Le terme granulats fait référence aux particules d’origine minérale dont la taille n’excède pas 80 mm. Les granulats marins extraits proviennent de fonds marins meubles (sables et graviers) situés entre 5 et 50 m de profondeur. Il s’agit de matériaux siliceux (sables ou graviers) ou calcaires (sables coquilliers [3]). Les granulats siliceux sont souvent d’origine alluvionnaire. Les sables calcaires ont une origine marine. Ils proviennent de dunes hydrauliques formées par les courants de marée où s’accumulent les coquilles et les squelettes calcaires des organismes marins morts.
À l’échelle nationale, l’industrie des granulats produit 394 millions de tonnes de granulats par an, dont un peu moins de 2 % sont d’origine marine (UNICEM, moyenne 2006-2013). Si la part que représentent les granulats marins au regard de la production nationale est faible, l’extraction de granulats en mer permet cependant d’alimenter de façon significative les secteurs économiques consommateurs de granulats des départements côtiers et des zones accessibles par voies navigables. Le nombre de demandes de titres miniers et d’autorisations d’exploitation de granulats marins, particulièrement de granulats siliceux, a augmenté ces dernières années. Toutefois, la volonté d’augmenter la part relative des granulats marins [4] à environ 5 % dans la production nationale de granulats est ralentie par la conjoncture économique et la production de granulats marins est en régression depuis 2009.
Les matériaux siliceux extraits sont principalement utilisés pour la fabrication de bétons et le rechargement de plages. Les matériaux calcaires sont essentiellement utilisés en Bretagne pour l’amendement des sols agricoles très généralement
acides.
L’extraction de granulats est encadrée par le code minier (décret n°2006-798), à l’exception des extractions dédiées au rechargement de plage qui ne sont soumises à aucune autorisation. Pour les extractions encadrées, le droit d’exploiter un site est acquis à l’issue d’un processus d’instruction.
[1] Le maërl, constitué d’accumulation d’algues calcaires rouges, était également extrait en France (en Bretagne) jusqu’à l’interdiction de son exploitation en septembre 2013 au titre de la protection d’un habitat remarquable. Il était utilisé notamment pour le traitement de l’eau potable et comme amendement calcaire en agriculture, ainsi que, dans une moindre mesure, en chirurgie osseuse.
[2] Les réserves potentielles en granulats marins exploitables sont estimées à 11 milliards de m3 sur les façades Manche et Atlantique (Ifremer et BRGM), soit approximativement 18,7 milliards de tonnes, en extrapolant à partir de l’estimation selon laquelle 1 m3 de matériaux siliceux pèse environ 1,7 tonne (Minéralinfo).
[3] Le maërl, constitué d’accumulation d’algues calcaires rouges, était également extrait en France (en Bretagne) jusqu’à l’interdiction de son exploitation en septembre 2013 au titre de la protection d’un habitat remarquable. Il était utilisé notamment pour le traitement de l’eau potable et comme amendement calcaire en agriculture, ainsi que, dans une moindre mesure, en chirurgie osseuse.
[4] Les réserves potentielles en granulats marins exploitables sont estimées à 11 milliards de m3 sur les façades Manche et Atlantique (Ifremer et BRGM), soit approximativement 18,7 milliards de tonnes, en extrapolant à partir de l’estimation selon laquelle 1 m3 de matériaux siliceux pèse environ 1,7 tonne (Minéralinfo).
Ressources
Milieu Marin France : Extraction des matériaux marins
Confrontés à un accès de plus en plus difficile aux gisements terrestres, les producteurs de granulats se sont tournés vers les gisements marins, qui possèdent les mêmes caractéristiques géologiques et représentent donc un parfait complément aux ressources terrestres.
Quelle évolution des sites humides emblématiques entre 2010 et 2020 ?
À l’interface des milieux terrestres et aquatiques, les milieux humides fournissent de multiples services. L’altération de leur état met en péril ces fonctions et la pérennité même de ce patrimoine naturel. La dernière évaluation nationale dresse un bilan mitigé de l’état global des sites humides emblématiques et révèle que 41 % des sites évalués en métropole et dans les Outremer ont vu leur état se dégrader entre 2010 et 2020.
Union nationale des industries de carrières et matériaux (UNICEM)
Fédération de syndicats représentant les industries extractives de minéraux ainsi que les fabricants de matériaux de construction (bétons, mortiers, plâtre…).
Union nationale des producteurs de granulats (UNPG)
Organisation professionnelle représentant l’ensemble de l’industrie qui extrait du granulat, c’est-à-dire du sable et des graviers, pour alimenter le secteur du bâtiment et des travaux publics.
Minéralinfo
Portail français des matières premières minérales primaires et secondaires non énergétiques.
Ifremer, données économiques maritimes françaises
Les « Données économiques maritimes françaises » publiées par l’Ifremer rassemblent un jeu d’indicateurs sectoriels visant à évaluer le poids économique des activités maritimes françaises, leur rôle dans l’économie nationale, leur place dans la concurrence internationale, ainsi que l’importance des services publics non marchands. La description des secteurs maritimes est effectuée à l’échelle nationale. Des indicateurs régionaux sont donnés sur les secteurs pour lesquels ils sont pertinents et disponibles. Par ailleurs nous nous efforçons de mieux prendre en compte la dimension européenne des activités maritimes.
Cerema, Enquête nationale sur les dragages des ports maritimes, 2017
Enquête réalisée chaque année par le Cerema et vise à exploiter l’ensemble des données relatives aux opérations de dragage sur l’année considérée.
Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins de Bretagne
Organisme professionnel
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Ouvrir l'horizon
- Comment économiser efficacement l’eau et l’énergie chez soi ?
- Changement climatique : une plateforme de Météo France pour se projeter en 2050
- Notre alimentation, c’est combien de gaz à effet de serre (GES) ?
- Mobilité : quelles aides en 2023 pour réduire nos émissions de CO2 ?
- Comment réussir son compost ?
- Une appli pour suivre les indicateurs du développement durable de son territoire
- Chiffres clés du climat – France, Europe et Monde – Édition 2023
- Nouvelles maladies infectieuses : quels liens avec les atteintes à la biodiversité ?
- Terres rares, aimants permanents : comment pourvoir aux besoins pour réussir la transition énergétique ?
- Limites planétaires
- Sports de nature : préservez l’environnement en partageant vos itinéraires !
- Comment jardiner en préservant la biodiversité ?