L’eau sous tension, surtout l’été
Mis à jour le | Commissariat Général au Développement Durable
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Entre 2015 et 2022, plus de la moitié des départements en France métropolitaine ont connu des restrictions d’eau chaque été. Ce phénomène devient de plus en plus fréquent, plus sévère et plus étendu. L’année 2022 a particulièrement marqué les esprits à cause de la sécheresse très intense.
Les réserves d’eau douce diminuent partout en France
Une baisse depuis 2002
En France métropolitaine, la quantité d’eau disponible change beaucoup selon les années, les saisons et les régions.
Elle dépend à 94 % des pluies. Les 6 % restants viennent des pays voisins.
En moyenne, 62 % de l’eau de pluie s’évapore dans l’air à cause d’un phénomène appelé « évapotranspiration ». Il ne reste donc que 38 % de cette eau comme ressource utilisable.
Le cycle naturel de l’eau

Ces dernières années, la quantité d’eau disponible diminue, principalement à cause de la hausse des températures, qui fait évaporer plus d’eau, de la baisse des précipitations, c’est-à-dire de pluie et de neige sous toutes leurs formes, et l’augmentation des sécheresses.
Entre les années 1990-2001 et 2002-2022, la ressource en eau a diminué de 14 %, surtout dans la moitié sud de la France.
En plus, la sécheresse des sols s’étend avec les années, ce qui veut dire que les plantes, ont moins d’eau disponible naturellement, y compris les cultures.

Tableau présentant les écarts entre les moyennes 1990-2001 et 2002-2022 pour la ressource en eau, du fait de l’évolution de la part provenant des précipitations et de celle arrivant des pays voisins. La première a baissé de 14 %, tandis que la seconde n’a pas changé.
- Pour la ressource en eau, le volume la moyenne 1990-2001 est de 229 ; le volume de la moyenne 2002-2022 est de 198 ; c’est à dire un écart en pourcentage de - 14 %.
- Pour la part provenant des précipitations, le volume la moyenne 1990-2001 est de 217 ; le volume de la moyenne 2002-2022 est de 186 ; c’est à dire un écart en pourcentage de - 14 %.
- Pour la part arrivant des pays voisins, le volume la moyenne 1990-2001 est de 12 ; le volume de la moyenne 2002-2022 est de 12 ; c’est à dire un écart en pourcentage de 0 %.
Une situation encore plus difficile en été
L’été, la pression sur l’eau est plus forte. À cette saison,
60 % de l’eau est consommée, notamment pour arroser les cultures. Mais en même temps, l’eau qui circule dans les rivières ne représente que 15 % du volume annuel en moyenne entre 2008 et 2021.
Des pénuries temporaires d’eau peuvent donc apparaître.
Répartition de l’apport d’eau douce renouvelable par saisons (moyenne 1990-2020 en France métropolitaine) (en %)

Graphique en camembert montrant la répartition de l’apport en eau douce renouvelable par saison hydrologique. L’été ne représente que 2 % de cet apport.
- En automne, de septembre à novembre, elle est de 41 %.
- En hiver, de décembre à février, elle est de 48 %.
- Au printemps, de mars à mai, elle est de 9 %.
- En été, de juin à août, elle est de 2 %.
Champ : France métropolitaine.
Source : Météo-France, Hydroportail. Traitements : SDES, 2023
Comment est utilisée l’eau douce en France ?
Les réserves d’eau se remplissent surtout entre l’automne et l’hiver, de septembre à mars), quand l’évaporation est moins forte. C’est la « saison de recharge », pendant laquelle l’eau de pluie alimente les nappes souterraines.
Au contraire, d’avril à août, il fait plus chaud et l’évaporation est plus importante. L’eau de pluie est alors en grande partie utilisée par la végétation ou s’évapore. C’est la « saison d’étiage », où les niveaux des rivières sont les plus bas.
En cas de pénurie : 4 niveaux de restrictions d’eau
À l’échelle nationale, il n’y a pas encore de pénurie chronique d’eau. Mais il peut y avoir des moments où l’accès à l’eau est plus compliqué. C’est pourquoi des discussions ont lieu localement pour ajuster les besoins. Quand une pénurie est attendue, le préfet peut décider de limiter certains usages de l’eau, qu’elle vienne des rivières, des lacs ou des nappes souterraines. Il existe 4 niveaux de restrictions, selon la gravité de la situation : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise. Au niveau « crise », des interdictions d’utiliser l’eau, partielles ou totales, sont mises en place, par exemple pour l’agriculture, pour préserver les usages essentiels comme l’eau potable, la santé ou la sécurité civile. Il peut être demandé aux populations de faire jusqu’à 50 % d’économies d’eau.
Comment les restrictions d’eau ont évolué au fil des années
Des restrictions décidées tous les étés
Chaque année, des limitations sont mises en place pour réduire l’utilisation de l’eau des rivières et des plans d’eau. Entre 2012 et 2022, les années 2017, 2019, 2020 et 2022 sont celles où ces restrictions ont été les plus fréquentes, les plus larges et les plus longues.
Par exemple, en 2019, elles ont touché 30 % du pays, et en 2022, 55 %. À l’inverse, 2014 a été l’année la moins concernée.
2022 : une année de sécheresse jamais vue
Entre 2012 et 2022, des restrictions ont été appliquées sur environ 30 % du territoire pour huit périodes différentes.
Elles ont généralement commencé entre mai et juillet, avec un maximum de sévérité en septembre.
Mais en 2022, la situation a été exceptionnelle :
- 97 % de la France métropolitaine a connu des restrictions sur l’usage de l’eau de surface, dont 55 % au niveau de crise ;
- 27 % du territoire a subi des restrictions sur l’usage de l’eau souterraine, dont 14 % au niveau de crise.
Pourquoi ? L’été 2022 a commencé avec des nappes d’eau souterraine déjà peu remplies, car les mois précédents, depuis l’automne 2021, ont été plus chauds et plus secs que la normale.
Au printemps, les sols étaient déjà très secs, ce qui a entraîné un besoin en irrigation plus tôt que d’habitude.
Un mois de juin pluvieux a permis de retarder un peu les premières restrictions.
Mais ensuite, la sécheresse, les vagues de chaleur et le manque de pluie ont fait exploser la demande en eau. Les restrictions ont donc été déclenchées à partir de fin juillet et ont continué même après l’été.
Ressources
VigiEau
Un outil pour s’informer en temps réel sur les restrictions d’eau en période de sécheresse.
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