Biodiversité

Les oiseaux communs de métropole

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Les oiseaux, et en particulier les oiseaux spécialistes (que l’on retrouve dans des habitats spécifiques tels que les champs, le bâti ou encore la forêt), sont de bons indicateurs de l’état de la biodiversité, du fait de leur position élevée dans les chaînes alimentaires. Le suivi des espèces d’oiseaux communs, via l’indice de suivi temporel des oiseaux communs (indice STOC), constitue l’un des outils pour comprendre les évolutions en cours de la biodiversité.

L’indice STOC, un outil de suivi des oiseaux communs

Opérationnel depuis 1989, l’indice de suivi temporel des oiseaux communs (indice STOC) met en évidence des tendances très différentes entre les espèces d’oiseaux. Ainsi, les tendances diffèrent suivant l’espèce (généraliste ou spécialiste) mais aussi selon son habitat spécifique (agricole, forestier, urbain) ou encore sa localisation géographique. Sur la période 1989-2021, le recul des espèces d’oiseaux spécialistes est fort (- 24 %) alors que les espèces généralistes augmentent en abondance (+ 19 %). Les effectifs des oiseaux spécialistes ont baissé au cours des années 90. Durant la dernière décennie, ils semblent se stabiliser pour les espèces des milieux forestiers, mais continuent de diminuer pour celles des milieux bâtis et agricoles. La dégradation ou la perte des habitats, les pratiques agricoles intensives ainsi que le changement climatique demeurent parmi les principales menaces auxquelles sont exposées les populations d’oiseaux.

Un appauvrissement de la diversité de l’avifaune française

L’indice STOC étudie les variations interannuelles de deux groupes d’oiseaux. Le groupe des oiseaux dits spécialistes dont la survie dépend de conditions environnementales particulières et qui se trouvent uniquement dans des habitats spécifiques (milieux agricoles, bâti, forêt) et le groupe des oiseaux dits généralistes qui supportent un grand nombre de conditions environnementales en prospérant dans des milieux variés et faisant usage d’une grande diversité de ressources. Sur la période 1989-2021, l’abondance des oiseaux spécialistes est en déclin avec une baisse des effectifs de 24 %.

Après s’être globalement accrue au début des années 2000, l’abondance des espèces généralistes (14 espèces concernées par l’indice STOC) chute significativement depuis 2012 (- 9 points sur la période 2012-2021). Elle demeure toutefois en augmentation sur la période 1989-2021 (+ 19 %).

Ces tendances favorisent une homogénéisation des communautés d’oiseaux et un appauvrissement des espèces à l’échelle métropolitaine. En effet, les espèces spécialistes d’un habitat ont des exigences écologiques plus strictes que les espèces généralistes et une gamme de conditions environnementales plus étroite. En cas de perturbations, ces espèces sont plus affectées que les espèces généralistes a priori plus tolérantes aux changements. Une baisse de l’abondance des populations spécialistes est ainsi le reflet d’une perturbation des habitats, qualitative ou quantitative, concernant, par exemple, une diminution des ressources alimentaires, une augmentation du dérangement ou une réduction de la disponibilité en sites de nidification.

Évolution de l’abondance des oiseaux communs spécialistes et des oiseaux généralistes métropolitains
Notes : L’indice est calculé en base 100 sur l’année 1989. Les évolutions des populations, affichées à droite (+ 19 % pour les espèces généralistes et - 24 % pour les espèces spécialistes), sont calculées à partir d’une régression linéaire sur la période 1989-2021. Sources : MNHN Cesco (Muséum national d’histoire naturelle, Centre d’écologie et de sciences de la conservation), 2023. Traitement : SDES, 2023
Courbes représentant l’évolution de l’abondance des espèces d’oiseaux communs généralistes et spécialistes en France métropolitaine entre 1989 et 2021.

Une évolution des populations d’oiseaux contrastée suivant les milieux

Sur la période 1989-2021, le recul des espèces d’oiseaux spécialistes est en moyenne de 24 %. Les effectifs des oiseaux suivis ont fortement baissé au cours des années 90. Durant la dernière décennie, ils semblent se stabiliser pour les espèces des milieux forestiers, mais continuent de diminuer pour celles des milieux bâtis et agricoles.

Avec une stabilité des espèces spécialistes des habitats forestiers (22 espèces concernées par l’indice STOC), les populations avicoles des milieux boisés sont celles qui déclinent le moins. Les espèces inféodées aux milieux agricoles (24 espèces concernées par l’indice STOC) et bâtis (13 espèces concernées par l’indice STOC) sont les plus fortement affectées, leurs populations chutant respectivement de 36 % et 33 % sur cette période.

Évolution de l’abondance des oiseaux communs spécialistes métropolitains
Notes : L’indice est calculé en base 100 sur l’année 1989. Les évolutions des populations, affichées à droite (- 2 % pour les espèces des milieux forestiers, - 33 % pour les espèces des milieux bâtis et - 36 % pour celles des milieux agricoles), sont calculées à partir d’une régression linéaire sur la période 1989-2021. Sources : MNHN Cesco (Muséum national d’histoire naturelle, Centre d’écologie et de sciences de la conservation), 2023. Traitement : SDES, 2023
Courbes représentant l’évolution de l’abondance des espèces d’oiseaux communs spécialistes comprenant celles des milieux forestiers, bâtis et agricoles en France métropolitaine entre 1989 et 2021.

D’autres dispositifs spécifiques de suivi qui confirment la tendance

D’autres déclinaisons de l’indice STOC-EPS viennent enrichir le protocole général sur des milieux particuliers. Cet indicateur est ainsi décliné en forêt domaniale avec l’indice STOC-ONF mais aussi en zones de montagne à plus de 1 800 m d’altitude avec l’indice STOM (suivi temporel des oiseaux de montagne). Ce dernier suivi, couplé avec le European Bird Cencus Council , vaste réseau de programmes de comptage d’oiseaux communs à l’échelle européenne (12 pays), a permis de mettre en évidence une diminution de l’abondance des populations d’oiseaux de montagne de 7 % sur cette dernière décennie. À l’inverse, il a été aussi en mesure de montrer le lien étroit entre la dynamique de certaines espèces de montagne et l’absence d’agriculture intensive (cas de l’Alouette des champs dont les populations déclinent en campagne alors qu’elles augmentent en montagne).

D’autres suivis plus spécifiques sont menés, par ailleurs : sur des sites particuliers (indice STOC-Site) ou encore en réserves naturelles (indice STOC-RNF). Le suivi de l’indice STOC réalisé en réserves naturelles de France (RNF) montre l’impact positif de la protection et de la gestion des milieux naturels sur les tendances d’évolution des populations d’oiseaux communs. Une étude menée en 2019 sur 94 réserves métropolitaines montre le rôle de sanctuaire de biodiversité qu’apporte un tel dispositif de protection : alors que les populations d’oiseaux communs baissaient en moyenne de 6,6 % sur le territoire métropolitain entre 2004 et 2018, elles augmentaient sur cette même période de 12,5 % dans les réserves naturelles.

Le mode de vie des espèces est aussi suivi avec un indice STOC dédié aux espèces hivernantes (SHOC : suivi hivernal des oiseaux communs). Les tendances des 87 espèces de ce dernier suivi viennent confirmer en grande partie celles observées par l’indice STOC. Sur ces espèces analysées, 13 espèces montrent une tendance significative à l’augmentation, 12 au déclin, et 62 ont des tendances incertaines. Les populations de Troglodyte mignon, d’Alouette des champs ou encore de Corbeau freux sont en déclin alors que celles du Pic épeiche et du Pigeon ramier qui augmentent en reproduction, augmentent également en hiver (confirmé par l’indice STOC et l’indice SHOC).

Méthodologie

L’indice STOC (aussi appelé indice STOC-EPS), un programme standardisé de suivi issu des sciences participatives

Depuis 1989, le programme STOC coordonné par le Centre d’écologie et de sciences de la conservation (Cesco) du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), assure un suivi standardisé des populations nicheuses d’oiseaux communs. Les relevés de terrain sont effectués par un réseau d’observateurs professionnels et amateurs qui est en charge de suivre, chaque année, les espèces présentes sur un territoire défini (maille : 2 km × 2 km tirée aléatoirement dans un rayon de 10 km autour de la commune de l’observateur). La méthode de l’échantillonnage ponctuel simple (EPS) est basée sur des points d’écoute. À ce jour, 154 espèces sont concernées par ce suivi. En 2021, 1 110 mailles ont été prospectées sur le territoire métropolitain. L’observateur identifie sur cette zone, 10 points de comptage homogènes et proportionnels aux habitats présents sur lesquels il réalise deux relevés au printemps (4 semaines d’intervalles entre chaque relevé effectué avant et après la date du 8 mai, le matin une heure après le lever du soleil afin d’éviter le chorus matinal des oiseaux ; durée du relevé : 5 min). Ces relevés, réalisés à chaque fois aux mêmes endroits, mêmes dates et avec les mêmes conditions météorologiques portent à la fois sur l’habitat et l’espèce contactée. Ils sont transmis par l’ornithologue via la plateforme Vigie-plume. Actuellement, 90 départements sont couverts par ce suivi.

À partir des informations transmises, le Cesco calcule des indices de l’évolution des populations de l’avifaune (73 espèces d’oiseaux communs identifiés). Parmi elles, citons par exemple l’Alouette des champs (Alauda arvensis, caractéristique des milieux agricoles), le Pic épeiche (Dendrocopos major, typique des milieux forestiers), le Moineau domestique (Passer domesticus, en milieu urbanisé) ou le Merle noir (Turdus merula, espèce généraliste). Les évolutions des populations sont calculées à partir d’une régression linéaire sur la période 1989-2021.

Par ailleurs, la contribution des différentes espèces aux indicateurs a été pondérée par leurs effectifs pour ne pas donner une importance disproportionnée aux espèces rares et une deuxième correction a été effectuée pour prendre en compte le cas des espèces grégaires (dont la distribution spatiale est très hétérogène).

EPOC & EPOC-Oiseaux de France (EPOC-ODF) : deux enquêtes nationales venant compléter le dispositif STOC

Afin de pallier aux difficultés d’évaluer la taille de la population des espèces d’oiseaux communs au niveau national et ainsi d’en estimer les tendances d’évolution, le MNHN et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ont développé une enquête nationale dès le printemps 2017 ciblant l’avifaune commune appelée EPOC : Estimation des Populations d’Oiseaux Communs. Bien que ressemblant fortement à l’indice de suivi temporel STOC-EPS, ce protocole ne se substitue pas à ce dernier mais le complète et le renforce. Il s’agit d’un programme de dénombrement des espèces qui s’appuie sur la réalisation de points d’écoute, rendant la collecte de données par listes complètes plus dynamique sur l’ensemble du territoire. Les observations sont dans la majeure partie du temps renseignées dans l’application mobile NaturaList ou sur le site VisioNature. L’EPOC-ODF est un suivi basé sur des points d’écoute menés dans le cadre du programme Oiseaux de France. Trois points d’écoute consécutifs de 5 minutes à l’occasion de passages printaniers (soit 9 relevés) sont menés. Ces points suivis qu’une année sont répartis de façon uniforme sur le territoire métropolitain.

Ressources

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