Vecteurs de maladies infectieuses
Mis à jour le | Commissariat général au développement durable
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Une propagation des vecteurs favorisée par une modification de l’aire de répartition des espèces à l’échelle planétaire
Qu’ils soient insectes ou acariens, les vecteurs de maladie transmettent de façon active des agents pathogènes d’un vertébré infecté (l’hôte) à un autre, en provoquant dans les populations humaines des maladies parasitaires (telle que le Paludisme), bactériennes (comme la borréliose de Lyme) ou encore virales (virus de la Dengue, du Chikungunya, du Zika, etc.). Ces maladies peuvent être strictement humaines ou être transmises de l’animal à l’homme et inversement (zoonoses). Le mécanisme de la transmission vectorielle se fait le plus souvent par piqûre mais aussi par déjection, voire par régurgitation du vecteur.
Sur le plan épidémiologique, trois éléments fondamentaux entrent en jeu dans le système vectoriel : l’agent infectieux, le vecteur et l’hôte. Tous trois, dépendants de l’environnement qui les entoure, peuvent être sensibles aux variations climatiques.
Dans un rapport, publié en 2017, l’OMS alerte les pouvoirs publics sur la nécessité d’agir face au risque d’exposition de la population mondiale, qui dépend à la fois de la zone géographique et climatique. Aujourd’hui, plus de 80 % de la population vit dans des zones où existe un risque de contracter une maladie comme le paludisme, la borréliose de Lyme, le virus de la dengue, du chikungunya, ou du zika.
La France n’est pas épargnée par les maladies à transmission vectorielle, aussi bien en métropole que dans les territoires ultramarins. En contribuant à modifier les zones de répartition des espèces d’insectes ou d’acariens, le changement climatique est susceptible d’influencer la transmission de ces maladies. Jusqu’alors épargnées, de nouvelles aires sont aujourd’hui concernées par l’implantation de vecteurs de maladie comme le moustique tigre (Aedes albopictus), créant un risque de transmission, voire d’épidémie de chikungunya et de dengue.
Selon une récente étude (2018) pilotée par l’université de Carnegie Mellon et le Mayo Clinic College of Medicine and Science, une hausse des températures de 2 °C pourrait également avoir des répercussions sur la propagation de la borréliose de Lyme aux États-Unis (+ 20 %) en augmentant la densité des tiques dans les années à venir.
Une exposition accrue des populations aux maladies à transmission vectorielle sur le territoire national
Paludisme lié au moustique Anophèle
Le paludisme, maladie parasitaire transmise par une femelle moustique du genre Anopheles, affecte près de 40 % de la population mondiale. Malgré une diminution de la mortalité depuis les années 2000 de près de 60 %, 500 millions de cas cliniques sont encore observés chaque année à l’échelle du globe, avec une recrudescence observée ces trois dernières années.
Bien que le paludisme y ait été éradiqué depuis des décennies, la France métropolitaine, du fait notamment des nombreux échanges commerciaux et non commerciaux, est, avec la Grande-Bretagne, le pays qui recense le plus grand nombre de cas importés de paludisme au monde. En 2017, le nombre total de cas de paludisme d’importation est estimé à environ 5 300. Selon Santé publique France, sur le territoire métropolitain 2 749 cas d’importation ont été déclarés cette même année au Centre national de référence du Paludisme soit une hausse de 12 % par rapport à 2016. Avec de fortes disparités régionales, les cas de paludisme sont rencontrés majoritairement en Île-de-France, en Pays-de-la-Loire et dans les régions du sud et sud-ouest de la France.
Le risque de paludisme est plus élevé en Outre-mer. Contrairement à la Guyane et à Mayotte où quelques cas autochtones sont recensés chaque année, aucun cas n’est rapporté dans les Antilles et à La Réunion. En revanche, une présence du moustique et des conditions environnementales favorables y font craindre le développement d’une transmission à partir de cas importés.
Actuellement, de nombreux chercheurs alertent les pouvoirs publics sur la nécessité d’anticiper une éventuelle arrivée de maladies vectorielles jusqu’alors cantonnées aux zones tropicales. Avec l’accroissement des températures, le champ d’action des moustiques, vecteurs du paludisme mais aussi du chikungunya, de la dengue et du zika, pourrait connaître une extension dans les prochaines décennies.
Chikungunya, dengue et Zika propagés par le moustique tigre
Cible de surveillance prioritaire des autorités sanitaires, le moustique tigre est susceptible de transmettre les virus responsables du chikungunya, de la dengue et du zika.
À l’échelle européenne, l’insecte est implanté sur une grande partie du pourtour méditerranéen, dans certains territoires limitrophes franco-allemands et à l’ouest de la mer Noire.
En Guadeloupe, Martinique et Guyane, le moustique Aedes aegypti est le principal vecteur de ces virus, alors qu’il cohabite avec le moustique tigre à Mayotte, comme sur l’île de La Réunion, où ce dernier est prédominant.
Identifié en France métropolitaine pour la première fois en 2004 dans les Alpes-Maritimes, Aedes albopictus, s’est progressivement implanté sur le territoire métropolitain, le long des axes routiers notamment. En 2018, le moustique est implanté dans 51 départements progressant depuis le sud vers le nord de la France. Cette dynamique s’est accélérée ces dernières années, notamment sous l’effet de l’augmentation du transport de marchandises et voyageurs. La hausse des températures due au réchauffement climatique peut avoir, par ailleurs, des répercussions sur les densités de vecteurs et leur capacité à transmettre le virus. En l’espace de 9 ans, l’insecte a envahi 45 départements, soit une progression annuelle moyenne de 31 %. Les territoires ultramarins où ce moustique est responsable d’épidémies régulières (notamment de dengue) sont, depuis de nombreuses années, concernés par cette propagation.
Coordonnée chaque année par Santé publique France (SPF), la surveillance renforcée saisonnière du chikungunya et de la dengue conduite par les Agences régionales de santé (ARS) permet de dresser une situation épidémiologique de chaque territoire. Le moustique est dorénavant installé et actif depuis 2018 dans 51 départements de métropole (parmi les plus septentrionaux la Seine-et-Marne, l’Essonne, la Côte-d’Or et la Nièvre). Dans les départements où il s’est implanté, le moustique est susceptible de transmettre la dengue et le chikungunya. Entre 2010 et 2018, onze épisodes de transmission autochtone ont ainsi été recensés en France métropolitaine, huit de dengue (22 cas au total) et trois de chikungunya (31 cas au total).

Borréliose de Lyme liée à la tique
Inoculée par une tique infestée (Ixodes ricinus) après que la larve se soit nourrie du sang de petits mammifères (souris, hérissons, etc.), la borréliose de Lyme est une maladie endémique dans la majorité des pays de l’hémisphère Nord et qui émerge actuellement dans de nouvelles régions du globe. Elle peut se manifester dans un premier temps par un halo rosâtre autour de la piqure et provoquer, dans de rares cas, des atteintes disséminées à plusieurs organes comme le système nerveux, le cœur mais aussi les articulations si le traitement approprié n’a pas été administré lors de la phase initiale.
Transmise par la bactérie Borrelia burgdorferi, la borréliose de Lyme est la maladie vectorielle la plus fréquente en Europe. Les pays d’Europe centrale et ceux bordant la mer Baltique semblent être les plus touchés. Il existe cependant des variabilités régionales importantes au sein de nombreux pays. Depuis les années 1980, les populations de tiques vectrices de la maladie semblent gagner des latitudes et des altitudes plus élevées en Europe, traduisant les effets du réchauffement climatique associé à d’autres facteurs. Il est probable que la borréliose de Lyme s’y étendra.
À l’inverse, les régions les plus au sud, soumises à des sécheresses plus fréquentes, pourront voir l’incidence de la maladie diminuer au moins momentanément. La maladie devrait disparaître dans les régions les plus chaudes et sèches.
En France métropolitaine, la borréliose de Lyme touche chaque année plusieurs dizaines de milliers de personnes. Sur la période 2009-2017, le Réseau Sentinelles estime le taux d’incidence annuel moyen de la maladie à 53 cas pour 100 000 habitants, avec une tendance plutôt à la hausse.

Sur le territoire métropolitain, la maladie de Lyme concerne plus largement les régions forestières froides et tempérées, car les conditions climatiques permettent la multiplication des tiques qui affectionnent les milieux ni trop froids, ni trop secs. Le taux d’incidence est ainsi très hétérogène suivant les régions. Ces dernières années, les zones plus touchées sont le Limousin, la Lorraine et l’Alsace notamment. Les territoires les moins affectés sont les Pays-de-la-Loire, la Basse-Normandie, le nord de la France et le Bassin méditerranéen, même si ces derniers n’en sont pas exempts.
Certaines tiques peuvent également provoquer d’autres maladies (encéphalite à tique, rickettsioses, anaplasmose granulocytaire humaine). Avec des hivers plus doux et moins d’humidité, une nouvelle espèce (Hyalomma marginatum) s’est installée dans le sud de la France. Celle-ci est susceptible d’inoculer chez l’humain et les animaux un virus qui provoque la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, maladie endémique des pays d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie et des Balkans et dont deux cas ont été rapportés pour la première fois en Espagne en 2016.

Les mesures de prévention
Il existe plusieurs moyens de prévention contre les infections vectorielles, reposant sur des méthodes de prévention individuelle telles que les méthodes de protection chimique (répulsifs cutanés ou imprégnation des vêtements), les méthodes de protections mécaniques (port de vêtements longs), la chimioprophylaxie contre le paludisme ou la vaccination contre l’encéphalite à tique ou la dengue.
Au niveau collectif, des techniques de lutte anti-vectorielle sont également mises en place afin de tenter de contrôler les populations de vecteur ou de limiter l’exposition des êtres humains. La surveillance des maladies vectorielles constitue un enjeu majeur de santé publique. Le contrôle des vecteurs mais également la mise en œuvre de stratégies de lutte et d’information efficaces s’avèrent être la réponse la plus appropriée pour protéger les populations les plus concernées par cette expansion.
Cet article est un extrait du focus Environnement et santé.
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