Climat

Pollens

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Le climat joue un rôle non négligeable sur la production de grains de pollen et les allergies qu’ils déclenchent. Les observations phénologiques permettent d’évaluer l’influence du changement climatique, non seulement sur la végétation et la biodiversité, mais aussi sur la santé humaine. La hausse observée de la quantité de pollens émis entraîne une augmentation de la prévalence des allergies. Dans les prochaines années, cette tendance due au changement climatique et à une production accrue de pollens devrait se poursuivre, voire s’amplifier.

Le changement climatique, un facteur d’accroissement des concentrations de pollens

Le grain de Pollens, élément reproducteur microscopique, produit par les étamines des plantes, est transporté par différents modes : eau (plantes hygrophiles), air (plantes anémophiles), insectes (plantes entomophiles). Retrouvés dans l’air, les pollens des plantes anémophiles (bouleau, charme, aulne, etc.) sont à l’origine de manifestations allergiques récurrentes en France.

Le Changement climatique peut entraîner une modification des aires de répartition de certaines espèces avec notamment un déplacement du Sud vers le Nord (olivier, frêne, chêne, etc.) mais aussi une extension en altitude et une régression de certaines d’entre elles. Il modifie, par ailleurs, la période de floraison et de pollinisation. La hausse des températures moyennes s’est accompagnée d’une avancée de la pollinisation des arbres de 4 à 6 semaines jusque vers les années 2003-2004. Depuis près de quinze ans, en raison de saisons plus contrastées (début d’automne et hiver plus doux et fin d’hiver plus froid), les analyses du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) mettent en évidence un retard sur la pollinisation.

En France, les allergies aux pollens ont été multipliées par trois en 25 ans. Les pollens de graminées y constituent une des premières sources d’allergie pour les populations, après les acariens. Plus de 20 % de la population française est allergique aux pollens. Ces allergies pourraient toucher la moitié de la population mondiale d’ici 10 ans. Les concentrations de pollens de certaines espèces à fort pouvoir allergisant, comme l’ambroisie, pourraient quadrupler d’ici 2050.

En Europe, le changement climatique et l’envahissement de nouveaux territoires par cette plante seraient responsables respectivement des deux tiers et du tiers de cette augmentation.

En France, le nombre de personnes allergiques à l’ambroisie pourrait passer de 3,2 millions aujourd’hui à 6 millions d’ici à 2050. D’autres facteurs aggravent également l’allergénicité des pollens, tels que la pollution urbaine. L’introduction d’arbres dans les villes (cyprès, bouleau, platane, etc.) et les activités anthropiques (qui peuvent favoriser l’expansion d’espèces invasives comme l’ambroisie), multiplient également les plantes émettrices de pollens allergisants, contribuant ainsi à l’augmentation des allergies respiratoires.

Une exposition croissante des populations aux pollens

Grâce aux mesures réalisées par le RNSA, un index pollinique basé sur les quantités de grains de pollens et leur pouvoir allergène est déterminé de façon hebdomadaire ; un bilan annuel est également dressé. Une augmentation des quantités de pollens est observée depuis plusieurs années, avec d’importantes variations liées aux conditions météorologiques. Cette hausse de l’index s’explique notamment par une plus forte densité de la végétation, et par des conditions météorologiques (fortes chaleurs persistantes, pluviométrie déficitaire) propices à une production accrue de pollens et à l’apparition de nouveaux pollens, comme l’ambroisie, dans certaines régions du territoire métropolitain.

Évolution de l’index pollinique annuel en France métropolitaine

Source : RNSA

L’évolution de l’index est corrélée à celles des bouleaux et de l’ambroisie, espèces au potentiel allergisant très élevé. Le bouleau, qui pollinise en mars-avril, libère de grandes quantités de pollens dans l’air. Une hausse de 20 % de cette concentration est observée, traduisant l’évolution des températures ces vingt dernières années.

La propagation de l’ambroisie, plante originaire d’Amérique du Nord, affecte l’ensemble du continent européen. Les territoires situés autour du 45ème parallèle, ainsi que certains pays européens comme la Hongrie, sont actuellement partiellement, voire totalement infestés. En France, les pollens d’ambroisie sont principalement présents en vallée du Rhône, dans le secteur de Nevers et en Charente.

Les pollinoses, principale conséquence sanitaire

L’index clinique, outil d’évaluation de l’impact sanitaire des pollens sur la population, permet de suivre au fil de la saison pollinique, l’existence de pollinoses (troubles liés au pollen), leur évolution, la fréquence et la gravité des symptômes associés. Cet index se fonde sur le nombre de patients venus en consultation, leur type de symptômes et leur sévérité. Depuis plusieurs années, cet index est stable contrairement à l’index pollinique, en constante progression.

En 2018, l’index clinique a été très faible en début de saison, du fait des conditions météorologiques hivernales de janvier et février. Il a ensuite augmenté rapidement, avec un pic en avril, du fait de la pollinisation des bouleaux. Cette tendance, bien supérieure aux deux années précédentes, traduit des concentrations records de pollens et de nombreuses pollinoses.

À partir de fin avril, la valeur de l’index a chuté en raison des conditions météorologiques beaucoup plus fraîches, avant de remonter fin mai-début-juin, avec un pic d’allergie lié aux graminées (situation similaire à 2017 et supérieure à celle de 2016). La diminution des symptômes courant juillet a été suivie durant les mois d’août et de septembre par des niveaux supérieurs à 2016 mais inférieurs à 2017, en lien avec les symptômes dus aux pollens d’ambroisie.

Évolution annuelle de l’index clinique en France métropolitaine, en période de pollinisation

Source : RNSA

Surveiller et informer pour prévenir les risques allergènes

Depuis près de vingt ans, la mise en place d’un réseau de polliniers sentinelles naturels permet d’observer les herbes et les arbres allergisants. L’objectif premier de ce réseau est d’effectuer des observations phénologiques (libération des pollens, suivi des dates de floraison des espèces allergisantes, précocité et durée des phases phénologiques en lien avec le changement climatique, analyse de la complémentarité avec le capteur pollinique, etc.). Cet objectif scientifique se double d’un objectif pédagogique qui se traduit par la formation et l’information du grand public. Afin de sensibiliser la population aux risques allergènes, le RNSA a développé une application mobile appelée « Alertes Pollens » qui permet à l’utilisateur de consulter les niveaux d’alerte en fonction de sa géolocalisation, de choisir les pollens qu’il souhaite suivre et de décrire ses symptômes pour pouvoir les comparer avec l’évolution des pollens dans l’air. Il est aussi possible de suivre les épisodes de pollution (PM10 et NO2) qui sont des facteurs aggravants pour les symptômes d’allergie aux pollens.

Cet article est un extrait du focus Environnement et santé.

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