Risques

Le classement des incidents et accidents nucléaires

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Les événements survenant dans les INB civiles et lors de transports de substances radioactives sont classés selon leur gravité sur l’échelle Ines (International Nuclear Event Scale). Créée en 1987 à la suite de l’accident de Tchernobyl, elle comprend 8 niveaux (de 0 à 7). Le niveau 7 correspond à un rejet radioactif ayant des effets néfastes sur la santé et sur l’environnement. L’accident survenu en 1986 sur le réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl et l’accident survenu en mars 2011 à la centrale de Fukushima Daiichi correspondent à ce niveau de classement.

La classification

Les accidents les plus graves survenus en France à ce jour sont de niveau 4. Il s’agit de la fusion de 50 kg d’uranium le 17 octobre 1969 à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux lors du chargement du cœur du réacteur A1 (réacteur uranium naturel graphite-gaz, dit UNGG, ancienne génération, aujourd’hui en cours de démantèlement). Un second événement de niveau 4 est survenu le 13 mars 1980, également à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, sur le réacteur A2 (réacteur UNGG également), conduisant à la fusion de deux assemblages de combustible, lors d’un problème de refroidissement du cœur. Ces événements n’ont pas entraîné de rejets radioactifs à l’extérieur du site.

Échelle INES et nombre d’évènement par niveau (2012 et 2016)
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Note : Différence entre le niveau 5 et le niveau 4 : niveau 5 = accident entraînant un risque hors du site ; niveau 4 = accident n’entraînant pas de risque important hors du site.

Source : d’après le Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France, 2012 et 2016

Traitement : SDES

Enseignements tirés de l’accident de Fukushima

Le 11 mars 2011, le Japon subissait le plus important séisme enregistré dans ce pays (niveau 9 sur l’échelle de Richter). Une heure après ce séisme, un tsunami touche 11 des 55 réacteurs nucléaires du Japon. L’accident sera classé au niveau 7 sur l’échelle INES. Les conséquences sociales et environnementales de cet accident sont importantes et la région située dans un rayon d’au moins 50 km de la centrale de Fukushima Daiichi est contaminée par des radioéléments de durée de vie longue. La population située dans un rayon de 20 km autour de la centrale a été évacuée.

En France, à la suite de cet accident, l’ASN a demandé aux exploitants nucléaires de procéder à une évaluation complémentaire de la sûreté de leurs installations en fonctionnement et en construction (réacteur EPR). Cette évaluation porte sur la capacité des installations nucléaires (voir Le risque nucléaire) à résister aux aléas naturels (séisme, inondation). Sur la base de ces évaluations, l’ASN a prescrit un ensemble de dispositions : renforcement des protections des installations contre les événements naturels, exigence de constitution d’un « noyau dur » d’équipements de sûreté à résistance renforcée, équipes de secours pouvant intervenir en quelques heures sur des installations accidentées (Force d’action rapide nucléaire). L’objectif de cette unité est de rétablir, à l’aide de moyens autonomes, l’alimentation en eau et électricité sous 24 heures, en tout temps et toutes circonstances, afin d’éviter la dégradation de la situation accidentelle.

L’IRSN a par ailleurs estimé le coût global d’un accident nucléaire en France. Celui-ci s’élèverait à 120 milliards d’euros en cas d’accident grave (fusion d’un cœur de réacteur de 900 MWe avec rejets contrôlés) et à 420 milliards d’euros en cas d’accident majeur (fusion d’un cœur de réacteur de 900 MWe avec rejets massifs). Ces calculs intègrent les coûts liés à la décontamination du site accidenté, les coûts socio-économiques dans les territoires contaminés, les pertes économiques dues à l’arrêt de production électrique, mais également les coûts d’image qui intègrent notamment la baisse de la fréquentation touristique. Comparativement, le coût de l’accident de l’usine AZF s’est élevé à 2 milliards d’euros.

Parallèlement, le Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire (CODIRPA), piloté de l’ASN, a publié en octobre 2012 des éléments de doctrine pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire. Ceux-ci précisent les actions à mettre en place pour gérer la situation post-accidentelle, pendant les premiers jours suivant les rejets radioactifs, les premiers mois (période de transition) et les premières années après l’accident (période de long terme). Cette démarche nouvelle en France doit être déclinée au niveau territorial et être poursuivie pour prendre en compte des accidents de plus grande ampleur, comme celui survenu au Japon.

Enfin, l’exploitation des installations nucléaires de base est conditionnée au respect des règles fondamentales de sûreté (RFS). Ces dispositions portent notamment sur la prise en compte du risque d’inondation et du risque sismique dans les installations nucléaires.

Répercussions post-accidentelles de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011)

L’IRSN a comparé les deux catastrophes nucléaires, toutes deux classées au niveau 7 de l’échelle INES, mais ayant eu des conséquences différentes. Les rejets de l’accident de Fukushima ont touché des surfaces terrestres moindres que lors de l’accident de Tchernobyl, grâce à des conditions météorologiques favorables et grâce au fait que le Japon est une île. L’accident du Japon a cependant conduit à une importante contamination du milieu marin. Pour ces deux accidents majeurs, les territoires affectés sont durablement contaminés, les conséquences économiques sont importantes et la vie des populations environnantes a été profondément bouleversée.

Comparaison des accidents de Tchernobyl et de Fukushima
Comparaison des accidents de Tchernobyl et de Fukushima
Tchernobyl Fukishima
Evènement 26 avril 1986 : Augmentation brutale et incontrôlée de la réaction nucléaire, multipliée par 100 en une fraction de seconde, entraînant l’explosion du cœur d’un réacteur et la destruction du bâtiment. Combustible dispersé autour de l’installation. 11 mars 2011 : Perte des alimentations électriques et du refroidissement, puis fusion du cœur de 3 réacteurs, fuites des enceintes libérant des produits radioactifs. Combustible fondu resté à l’intérieur des enceintes.
Rejets Rejets continus pendant 10 jours. Une quinzaine d’épisodes de rejets discontinus durant 2 semaines.
Dépôt des rejets Échelle continentale : ensemble de l’Europe à des degrés divers (13 000 km2 avec une contamination au césium 137 supérieur à 600 000 Bq/m2. Échelle régionale : jusqu’à 250 km autour de la centrale (600 km2) avec une contamination en césium 137 supérieur à 600 000 Bq/m2.
Évacuation des populations 270 000 personnes évacuées. Plus de 150 000 personnes évacuées.
Contamination des denrées Pas de restriction immédiate de consommation des denrées locales, puis interdiction des activités agricoles. Contrôle de la contamination des denrées et restrictions de commercialisation (progressivement en 2011).
Stratégie des installations Construction d’un sarcophage, dans l’attente d’une solution à long terme à définir. Refroidissement prolongé à l’eau. Projet de démantèlement en plusieurs étapes : sécurisation, retrait du combustible, etc.
Gestion des déchets Stockage sur place : tranchées creusées dans la zone d’exclusion. Stratégie encore indécise : entreposages provisoires.

Source : IRSN

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